Chapitre 74

748 79 70
                                    

- NON !

Un hurlement à peine humain me fût arraché du plus profond de mon âme. Réalisant que Sabo avait l'intention de donner sa vie pour me sauver, j'eus l'impression que mon monde allait s'écrouler. Dans quelques milli-secondes, voir moins, Sakazuki allait tuer l'homme que j'aime, et je ne pouvais rien faire...
Mon bien-aimé me couvait des yeux. Je sentis mon cœur se briser, mais tout à coup une détermination sans faille m'envahit. Dans un élan vif, je me redressai et passai mes bras autour du cou du révolutionnaire, collant mon corps contre le sien. Sabo, en me voyant faire, écarquilla les yeux.

- Qu'est ce que tu fais ?
- On vivra ensemble ou pas du tout.
- Izzy !
- Pas de négociation. Je t'aime aussi.

Je fermai les yeux. Des larmes se mirent à couler le long de mes joues, ma lèvre inférieure trembla, mais je restai silencieuse, étreignant Sabo pour la toute dernière fois. C'était fini. Nous allions mourir. Le coup allait venir.

Soudainement, malgré mes pupilles fermées, un éclat bleu glace m'aveugla et un impact violent se fit entendre. J'eus un sursaut et rouvris les yeux. Sabo tourna rapidement la tête, voulant voir ce qu'il se passait. Lorsqu'il me regarda à nouveau, il était rayonnant de joie, un grand sourire sur les lèvres. Je sentis un spasme de soulagement le secouer. Il passa ses bras autour de ma taille et me serra contre lui de toutes ses forces. Je laissai un soupir m'échapper, et mes larmes couler à leur guise, trop heureuse d'être encore en vie avec lui, de sentir la chaleur que dégageait son corps et le sang battant dans ses veines, mais dans tout notre apaisement, un crissement écœurant atteignit mes oreilles, et une voix consumée par la rage se fit entendre :

- Toi... Je me doutais que tu ne serais pas loin.
- Je t'avais prévenu, il y a 28 ans.
- Enfoiré...
- Tu l'as fait pleurer.

La voix qui répondait à celle que j'identifiais comme appartenant à Sakazuki était tranchante, à glacer le sang, dégageant une colère sans nom qui me fit frissonner. Sans me dégager de l'étreinte de Sabo, je tournai la tête.

Je constatai qu'Akainu ne nous avait pas épargné par charité, ni même de son propre chef. Quelque chose avait entravé sa course, et le retenait encore. Une épée de glace empêchait le poing de magma d'aller plus loin, tandis que son porteur échangeait, à travers ses lunettes, un regard noir avec l'amiral-en-chef.
La surprise me percuta de plein fouet. J'écarquillai les yeux et dévisageai notre sauveur.

- Papa ?!
- Yo.

Je restai totalement immobile, à fixer Aokiji. J'avais failli ne pas le reconnaître. En deux ans, il avait tellement changé... Mais mon père ne me laissa pas plus de temps d'éprouver ma surprise. Après m'avoir jeté un coup d'œil, il reporta son attention sur Sakazuki. Le visage de l'ex-amiral, ordinairement si détendu, si sympathique, s'était déformé sous le coup de la colère et de la haine. Je ne l'avais jamais vu en telle ébullition. Son regard n'était plus celui d'un homme, mais celui dun bête, prête à tout pour tuer la personne qui avait le malheur de croiser ses pupilles, Sakazuki, actuellement.
Mon père reprit la parole d'un ton sec mais adouci, tout en s'adressant à nous.

- On a quelques affaires à régler entre vieux "amis". Si vous voulez bien nous laisser, les enfants.

J'ouvris la bouche, prête à répliquer, mais je me stoppai dans mon élan. Quelque part en moi, j'étais inquiète à l'idée que l'amiral-en-chef fasse plus que blesser mon père cette fois-ci, mais je n'avais pas mon mot à dire. J'étais l'objet de sa venue, et si je me précipitai pour l'aider, il aura agi en vain. C'était à cause de moi si il était là, face à son rival de toujours, et au vu de mon état, je ne serai qu'un fardeau de plus.
À contrecœur, je finis par hocher la tête. Il fallait qu'on parte, et rapidement. Je défis mon étreinte du jeune blond.

- Sabo !

En me détachant du révolutionnaire, je lui fis signe de la main. Il répondit par un hochement positif de la tête.

- Tu peux courir ?
- Ça devrait aller. Ne traînons pas plus.

Je lui pris la main et m'apprêtai à m'élancer, quand soudainement un mur de lave nous entoura, me stoppant net dans mon élan.

- Vous n'irez nulle part !
- C'est moi ton adversaire, Sakazuki !

Le mur de lave se recouvrit de glace dans un sifflement et l'apparition de fumée. Mon père venait de nous sauver à nouveau. Je me retournai pour le remercier, mais un fracas infernal m'en empêcha. Magma et glace en main, les deux hommes avaient engagés le combat, ne nous accordant plus aucune importance. Je déglutis. Leur duel avait à peine commencé qu'il était déjà d'une vitesse d'exécution et d'une violence incroyable. Je mobilisais chaque parcelle de mon corps, raidissant mes muscles, ancrant mes pieds au sol pour ne pas courir vers eux. Si mon père se faisait tuer ou en sortait blessé, je ne pourrai jamais me le pardonner.

En rassemblant tout mon courage, je finis par réussir à détourner la tête. Le mur de magma recouvert de glace nous bloquait toute avancée à pied, mais ne nous coupait qu'une partie de notre environnement sans nous emprisonner dans un cercle. Nous devions faire vite. Déjà, je voyais des soldats de la Marine se précipiter dans notre direction.

Je sentis une main se poser sur mon épaule. Mon regard se dirigea vers celui de Sabo. Le jeune blond souriait d'un sourire débordant de malice et malgré moi, malgré la situation, je sentis un sourire apparaître sur ma bouche.

- Rapproche-toi.

J'hochai la tête et m'exécutai, commençant à voir où il voulait en venir. Mon sourire joyeux se tordit au coin de mes lèvres, tandis que je regardais avec détente les soldats s'approcher de nous.
Le jeune homme attrapa ma taille. Des flammes se mirent à nous entourer, comme la dernière fois. La chaleur se fit ardente et mes pieds décollèrent du sol, alors que Sabo, après un léger rire, s'exclama :

- C'est parti !

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant