Août : Une Correspondance Orpheline - partie II

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     Bonsoir Tom,

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     Bonsoir Tom,

     Si je t'envoie cette lettre, c'est pour m'excuser.

     Je sais que j'ai mal réagi à cause de mes sentiments. Je regrette sincèrement m'être emportée pour si peu dans la chambre. C'était une réaction digne d'une enfant de dix ans.

     J'aurai dû venir te voir directement après notre dispute au lieu de me cacher derrière ce bout de parchemin. Je suis une Gryffondor et pourtant, j'avais peur que tu me rejettes comme tu l'avais fait.

     Alors je n'ai rien dit et j'ai préféré t'ignorer en pensant idiotement que cela te calmerait. Je suis une idiote, je t'ai laissé tomber alors que j'avais promis que je t'aiderai pendant un an.

     J'imagine que je n'étais pas apte à me tenir à tes côtés.

     Je suis honteusement désolée d'avoir vainement usé de ton temps, je comprendrai si tu refuses de me parler à nouveau.

      Et j'ose imaginer que tu n'ouvriras sûrement jamais ces lettres alors j'ai pensé qu'en en envoyant plusieurs, tu finirais par en ouvrir une. Là encore, j'agis comme une enfant mais je voulais vraiment que mes excuses te parviennent d'une quelconque manière.

     Mis à part cela, j'espère que tu passes d'agréables vacances - même à l'orphelinat - et que tu accepteras mes excuses.

     PS : essaies de ne pas tuer la directrice, je n'ai pas envie de te couvrir dans toutes tes erreurs.


Nous nous reverrons sur le quai à Londres,
En espérant ne pas t'avoir mis en colère.
Signé, une Gryffondor un peu trop insistante pour être mature.


Ses mains tremblaient, son souffle se coupa, il n'arrivait à rien faire d'autre que relire ces quelques lignes qu'elle lui avait envoyé.

Toutes les lettres se ressemblaient mais elle arrivait à rajouter quelque chose de différent. Son ressenti, un reproche ou même une blague vaseuse ; il y avait toujours une part de sa personnalité qui ressortait en dépits des autres.


Après avoir reçu une dizaine de lettres au bout d'une seule semaine, Tom avait fini par céder et lire l'entièreté de ces parchemins inscrits à son nom. Et plus il les lisait, plus il se sentait coupable. Une partie de lui aurait presque préféré de lire des dizaines de reproches que des dizaines d'excuses. Après tout, il s'était déjà convaincu qu'il était le seul coupable de cette dispute. Il lui avait menti autant qu'il s'était menti à lui-même.

« Il reste une semaine et demi, soit onze jours, avant la rentrée... » Murmurant pour lui-même, le noiraud laissa son regard dériver vers l'unique lettre qu'il avait écrit pour elle. Il hésitait toujours à lui envoyer, bien qu'elle lui fut adressée, peu sûr que ces mots fussent les plus aptes à apaiser la situation.

Déposant les lettres dans une boîte en ferraille, ses mains passèrent ensuite nerveusement dans ses cheveux. Ces derniers temps, ses sentiments avaient tendance à le faire agir de manière étrange. La jeune femme hantait ses pensées de plus en plus couramment. Elle était présente dans ses rêves et semblait entêtée à lui faire revivre leur dispute inlassablement.

Tom n'était pas du genre à se remettre la faute d'ordinaire mais cette Gryffondor était spéciale. Ses lettres lui prouvaient sa sincérité et sa motivation à le faire sortir de ses sombres desseins. Et ce qui le gênait le plus était le fait qu'elle avait réussi jusqu'à présent. Malgré l'ouverture de la Chambre des Secrets en Juin, il n'avait envoyé le Basilicsur personne. Juste parce qu'il l'avait blessée. Parce qu'il s'était blessé lui-même.


Parfois, il avait l'impression de sentir l'unique larme qui avait coulé ce jour-là. Mais lorsqu'il touchait sa joue ; il n'y avait rien. Rien alors que son cœur ne souffrait que trop de cet incident. Il souffla doucement pour évacuer ses pensées néfastes et s'assit sur son lit enfermant les yeux. « Pourquoi envoyer une pauvre lettre est si difficile... » Son environnement disparut un instant, le laissant divaguer dans un futur qu'il souhaitait sien il y avait quelques mois. Un futur où il était le Maître du Mal, où rien ni personne ne lui serait supérieur... un futur qu'il ne voulait plus.

Un claquement le fit sursauter, il ouvrit les yeux et les dirigea vers la fenêtre de sa chambre. L'ombre d'un sourire apparut sur ses lèvres lorsqu'il reconnaissait la chouette effraie de la lionne sur son rebord de fenêtre.

Son corps se leva de lui-même alors qu'il accueillait le volatile silencieux sur son bureau, prenant délicatement cette nouvelle lettre adressée à son nom. Mais alors que l'oiseau blanc se préparait à repartir, habitué à un non-retour de courrier, le noiraud l'arrêta en lui tendant sa propre lettre. « Tiens, donne-la à ta maîtresse. Elle mérite des explications de ma part. » La chouette hulula joyeusement et repartit dans un silence majestueux, apporter cette lettre inattendue à sa dresseuse.

Tom referma la fenêtre derrière la correspondance et soupira doucement. Cette fois il ne pouvait pas revenir en arrière. Mais ses yeux se posèrent sur la lettre qui lui était adressée. Il s'assit à son bureau et l'ouvrit comme si c'était la dernière qu'il recevrait. Il parcourut les lignes doucement, ne voulant rater aucun mot, son cerveau analysant chaque phrase. « Ne cessera-t-elle jamais de s'excuser ? » Autant ses excuses lui faisaient mal au cœur, autant il se réjouissait légèrement de sa persévérance à vouloir renouer les liens avec lui. « Bon sang quelle idiote. C'est moi qui ai menti et tout gâché. »

Ses yeux se fermèrent de frustration, il aurait aimé qu'elle comprenne ses sentiments. Mais comment pouvait-elle les comprendre si lui-même ne savait où il en était ? Tout ça était nouveau pour lui. Il n'avait jamais expérimenté quoi que ce fut avec qui que ce fut. Et il n'aimait pas travailler pour rien.

« Elle va me rendre fou. » Se levant pour ranger toutes les lettres, le noiraud fut surpris en entendant des coups à sa porte. Il autorisa vaguement la personne à entrer, concentré sur son rangement.

« Tom ? Tu n'es pas venu manger, es-tu sûr que tu vas bien ? » La directrice était après lui depuis plusieurs jours car il mangeait de moins en moins. Mais il ne pouvait pas lui dire que c'était la faute d'une femme, elle le prendrait pour un faible. Il se contenta alors de hocher la tête en continuant de plier soigneusement les parchemins pour ne pas les abîmer. « Ce sont des lettres ? » L'intérêt soudain de cette vieille femme l'agaçait. Pourquoi souhaitait-elle savoir cela ? Ce n'étaient pas ses affaires.

Elle sembla prendre le silence de son vis-à-vis pour une réponse et continua son interrogatoire. « De qui viennent-elles ? » Le sorcier fronça les sourcils. Même s'il voulait lui répondre - ce qui n'était pas le cas - il ne savait quoi dire.

Comment pouvait-il désormais qualifier cette jeune Gryffondor ? Était-elle son amie ? Non... Elle était bien plus importante que ça. Peut-être était-il finalement amoureux. « C'est de la part d'une amie. Elles sont vieilles... » Mentant encore une fois pour éloigner la vieille directrice, le noiraud lui sourit hypocritement avant de terminer son mensonge. « Elle est décédée. »

Fool for Love | Tom E. JedusorWhere stories live. Discover now