Chapitre 3 Partie 2 Le trio insolite

13 2 0
                                    

D'après la position du soleil dans le ciel, il me semble qu'il est midi. Je suis fatiguée et toute courbaturée. 2 semaines qu'on travaille dans les champs sans relâche. Pourtant, il le faut bien. Les réfugiés ont épuisé toutes les réserves du district de Trost. J'ai faim mais je ne dirai rien. Les habitants du district de Trost nous méprisent déjà tellement.

Rosa, à quelques mètres de moi, est en train de tirer au flanc depuis plus de 5 minutes. Ce qui commence franchement à m'énerver. Je ne veux pas faire la police mais elle doit comprendre que la situation que nous sommes en train de vivre est grave. Elle n'est pas la seule à avoir faim et être fatiguée. 

Après avoir arrosé une nouvelle plante, sûrement la 500ème de la journée, je me retourne vers elle. Allongée par terre, elle est en train de chantonner en me regardant travailler avec une certaine satisfaction.

C'est bon, elle a gagné, je suis rouge de colère maintenant.
"Alors, ce n'est pas trop dur ? M'exclamais-je ironiquement. Tu ne veux pas que je t'apporte un coussin et une couverture tant que tu y es ?
- Oh, ce serait tellement aimable de ta part mais je préfère te voir trimer comme une esclave. C'est tellement plus drôle !
- Je ne sais pas ce qui t'a rendu aussi méchante Rosa !
- Méchante moi ? C'est toi le monstre je te rappelle."
Si elle comptait utiliser cette remarque comme raison valable, je ne la laisserai pas faire.
"Un monstre qui arrose des plantes pour que tu puisses te nourrir, ça doit être un véritable monstre, en effet.
- Le monstre n'a pas vraiment le choix s'il souhaite survivre."
Elle compte vraiment me mettre à bout, non ?

Je me rapproche d'un pas, véritablement hors de moi. J'agrippe mes doigts sur son bras et la tire pour la mettre debout. Seulement, Rosa lutte pour rester à terre. 
"Tu vas te mettre debout et travailler comme tout le monde, bon sang !
- Hors de question. Pas tant qu'on ne m'aura pas assigné ailleurs. 
- Tu penses vraiment que les adultes ont le temps de s'occuper de tes gamineries ? 
- Ils n'auront pas le choix s'ils veulent que je mette la main à la patte.
- Grandis un peu Rosa. Pense aux familles qui sont en train de mourir de faim. Pense à tout ce qu'on a perdu. Tu ne penses pas qu'on devrait être solidaires ?
- Solidaires ? Pas avec toi en tout cas."
J'essaie encore de la mettre debout mais Rosa réussit à me mettre à l'inverse à terre. Elle me poussa et me fit rouler sur une pente, dans la boue. 

Je me relevais quelques mètres plus loin, le regard dans le flou. J'étais remplie de boue de la tête aux pieds. Pourquoi essayer de me racheter en fin de compte ? Pourquoi essayer de redevenir amie avec elle ? Elle me déteste. Et c'est une peste. 

Un paysan du district de Trost s'approcha de moi et m'accabla d'injures et de reproches parce que je ne travaillais plus. J'étais privée de déjeuner et devrais faire des heures supplémentaires dans le champ. Au loin, Rosa fit mine de travailler en me regardant du coin de l'oeil, très satisfaite d'elle-même. Rosa, tu vas me le payer !!!

La nuit est déjà tombée quand je rentre à l'entrepôt. Je m'écroule sur mon duvet, épuisée. Kenzo, debout devant moi, me tend un morceau de pain. Je le prends sans me faire prier. J'ai tellement faim. Kenzo, mi-colère mi-meurtri, me regarde manger mon morceau de pain sans rien dire. Il finit pourtant par craquer :
"Bon sang Rosa, tu devrais voir ta mine. C'est clair, demain tu te reposes ici. Je vais faire ton travail à ta place.
- Quoi ? Mais...tu ne peux pas faire ça. Tu vas t'épuiser !
- Je ne supporte pas te voir dans cet état-là. Même ici, la malchance ne te laisse pas tranquille."
J'ai trop faim et je suis trop fatiguée pour pouvoir lancer une répartie. Kenzo me regarde m'assoupir sous des yeux remplis de frustration. D'où vient cette envie irrépressible de passer son temps à me protéger ? 

Lorsque je me réveille le lendemain matin, tout le monde est déjà levé. Kenzo m'a laissé son gilet en guise de couverture. Kenzo m'a donc bel et bien remplacé comme il l'avait prévu hier. Le remords m'envahit mais pas assez longtemps. J'ai tellement travaillé ces dernières semaines que le repos devenait primordial. Si Rosa faisait correctement sa part du travail, peut-être que mon frère n'aurait pas eu à me remplacer. Rosa, c'était la dernière fois que je t'aidais. Je dois passer à autre chose. Notre amitié est bien morte et ne reviendra jamais. 

Le pouvoir des souvenirs (Attaque des titans fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant