Chapitre 61

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De l’agitation et des voix discordantes me parvenaient. Ma poitrine se souleva brusquement et ma bouche s’entrouvrit pour expulser un souffle d’air dans une toux incroyablement dure pour ma gorge. Je me sentis alors tirée brutalement vers l’avant, sans que je puisse résister. Mes doigts se mirent à trembler frénétiquement. Mes pieds étaient traînés au sol. La respiration haletante, j’entrouvris les yeux, mais je n’arrivai pas à comprendre ce qu’il se passait, je voyais flou et j’entendais à peine.

Tout à coup, mon corps se stoppa, on avait cessé de le tirer. Un cri strident me parvint, mais il semblait si lointain… C’était une voix aiguë, elle criait quelque chose d’incompréhensible à mes oreilles. Alors que le cri venait à peine de s’arrêter, on m’attrapa le menton et mon visage fût redressé. La lumière m’aveuglait et je tressaillis légèrement, mais sans réelle volonté.

- Je la croyais inconsciente.
- Avec tout le respect que je vous dois, regardez-la et ayez du bon sens !

Ces voix… J’avais l’impression de les connaître, mais elles étaient si vagues, si lointaines… La pression sur mon menton disparût et ma tête retomba lourdement. Mes yeux se refermèrent. Tout fût noir.

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Une douleur intense me fit entrouvrir les yeux. Une secousse m’éjecta, je sentis mon corps rencontrer violemment une surface lisse et ma gorge laissa échapper un gémissement de souffrance. Au-dessus de moi, j’entendis vaguement des rires gras et moqueurs, et des hommes qui s’exclamaient :

- Elle fait moins la maligne comme ça, hein !
- Tu crois qu’Akainu va nous en vouloir si on la tue maintenant ?
- Il la veut morte, on va lui faciliter le travail.
- T’entends ça, sale traîtresse ? T’es finie !
- Ouais !!

Les rires redoublèrent. Un cliquetis se fit entendre mais je n’eus pas le temps de me concentrer dessus qu’un coup agressif percuta mon buste. Un craquement écoeurant provenant de l'intérieur de mon corps me fit hurler de douleur. Je me sentis soudain expulsée avec force. Mon corps fût projeté, quand je sentis soudainement qu’on me rattrapa avec fermeté. Les rires moururent et furent remplacés par des couinements effrayés.

- V-vice-amiral !
- N-nous… Enfin nous…

On me saisit avec assurance, avant de me soulever. Mes bras s’ouvrirent et ma tête se pencha vers l’arrière alors qu’une voix dure articula :

- Vous deux. Dans ma cabine. Immédiatement. 

Des bruits précipités de pas se firent entendre, puis ce fût le silence complet. Un soupir se fit entendre. La personne qui me portait s’avança. On me posa alors allongée sur le dos sur une surface moelleuse. Mon corps se relâcha complètement, comme détendu. Je n’avais aucune idée de ce qui venait de se passer… Mais je n’avais qu’une envie, dormir. Je refermai les yeux.

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Ce fût un souffle glacial qui me tira de ma léthargie. Il faisait atrocement froid, même pour moi, et mon corps tremblait malgré moi. J’avais mal partout, mais en particulier une forte douleur tiraillait ma nuque.

J’ouvris la bouche et toussai. Mon toussotement se répéta encore et encore, en écho contre les murs. Étonnée, je papillonai des yeux et redressai la tête, mais je grimaçai, retenant de justesse un couinement de douleur. Le moindre mouvement me procurait un mal cuisant. J’essayai de me désintéresser de ma souffrance pour me concentrer sur ma situation. Me forçant à garder la tête haute, je plissai les yeux, inspectant comme je pouvais les alentours. Au départ, je ne vis que du noir, puis, mes yeux s’habituèrent. Je vis de la pierre, sombre et froide, je vis une faible source de lumière plus loin, et surtout, je vis des barreaux imposants se dresser devant moi. 

J’écarquillai les yeux, ne comprenant pas. Je voulus bouger et m’approcher de ces barreaux, mais je fus retenue par un cliquetis métallique. Je baissai la tête. Une chaîne ornait mes chevilles. Je relevai la tête et regardai autour de moi. Des chaînes maintenaient mes poignets suspendus au mur. J’étais entravée dans une cellule… J’étais prisonnière.

Une pulsion cardiaque me martela soudainement la tête et mes muscles se crispèrent. Je me souvenais maintenant... Smoker et Tashigi, Gyn et Every… Gyn… Je l’ai tuée, puis je me suis effondrée. J'étais censée être morte.

Avec le peu de lumière qui me parvenait, j’entrepris d’examiner mon corps. Mes vêtements étaient en lambeaux, hormis mon manteau. Ma chemise était couverte de sang, mes gants n’étaient plus que des morceaux de tissu pendant lamentablement à mes poignets, et des bandages rafistolaient mon épaule, mon bras, mes doigts, mon abdomen et ma cuisse. Les bandes médicales étaient sales et tachées de sang, et des douleurs insoutenables me charcutaient inlassablement, mais je restai indifférente. J’étais trop surprise par le fait d’être encore en vie.

Une Question de Justice [One Piece]Where stories live. Discover now