Fool for Love | Tom E. Jedusor

Mai : Une Présence Réclamée

Sa cravate coulant au fil de ses pas, le préfet de Serpentard arpentait les couloirs à la recherche de la Gryffondor. Ils avaient un devoir en groupe à terminer pour la semaine suivante et la jeune femme restait introuvable. Pas qu'ils fussent en retard, non, ils étaient même relativement en avance, mais une once d'inquiétude avait pris place dans le cœur du jeune homme. Il avait passé son après-midi à la chercher, en vain. Il avait même demandé à sa petite sœur mais celle-ci ne savait pas non plus où son aînée pouvait se trouver. Il décida de s'arrêter un instant dans ses recherches pour récapituler les endroits explorés.

Il a fait le tour de leurs Salles Communes, elles étaient vides. Il a cherché dans la Grande Salle et a demandé aux professeurs présents, personne ne l'a vu. Il a même fini par passer les couloirs, salles vides et la bibliothèque au peigne fin, mais aucune trace de la jeune femme. Il passa une main distraite dans ses cheveux et ferma les yeux en essayant de trouver un dernier endroit où chercher.

Soudain, des éclats de voix surgirent non loin de lui. Il rouvrit ses orbes bleus et observa le groupe de Gryffondor arriver dans sa direction. Ses sourcils se froncèrent en reconnaissant l'une des silhouettes parmi les autres. « Sérieusement... » Il souffla doucement et s'approcha du groupe en silence, veillant à ne pas paraître insolent et intrusif lorsqu'il arriva devant eux.

Les jeunes femmes présentes lui lancèrent des regards aguicheurs, cherchant à attirer son attention sur l'une d'entre elles. « Excusez-moi mesdames, je dois vous emprunter votre amie ici présente. » Son sourire charmeur abattit toutes les autres alors qu'il attirait la jeune femme avec lui, peut-être un peu trop précipitamment.

« À voir ta tête j'ai oublié quelque chose. » Le regard d'assassin qu'il lui lança confirma ses soupçons, mais elle n'arrivait pas à savoir ce qui le tracassait.

« J'ai passé mon après-midi à te chercher partout pour qu'on puisse terminer le devoir de Potions. » Une lueur coupable passa dans le regard de la lionne alors qu'elle se souvenait de leur précédente discussion. Il était convenu qu'ils se retrouveraient à la bibliothèque pour terminer le devoir et faire ce qui leur chantait du reste du week-end.

Néanmoins, le cerveau de la jeune femme s'arrêta sur un détail ; il l'avait cherchée. Un sourire enjôleur prit place sur ses lèvres, elle s'accrocha au bras du noiraud et se pencha à son oreille pour lui chuchoter quelques mots. « Te serais-tu inquiété pour moi Tom ? » Un frisson parcourut son échine, il s'arrêta à un tournant de couloir et réfléchit à ses mots. Elle n'avait pas totalement tort, et ça l'agaçait. Il se contenta de lui prendre la main et la tirer – gentiment – vers la bibliothèque.

Assis respectivement sur leurs chaises, les deux sixièmes années terminaient leur devoir dans un silence olympien, ne communiquant seulement lorsque cela était nécessaire.

Le noiraud semblait néanmoins avoir l'esprit ailleurs, perturbé de la récente provocation de la jeune femme. Puis, quelque chose lui revint en mémoire. Quelque chose qui datait, mais qui le mettait mal à l'aise depuis un certain temps.

« Que penses-tu des sangs-mêlés ? »

Posée de but en blanc, la question laissa sa destinataire sans voix. Que voulait-il dire ?

Elle posa sa plume et croisa ses doigts sur la table avant de plonger ses yeux dans ceux de son vis-à-vis. « Tu demandes ça parce que tu en es un, n'est-ce pas ? » L'héritier détourna les yeux, pris sur le fait. « J'ai beau être une sang-pur, je me fiche complètement de ces histoires de sangs. Tu n'es pas un bon sorcier car tu as le sang noble, comme tu n'en es pas mauvais car tu as le sang impur. » Étonné, le sorcier perdit ses moyens et tenta vainement de se recentrer sur leur devoir.

Il écrivit quelques lignes avant de sentir de fins doigts se poser sur ses mains, le stoppant net. « Tu es un très bon sorcier Tom. Peut-être même le meilleur de notre promotion, alors oublie ces histoires de sangs. » Ce dernier sentit ses joues chauffer au compliment. Elle avait le don de faire réagir son corps avant son cerveau. « Pourtant, tu es uniquement entourée de sangs-purs. » Un rire discret franchit les lèvres de la Gryffondor alors qu'elle attrapait une main de son camarade, entrelaçait leurs doigts ensembles et gardait le contact visuel. « Celles-là ne sont attirées que par mon nom de famille. Et puis, actuellement je suis avec toi, et non avec elles. » Les yeux du Serpentard descendirent sur leurs mains enlacées, et à la grande surprise de l'étudiante, il posa la plume de son autre main et vint caresser du bout des doigts les marques violines présentes sur les phalanges de la pianiste.

« Tu ne m'as jamais dit pourquoi tu avais ce genre de marques sur les mains. Et je doute que ce soit le piano. » Les joues légèrement empourprées, elle lui sourit et répondit dune voix railleuse. « Tu continues de t'inquiéter pour moi Tom, comme c'est aimable de ta part. » Un sourire franc s'immisça sur les lèvres du noiraud, s'attendant clairement à une telle remarque de sa part. « Je dois avouer que oui, un peu. » Elle lui sourit tendrement avant de baisser les yeux sur leurs mains et de souffler doucement pour faire redescendre sa température corporelle. Par Merlin qu'il était séduisant avec les joues rouges. « Je m'occupe des cognards lors des matchs de Quidditch, c'est pour ça que je n'étais pas au rendez-vous tout à l'heure. Ils avaient avancé le début de la rencontre. » Une lueur d'agacement naquit dans les yeux bleus de Tom alors qu'il pressait gentiment ses doigts contre ceux de sa compagne. « Ça ne devrait pas être à toi de faire une chose pareille. » Cette fois, la belle sorcière laissa son rire s'échapper de ses lèvres, trouvant l'inquiétude de son vis-à-vis tout à fait adorable.

Elle se leva de sa place et vint se placer derrière lui. Leurs mains toujours enlacées, elle encadra ses épaules de ses bras et vint chuchoter dans son oreille avant d'embrasser sa joue et partir ranger le manuel de Potions dont ils n'ont plus besoin. « Merci de t'inquiéter monsieur muscle, mais je fais ça depuis ma première année. »

Une fois revenue à sa place, elle rangea ses affaires tranquillement, sous les yeux de braise de son vis-à-vis et quitta la bibliothèque en lui lançant un dernier sourire enjôleur.

Celui-ci soupira de son comportement mais sourit doucement en repensant aux réponses qu'elle lui avait fourni. Elle ne s'intéressait nullement aux histoires de sangs et c'était tout qui comptait.

Il baissa de nouveau les yeux vers son parchemin pour le relire avant de quitter la bibliothèque et fronça les sourcils en voyant un nouveau morceau jauni devant lui. Sachant de qui il s'agissait, il l'attrapa et le déplia rapidement avant de le lire et de s'empourprer violemment sur sa chaise.

Il s'estima heureux d'être complètement seul, dans un coin caché du reste des élèves.

AU PASSAGE, TU ESMIGNON QUAND TU ES GÊNÉ TOM.