Chapitre 5

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Christopher


— Vous l'aurez compris, un ambulancier qui intervient sur une scène de crime doit appliquer un protocole particulier. Merci pour votre attention pendant cette session.

Ravi par ce cours aussi intéressant que les autres, je range mon ordinateur dans mon sac, puis me lève. Jamais je ne me lasserai d'apprendre le métier de mes rêves.

Dans le couloir, deux bras emprisonnent subtilement les miens, de chaque côté. Je soupire, agacé. Elles m'ont pris pour cible dès mon entrée à l'école, lorsqu'elles ont su qui j'étais, mais n'ont toujours pas compris que je ne suis pas intéressé. Ces femmes sont trop superficielles pour moi. Je pense qu'il est temps de mettre les choses au clair, car je ne le supporte plus. De toute façon à l'heure actuelle, si une personne balance tout à mon père, je gérerai.

— Qu'as-tu de prévu ? me demande Joanne.

Sa prise se referme sur mon biceps de manière possessive.

— Je rentre, marmonné-je.

— Oh, allez, viens boire un verre avec nous, me propose Karissa.

Cette dernière caresse mon avant-bras. J'ai l'impression d'être un morceau de viande. Brusquement, je m'arrête et me défais de leur prise.

— Trouvez un autre pigeon et arrêtez de me prendre pour un con, craché-je, énervé. J'en ai marre de vous deux, je ne suis pas un porte-monnaie ambulant !

— Chris ! me gronde la première, outrée.

— Bonne soirée.

Abasourdies, elles me regardent sortir du bâtiment. Enfin ! Pourquoi je n'ai pas fait ça plus tôt ? Bande de vipères assoiffées de fric. De plus, ce n'est pas comme si elles en manquaient. Fille d'avocat et de deux chirurgiens, pour la deuxième.

Je saute sur ma moto avec un grand sourire en enfilant mon casque, ravi de rouler en toute liberté. C'est mon principal moyen de locomotion. Je mets en route le bolide qui crache sa puissance et m'engage dans la circulation dense de Lausanne. Parfois, j'emprunte la voie des bus, espérant ne pas me faire chopper.

Arrivé chez moi, j'éteins le moteur au garage. Je laisse ma veste et mon casque sur la bécane, puis prends l'ascenseur pour monter dans ma chambre. Malheureusement, il ne s'arrête pas au deuxième étage de la maison, mais au rez-de-chaussée, à la demande de mon père qui m'attend de pied ferme quand les portes s'ouvrent. Une fraction de seconde, je m'inquiète de ma tenue, puis me rappelle que j'ai eu cours et que je suis habillé normalement.

Soulagé, je le regarde dans les yeux avec un faux sourire aussi sincère que possible. Malgré mon mètre huitante, il me dépasse de quelques centimètres. Nous avons les mêmes cheveux blonds, nos visages sont similaires et notre carrure identique. Aucun doute, je suis bien son fils. Il a beau avoir dépassé les soixante années, il reste un homme rempli de charme et d'autorité qui ne laissent pas insensible. La seule chose que je n'ai en commun ni avec lui ni avec ma mère sont mes yeux vairons, ma façon de voir les choses et mon rapport à l'argent.

Il veut que je devienne aussi connu que lui dans mon domaine, que je me tue au travail nuit et jour, que je récolte toute la gloire possible, mais je n'ai pas les mêmes ambitions et il va bientôt se prendre une sacrée claque. J'en jubile déjà. Il m'a si souvent formaté à son image que je ne souhaite qu'une chose : être libéré.

— Bonjour, fils.

— Bonjour, père.

— Ta journée s'est bien passée ? Tu as bien révisé ?

Andie [Édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant