Chapitre 1

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Andie

Sept cent trente jours.

Voilà deux années que je survis au jour le jour dans cette prison. Aujourd'hui, je vais pouvoir sortir de cette cage en béton. Assise sur mon lit, je frémis d'impatience. La grille de la cellule est ouverte, mais je n'en bouge pas, trop anxieuse. Il suffit qu'une détenue me cherche un peu trop et que je parte au quart de tour pour que ma sortie soit repoussée. Il en est hors de question. J'ai payé et je mérite ma liberté. J'ai le droit de commencer une nouvelle vie sans un regard vers le passé.

— Rieder !

Je sursaute et relève la tête. La plus nuisible des gardiennes de la prison me fait signe de la suivre. De manière générale, je n'ai jamais eu de problème avec leurs ordres, mais elle, je rêverais de pouvoir lui faire un sale coup.

Frustrée d'être tombée sur elle, je me lève et la talonne. Plusieurs filles m'observent avec attention, sachant très bien où je vais. Seules mes alliées me saluent avec un sourire discret. Elles n'ont pas couvert mes fesses pour mes beaux yeux, mais uniquement à cause de mon tatouage d'appartenance au gang Mamba, mais leur présence a permis d'éloigner ma solitude. Mon regard se baisse sur le serpent noir qui entoure mon poignet. Et dire que je ne rêve que d'une seule chose : l'effacer, quitte à devoir brûler mon épiderme.

L'amour nous force à faire de sacrées conneries.

— Tiens.

La gardienne me tend un sac en papier. Surprise, j'examine le contenu où je découvre ce que je portais à mon arrivée. Mes habits sont propres et pliés. Si ça se trouve, je m'en suis occupée sans m'en rendre compte à mes débuts à la laverie.

— Va te changer.

D'un signe du menton, elle m'indique une porte à côté du poste de contrôle. Sous sa surveillance, j'enlève mes habits et les laisse tomber au sol. Je ne veux rien emporter. Enfiler à nouveau mes vêtements me fait bizarre. J'ai l'impression de récupérer mon identité, de ne plus être une prisonnière parmi tant d'autres. C'est certain, je sors d'ici. Dans quelques minutes, je ne serai plus la détenue AR2016-3.

J'ouvre mon porte-monnaie qui ne contient qu'une trentaine de francs ainsi que mon permis et ma carte d'identité. Je ne vais pas aller bien loin avec ça, mais peut-être que malgré tout ce que j'ai fait, le seul homme de ma vie m'attend à l'extérieur.

Je l'espère tellement, papa.

Il y a mon natel déchargé et je souris en trouvant le collier de ma mère qui vient se placer autour de mon cou. L'arbre de vie se pose contre ma peau et, pendant un bref instant, il me semble à nouveau sentir son doux parfum et entendre sa voix.

­— Rieder, je n'ai pas toute la journée !

Je lève les yeux au plafond en lâchant un soupir et me dépêche de changer de chaussures, heureuse de retrouver mes baskets. Mes clés sont le dernier objet que je sors du sac et je les mets dans la poche de ma veste en jeans. Je quitte la pièce et me plante devant la gardienne.

— Tu crois que je vais ramasser les fringues à ta place ?

Je pince les lèvres, vais les chercher, puis les lui tends, pliées.

— T'as encore des bonnes manières à apprendre.

Calme. Calme. Calme.

— Laisse, je m'occupe d'elle.

Un sourire vient éclairer mon visage. Ma gardienne préférée s'approche de nous et je suis soulagée de terminer la procédure avec elle.

— Avec plaisir ! répond-elle, ravie.

Andie [Édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant