Andie
Je trépigne d'impatience devant l'arrêt de bus que ma sœur doit prendre pour rentrer à la maison. Ce que je m'apprête à faire n'est sûrement pas des plus légal, mais tant pis. Nous avons besoin de nous retrouver et de passer un moment ensemble.
J'en ai besoin.
Soudain, elle apparaît, entourée de trois amies. La préadolescente s'est transformée en jeune femme pendant mes deux années d'absence. Elle est tellement mignonne. Sa jupe bordeaux, un peu trop courte à mon goût, lui arrive au milieu des cuisses et dévoile ses jambes fines recouvertes d'un collant noir. Elle porte toujours ses fidèles baskets, habitude qu'elle a prise de moi, et un top sobre avec une petite veste en jean.
J'adore.
Au fur et à mesure qu'elle s'approche, je ne peux pas cacher mon immense sourire. Ma jambe tressaute. Elles discutent entre elles, puis son regard croise le mien et elle se tait, gardant sa bouche grande ouverte.
Après une fraction de seconde, elle pousse un cri qui fait sursauter ses amies et se précipite dans mes bras. Elle arrive si fort contre mon corps que j'en perds l'équilibre. Je l'enlace tendrement et dépose une bise sur son front. Tori s'écarte en me souriant.
— Qu'est-ce que tu fais là ? Je suis super contente de te voir !
— Je t'enlève, ris-je.
— Oh, trop cool !
Elle se tourne vers ses amies et fait les présentations. Ces dernières ne m'ont jamais vue, mais je sais qu'elle leur a parlé de moi. Elle les salue et nous prenons la direction de l'appartement de Coline qui me l'a gentiment laissé, le temps de notre soirée entre sœurs.
— Tu... T'as moyen de...
— Faire en sorte que papa ne sache pas que je suis avec toi ?
Perspicace.
— On va dire ça, confirmé-je, honteuse.
— Bien sûr. Je vais lui raconter que je travaille sur un exposé avec Marine. Elle me couvre souvent, ça passera comme une lettre à la poste.
Tori se pince les lèvres en se rendant compte qu'elle vient de griller sa couverture.
— Souvent ? répété-je avec sévérité.
— Non, pas souvent. Genre... une fois par mois à tout casser ! Tu vois ?
Elle accompagne son mensonge d'un sourire angélique. Pourquoi a-t-elle une bouille aussi mignonne ?
— Mouais. Je vais laisser couler.
Pendant les quarante minutes de marche, elle reste agrippée à mon bras et me raconte comment se déroulent ses cours dans sa nouvelle école de commerce. L'agencement d'horaire lui permet de réserver de nombreuses heures à la musique, plus précisément au violon. Je ne me suis jamais lassée de l'entendre répéter dans la maison. Sauf au début où elle nous cassait les oreilles, mais ça n'a pas duré longtemps : elle a vite envahi notre cocon de délicieuses mélodies. Ma mère pouvait l'écouter des heures et des heures sans se lasser.
— Il y a bientôt un concert et je joue un solo, tu viendras me voir ?
— Je ne louperais ça pour rien au monde, confirmé-je, heureuse. Je suis si fière de toi ! En plus, t'as sûrement beaucoup progressé.
Ses joues rougissent, ses yeux pétillent. Nous entrons dans l'appartement et elle en fait rapidement le tour, puis me rejoint à la cuisine où j'installe le four à crêpe.
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Andie [Édité]
ActionAprès deux années en prison, Andie peut enfin sortir. Libre de devenir une nouvelle femme, elle n'a qu'un seul objectif : mener une vie équilibrée, loin du gang et de ses membres. Sa rencontre avec Christopher, un homme rangé et honnête, lui montre...