Prologue

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Je me regarda longuement devant le miroir. Que voyais-je ? Je me posais cette question depuis maintenant quinze minutes. Brune aux yeux marrons, je n'avais rien d'exceptionnelle. Ni trop maigre ni trop forte, j'étais dans la normale. Rien de plus banal. En apparence tout allait bien : j'avais des notes au dessus de la moyenne, je n'étais pas moche, une famille des amis. Il y a quelques mois j'aurais été d'accord avec vous,mais maintenant tout a bien changé. Ma soeur et moi vivons ensemble dans le Nord. J'ai 17ans et elle bientôt 15. Quand j'atteindrai mes 18 ans nous nous achèterons un bel appartement, mais pour le moment on se contente du petit logement de notre tante qui nous l'a céder il y a bien longtemps. Maintenant âgée de plus de 90 ans elle ne se souvient plus de son bien, la pauvre. Mon père et ma mère sont divorcés depuis deux ans. Ils ont pris la décision seuls sans nous demander notre avis. Ils avaient raison dans un sens mais ils nous l'ont annoncé si soudainement que tout a dérapé en quelques jours. Pour eux, le choix avait été facile : plus aucun des deux ne s'aimaient, ils ne se parlaient plus beaucoup et chacun de leur côtés fréquentaient déjà d'autres personnes. Ils sont restés en très bons termes mais nous...La famille a littéralement explosé a l'annonce de ce changement. Tout d'abord la maison appartenait à mes deux parents. Ils se sont mis d'accord pour qu'elle appartienne désormais à ma mère et que ce soit mon père qui déménage. Une semaine plus tard mon père n'était déjà plus la et la maison familiale restait étrangement vide et sans bruit. Depuis le jour de son départ je ne l'ai jamais revu, je sais qu'il a une femme et est papa depuis quelques jours a peine mais il n'a jamais essayé de nous contacter ma soeur et moi. Ma mère, elle, n'en ai pas sortit indemne. Certes, elle n'aimait plus mon père mais lorsqu'il est sortit de sa vie, ma mère n'a jamais cessé de regretter son choix. Elle qui n'a jamais travaillé et qui tout le long de sa vie s'est préoccupé de sa famille s'est retrouvé du jour au lendemain sans emploi, sans mari, sans revenu avec 2 ados à nourrir puisque son ex-conjoint avait bien précisé que la garde serait entièrement accordé à la mère. Au début elle s'en sortait bien, elle avait trouvé un petit emploi qui suffisait à boucler les fins de mois. Puis au bout d'un certain temps ma soeur et moi nous sommes retrouvés seules le soir, cuisinant notre repas. Notre mère rentrait tard dans la nuit, alcoolisée. Elle ne se réveillait que vers 18 heures le lendemain pour repartir 2 heures après, faire la tournée des bars. Nous l'aidions de toutes les façons possibles : on la déchargeait de beaucoup de taches telles que faire les courses, le ménage...Mais rien n'y faisait. Elle était définitivement tombée en dépression et buvait, buvait jusqu'à ce qu'elle oublie. Je faisais comme si je n'étais plus sa fille pour ne pas en souffrir aussi, car moi aussi j'aurais bien pu faire comme elle et m'effondrer, faire ma lâche, et oublier qui j'étais, mais non. Je ne suis pas lâche, et je ne laisserais jamais tomber ma soeur. Elle n'aurait jamais du vu vivre ça dans sa vie. Malheureusement , toute cette partie de son enfance est intégrée dans sa mémoire et le restera sans doute pour toute sa vie. Pour moi aussi d'ailleurs mais j'essaye de l'oublier, de passer à autre chose maintenant. Mais j'ai beau essayer de tourner la page, je n'y parviens pas. J'ai l'impression de vivre constamment enfermée dans une petite boite et de ne jamais pouvoir en sortir.

Dans 2 jours les cours reprennent. Ma soeur ira au collège tandis que moi je rejoindrai mon lycée... Là bas je m'y sens bien, je me sens libre. Il y a mes amies qui ne savent absolument rien de ce qui s'est passé il y a 2 ans déjà. Personne ne le sait a part nous 3 : moi, ma soeur et ma mère.

C'était le soir, quand ma mère est rentré de sa tournée des bars. Pour une fois elle est rentré assez tôt, vers 23h. Elle était terriblement alcoolisée et s'est assise dans le canapé. Elle ne parlait pas, pour ne pas changer. Je la regardais de côté pendant une dizaine de minutes et subitement elle s'est levée et m'a giflé.

"Ça c'est pour regarder la télé trop tard le soir." Elle me gifla une deuxième fois. "Ça c'est pour ne pas avoir pris soin de moi." Elle me gifla une troisième fois." Et ça c'est parce que j'en ai toujours rêver."

Ma soeur ayant entendu pas mal de bruit est venue voir ce qui se passait et sans savoir pourquoi elle se fit elle aussi gifler. Ma mère continuait de nous gifler à tour de rôle. D'un signe discret je dis a ma soeur d'aller dans sa chambre pour ne pas continuer a subir la violence soudaine de ma mère. C'est ce qu'elle fit quelques minutes plus tard. Je préférais encaisser les coups moi même plutôt que de voir souffrir ma soeur. Ma mère se dirigea à pas lents vers moi.

"Alors t'as peur hein, ma petite conne de fille. Tu n'as jamais réussis a faire quelque chose de ta vie, tu le vois bien par toi même ! Nous sommes pratiquement à la rue a cause de toi. Je savais que j'aurais du te laisser crever dès ta naissance, tu nous aurais bien rendu service en faisant ça. Mais non ! Il a fallut que tu fasses chier le monde en faisant partir ton père et en l'enlevant à moi et à ta soeur...Tu n'es qu'une sale enfant égoïste." Elle se rapprochait de plus en plus et je sentais la rage bouillonner en moi. La rage que je refoulais à chaque fois que je la voyais bourrée. Si elle allait frapper, je n'hésiterai pas à me défendre. Et elle le fit ! Elle me donna un bon coup de poing dans ma mâchoire. Je sentais le goût âcre du sang qui dégoulinant de ma bouche. Ma mère rigolait. Cette pute rigolait. Sans que je m'en rende vraiment compte, ma main aggripa le vase en verre remplit de fleur et l'envoya sur ma mère. Celle-ci se tordit de douleur sous le fracas du verre contre son abdomen. Le sang coulait, éclaboussant le sol et les murs. Je voyais ma soeur au fond de la cuisine regardant le salon, des larmes glissant lentement sur ses joues. Je courus la consoler et je la vis, la raison pour laquelle elle pleurait à chaudes larmes. Ma mère, allongé sur le tapis du salon rougit par le sang. Morte.

My end on the Golden Gate (Magcon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant