Toxic Love : We're just friends !

16) D'amis à...

L'air désorienté, je retrouve la demeure qui m'accueille et constate que l'ambiance s'est largement détendue, repartant à la fête alors que mon ami a cédé face à la provocation. La rancoeur s'exprime aussitôt dans mon regard, avec une envie de réponses et de vengeance. Je fustige silencieusement Hunter pour être à l'origine d'un désaccord dont j'ignore encore les termes, mais il m'est impossible de lui demander des comptes avec Lise qui ne cesse de veiller sur sa proie.
Dans un élan qui le détourne de l'agitation, Jake me cherche pour m'inviter à le rejoindre. L'idée même de côtoyer sa poupée gonflable à proximité ne m'enchantant guère, je passe outre sa requête et prends le temps de me confectionner de quoi grignoter, la cuisine étant libérée.
Mes pensées s'envolent aussitôt vers ces jours passés, avec le regret de trouver la réalité amère. L'environnement de mauvais goût est ce que je reproche à mon meilleur ami, particulièrement ce soir. J'engloutis ce que je prépare en faisant le moins de mimiques possible afin qu'ils ne devinent pas l'agacement que je nourris et ressasse, quand Jake tente une approche.

— T'as pu raisonner ton pote ? J'ai rien compris à son pétage de câble.
— Tu peux comprendre qu'il sature avec l'humour et les provocations d'Hunter.
— Là, il n'a rien fait. C'est lui qui a démarré au quart de tour. Avant que vous arriviez, on parlait des copines de fac de Whitney, qu'elle comptait inviter aux prochaines soirées.
— Donc c'est normal pour toi de visualiser la chatte d'une meuf avant de lui tendre la main ?

Son sourire est l'arme qu'il sort lorsqu'il se sait en position de faiblesse et en tort. Cependant, si j'ai très souvent accepté de le laisser s'en sortir, je ne digère toujours pas la facilité avec laquelle il oublie ses conquêtes d'un soir, surtout lorsque je fais partie des sottes qui ont ouvert les cuisses.

— T'es jalouse ?
— Jake... Ne prends pas cela pour de la condescendance, mais je pense me situer un peu plus au-dessus de ta fausse blonde écervelée.

Et s'il ne me contredit guère, c'est qu'il admet s'entourer de jeunes femmes se déshabillant facilement. En revanche, rien ne m'assure de ma position à ses yeux.
La concernée s'évertue à m'agacer prodigieusement en décidant de s'imposer dans notre discussion puisqu'elle enlace sans retenue le grand brun qui s'amuse à picorer ma nourriture.

— Tu reviens sur le canapé ? nous coupe-t-elle.
— Je parle.

L'intonation qu'il lui adresse tranche avec l'esprit jovial qu'il m'accorde. Je le sens s'impatienter devant les embrassades qu'elle lui impose, si bien qu'il finit par l'écarter, sous prétexte de s'étirer le dos. Le message n'est pas assez clair puisque Whitney reste à proximité pour suivre notre conversation alors qu'elle n'y est pas conviée et empêche toute confession profonde.

— Tu t'es rapproché de lui ? Il s'est passé ce que j'avais prévu ? me questionne mon meilleur ami sous les yeux de la curieuse intrusive.
— Si tu avais la moindre idée de ce qui s'y est passé. Je remarque surtout que je n'avais fait aucun pronostic à ton sujet, mais visiblement, tu t'es amusé.

La vérité lui tire une grimace, cependant la présence de sa groupe ne lui permet pas une honnêteté totale.
Jake privilégie les femmes détachées et indépendantes, comme Lise, qui ne se focalise pas sur une seule queue, mais sur le plaisir qu'elle leur apporte. La complicité et longévité dans cette relation sans engagement est possible grâce à un accord tacite qui empêche toute crise de jalousie, comme je peux bien en offrir. Ma simple remise en question me fait prendre conscience du poids des conseils de Caleb que je me dois d'appliquer.
Se sentant pousser des ailes, Whitney frotte sa joue sur la manche de Jake, ce qui achève de l'énerver lorsqu'il se rend compte du fond de teint qui se transfère.

— On n'a pas été très sages. Je dirais même vilains.
— Ouai, ouai, marmonne celui qui frotte énergiquement le tissu.
— Jake m'a répété un nombre incalculable de fois que j'étais le meilleur coup de sa vie.