11) Sous le drap

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Jake

Les accusations qu'elles portent sont si efficaces que je reste prostré dans le couloir, le temps qu'elle se réfugie dans la chambre. Ma salive reste coincée dans cette gorge, trop serrée pour oser laisser échapper des mensonges.
Suis-je un connard ? Je le crains.
Ai-je embrassé une autre fille ce soir ? Malheureusement.
J'ignore les raisons qui m'ont poussé à laisser Whitney s'installer sur mes cuisses pendant la soirée alors que nous nous détendions tous autour d'un verre. Je souhaitais reprendre mes habitudes et mes travers, afin qu'Hunter cesse de me provoquer, mais je n'ai pas pu m'y résoudre. Une erreur d'appel m'a permis de faire croire à un problème à la maison. Ainsi, je suis rentré plus tôt que prévu et ne m'attendais pas à voir ce vendeur de slips dans mon canapé.
Harrison Styx.
Rien n'explique son retour dans ma villa alors que je lui avais expressément dit de déguerpir, la veille. Peut-être a-t-il besoin d'un éclaircissement avec mes phalanges pour comprendre que Lili est chasse gardée ? Car je suis conscient d'être un putain d'enculé qui ressent le besoin d'éloigner tous les mecs de ma meilleure amie.

Reclus dans ce sofa qui comporte une odeur masculine autre que la mienne, je me repasse ses accusations et concentre mes pensées sur sa dernière révélation. Harrison a eu deux occasions de l'embrasser, voire plus, mais Lili a cette fois-ci refusé. J'aime à penser qu'elle veut faire de lui son nouveau compagnon à deux pattes et une bite, comme Caleb, et rien de plus.
Plus j'y pense et plus je me convaincs qu'elle me l'a avoué pour me rassurer. Oublier mes actes reprochables ne me demande pas trop d'efforts et je me mets à frotter cette table basse en tentant d'épousseter le moindre poil qu'aurait pu laisser cet adepte de la glisse. Toutefois, ma maniaquerie ne m'aide pas à me détendre et l'idée de passer une nuit dans cet état devient difficile à concevoir. Griffant le tissu de l'assise, j'inspire à pleins poumons pour essayer de redonner une régularité à mon pouls, mais l'inévitable me pousse à agir. J'éteins la moindre ampoule sur mon passage avant de me planter devant la seule porte qui m'intéresse. Oubliant les émotions que j'ai pu lui inspirer, j'appuie sur cette poignée et observe la zone ennemie. Tout me semble calme, jusqu'à la respiration régulière et le petit souffle bruyant que j'identifie à ma meilleure amie. Mes pieds se prennent dans les fringues étalées au sol et les cartons qui auraient dû être depuis longtemps rangés.
Lili est bordélique. Mais c'est un défaut qui fait aussi son charme. J'aime me dire que je suis le seul qu'elle laisserait remettre de l'ordre dans son existence. Si je me retiens à chaque fois de pénétrer dans son antre avec cette intention, c'est parce que j'aime la voir dans un joyeux chaos coloré.

Mon approche me mène jusqu'au bord de son lit. Je patiente le temps d'entendre un rejet de sa part, mais rien ne vient. Elle ne dort pas. Je le sais. Car la légère luminosité venant de la pleine lune me permet d'apercevoir sa poitrine qui se gonfle plus vite et le souffle plus discret. J'admire les fleurs qui couvrent sa peau sur une large partie, quand ce ne sont pas les papillons sur son dos. Son corps si fin met en valeur les dessins qui font d'elle une toile unique.
Je ne possède aucun tatouage car l'idée de la piqûre me met mal à l'aise. Si je peux sauter d'un immeuble de plusieurs mètres avec une simple corde autour de la taille, je suis incapable d'imaginer une quelconque trace indélébile sur moi. Mais Lili réussit toujours là où j'échoue. Glissant mes doigts entre les siens, je l'invite à verbaliser l'accord que j'attends pour m'installer près d'elle.

— Lili...
— Fiche-moi la paix. Je te déteste, grogne-t-elle.
— Tu pourrais être un peu plus convaincante quand tu mens.

Son rire étouffé s'accompagne tout de même du drap qu'elle soulève pour m'inviter à m'allonger. Lili ne sait pas faire la tête longtemps, et cette incapacité se réduit drastiquement lorsqu'elle engage mes erreurs. Je suis conscient de pousser le bouchon, à chaque fois, un peu plus loin, mais cette assurance qu'elle me pardonnera toujours me rend incontrôlable.
La fraîcheur de son corps m'offre quelques frissons. Je ne la repousse pas lorsqu'elle emmêle nos jambes pour se réchauffer. Je ne comprendrai jamais comment cette fille peut constamment avoir besoin de se couvrir. Ses chaussettes dépareillées en sont la preuve, m'ayant fait perdre tout espoir en sa capacité de rester sobre.

Toxic Love : We're just friends !Where stories live. Discover now