Chapitre 2 La cohabitation Partie 1 La fuite

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Je n'hésite même pas une seconde. Je cours sans regarder derrière moi. Je cours le plus rapidement possible. Je trébuche, je me relève et continue. Je ne m'arrête ni ne regarde derrière moi. J'avance en espérant arriver à temps.

Je ne suis pas les recommandations d'Uri. Au lieu de me mettre à l'abri, je me dirige en plein centre-ville de Shiganshina. Je veux retrouver ma mère, savoir qu'elle est en sécurité. De plus, Papa et Kenzo vont sûrement aussi se diriger vers la maison.

J'étais trop loin pour apercevoir le mur conjoint avec le district de Shiganshina. J'espérais trouver ma mère à temps et m'enfuir avec elle. Bizarrement, je n'avais pas peur. Je ne dirais sûrement plus la même chose lorsque je serais devant un titan. Dans tous les cas, ce n'était pas la peur qui m'empêchait d'avancer, loin de là. Je savais que ma vie à Shiganshina était finie. Pourquoi fallait-il perdre ce qui nous est cher pour nous rendre compte de leur importance ?

Je rentre dans Shiganshina. Je ne saurais combien de temps il s'est passé depuis l'éclair. Pas beaucoup j'espère ! Je ne vois pas encore de titans mais je ressens leur présence. Je traverse des petites ruelles désertes en pente. Personne n'était dans cette partie de la ville, apparemment. J'arrive enfin vers un carrefour, une intersection de plusieurs ruelles, bondé comme jamais.
J'aperçois une famille plutôt aisée fourrer le plus d'affaires possible dans leurs sacs : argent, affaires de rechange, objets de luxe. D'une autre ruelle arrive un jeune couple, les mains entrelacées en train de courir, pleurer et crier. J'aperçois aussi un vieil homme seul, faible, égrotant, trop paralysé pour bouger, n'ayant pas assez de forces pour courir, attendant sûrement la fin arriver. Et bien d'autres habitants courant d'une ruelle à l'autre espérant réchapper aux titans.

Cette scène de panique me pétrifie quelques secondes. Je n'ai pas assez de temps pour m'attarder sur leur sort. Ce carrefour est tellement bondé que plusieurs titans ne vont pas tarder à arriver. Si je reste là pétrifiée, m'inquiétant pour leur sort, je servirai à coup sûr de chair à pâté pour un titan.

Pour la première fois de ma vie, je m'estimais heureuse d'avoir mon pouvoir. Mes cauchemars étaient certes horribles mais m'avaient au moins préparée à cette journée. Je sentais l'adrénaline s'infiltrer dans tous mes muscles, dans tous mes membres. J'avais déjà vu tellement d'horreur que mon esprit était comme ainsi dire habitué, immunisé à la douleur et à la peur.

J'avais l'impression de fendre l'air tellement j'étais rapide. Jamais de ma vie je n'ai couru plus rapidement qu'aujourd'hui. Mon esprit était aussi d'une clarté stupéfiante. Je percevais tous les détails autour de moi qui me permettaient d'éviter les principaux obstacles sur mon passage. En moins de cinq secondes, j'esquivais les habitants en sens inverse, les sacs tombés par terre, les bouts de toits ou de murs juchant les rues pavées. Tout en même temps, je me figurais en tête un plan de Shiganshina pour arriver à la maison de mes parents en passant par les rues les moins fréquentées de la ville.

Ma perspicacité me permettait de me rapprocher des murs très rapidement. Je ne vis pour l'instant encore aucun titan. Ma petite taille certes réduisait mon champ de vision aux quelques pâtées de maison devant moi. Seulement, j'avais acquis ses dernières minutes une intuition infaillible, presque surréaliste. J'avais l'intuition qu'en empruntant telle ou telle rue, les titans n'auraient pas encore eu le temps de venir s'y loger et j'avais raison. Bizarrement, me tordre la tête vers le ciel pour tenter de voir si aucune forme ne dominait les maisons ne me donnait aucun mal. Cela ne m'empêchait pas non plus à éviter les obstacles sur mon passage. Avant de relever ma tête vers le ciel, j'analysais les futurs obstacles sur mon passage et j'anticipais les mouvements à réaliser pour les éviter.

J'étais en partie soulagée de voir si peu de monde dans les venelles que j'empruntais et donc par la même occasion aucun titan. Pourtant, je savais que ça n'allait pas durer et je me préparais psychologiquement. Je m'engouffrais de plus en plus dans Shiganshina et donc m'approchais d'une zone, j'en suis sûre, déjà infestée de titans.

Le soulagement m'envahit quand j'apercevais ma maison, à l'autre bout de la rue. Ma maison n'avait pas été détruite par les titans pour l'instant. Je ne voyais pas les titans mais mon instinct me disait qu'ils n'étaient pas loin.

Je rentre dans la maison. Crie le nom de ma mère une ou deux fois. Aucune réponse. Elle est déjà partie ! Elle a déjà dû se mettre à l'abri. Je ressors de la maison sans avoir même le temps de faire un dernier adieu. Je n'en ai pas le temps.

Ma chance était bizarrement de mon côté. Aucun titan dans les parages immédiats. Ils n'étaient pas loin, j'en suis sûre mais pour l'instant, aucun du côté de cette rue. Mon incroyable intuition me dit de me rapprocher vers la rivière. Je suis sûre qu'on doit évacuer les habitants par le bateau. Je continue donc à courir sans reprendre mon souffle.

J'étais en pleine lancée lorsque je me pétrifiait d'horreur. A 20m de moi, un titan déambulait. C'était son visage qui me pétrifia. Il...plutôt elle, était déjà apparue dans mes rêves. Elle n'avançait pas dans ma direction fort heureusement. Elle était concentrée sur autre chose, un humain je présume. Je restais pourtant pétrifiée. Les souvenirs et les sentiments présents dans mes cauchemars tombèrent sur moi comme un seau d'eau froid sur la tête. Je l'avais vue se transformer de mes propres yeux, Dinah Jäger.

Elle se dirigeait vers la maison d'Eren, en faisant attraction de tout ce qui était autour d'elle. Elle était comme attirée par cette maison, comme si l'odeur de son ancien mari flottait autour de la chaumière. Un seul clin d'oeil dans la direction de la maison que je vis une personne coincée, prise aux pièges dans les décombres de sa maison maintenant en ruine. Je ne pouvais rien faire pour cette personne. 

Le coeur serré, je me remets à courir, loin de cette maison mais plus proche du port. Il était fort probable qu'Eren et Mikasa retourneraient voir leur ancienne maison pour voir si la mère était toujours là, comme je l'avais fait pour la mienne. 

Dans cette partie de la ville, les titans rôdent partout. Je joue au chat et à la souris. En anticipant leurs mouvements, j'arrive à me faufiler et à en sortir indemne. Je ne saurais comment mais j'arrive à éviter leurs grosses mains lorsqu'ils essayent d'attraper une proie sur mon passage. J'arrive aussi à passer entre leurs jambes lorsqu'ils sont en plein dans mon passage. Tout le monde n'eut pas cette chance. Le fait que la rue grouille d'habitants m'aide  à analyser plus rapidement. Je n'ai pas besoin d'analyser avec précision les titans qui ont déjà une proie dans leurs mains ou qui sont déjà attirés par un humain en particulier. Je sais que cette scène, plus tard, me donnera de toutes nouvelles sueurs froides. En quelque sorte, ces humains morts sous mes yeux m'ont permis de me sauver la vie.

L'odeur environnant m'indiqua que j'étais tout proche du port. Je ralentis en me sentant de nouveau en partie en sécurité mais ne baissai pas pour autant ma vigilance. C'est ma vigilance qui m'a permis de trouver une fille paralysée par la peur, recroquevillée sur elle-même, sur un perron, cachée par un chêne.

J'allais la rejoindre quand je vis Armin courir vers ma direction. Il me demanda si j'avais vu Eren ou Mikasa.
« Non, je ne les ai pas vu Armin. Peut-être sont-ils retournés chez eux pour voir si Mme Jäger y était encore ? »
Armin interpella un soldat passant (il devait bien le connaître car il l'appela par son prénom) et lui demanda d'aller vérifier. Pendant ce temps-là, je me rapprochais de la jeune fille sur le perron. J'eus un petit mouvement de recul quand j'identifiais l'identité de la personne.

Rosa Mackenzie était recroquevillée sur elle-même. Ses mains contre ses oreilles et le visage entre ses jambes, elle ne me vit pas approcher. Je l'entendais marmonner, la voix chevrotante. Elle tremblait tellement, elle avait tellement peur. Rosa est une camarade de classe et aussi une ancienne amie. Notre amitié s'était terminée bien avant l'arrivée de Rachel à Shiganshina.
Ma surprise passée, je me rapprochai de nouveau vers elle, tout doucement. Je m'agenouillai à côté d'elle. Proche d'elle, je compris son marmonnement. Elle était en train de fredonner une musique qu'on avait apprise à l'école. Tout doucement j'approchai ma main de son épaule.
« Rosa ? Tout va bien. Il n'y a pas de titans pour l'instant dans ce coin de... »
Ma main touche son épaule. Elle comprend qui je suis et se braque. Elle s'éloigne de moi, la peur au visage.
« Ne t'approche pas de moi.Essaie-t-elle de cracher.
- Je veux juste t'aider ! Il faut qu'on parte de Shiganshina si nous voulons vivre !
- Pas avec toi ! »
Elle me regarda avec mépris et horreur. Elle me regardait comme si c'était moi le monstre. Comment allais-je faire pour la convaincre que je voulais juste qu'elle soit en sécurité ?

Je remarque enfin les traces de sang autour de l'escalier jusqu'à la porte d'entrée de la maison.
« Que s'est-il passé ? Il y a un blessé dans la maison ?
-Pourquoi tu t'en préoccuperais ? »
Je rentre dans la maison, la boule au ventre. Un homme ridé, abîmé par l'alcool et par un dur labeur de travail gisait sur le palier. C'est le père de Rosa. La nausée m'envahit. Son bras droit avait disparu, bouffé par un titan vraisemblablement. Par une chance incroyable, il a dû réussir à s'enfuir, après une chute de je ne sais pas combien de mètres et retourner jusqu'à sa maison. Il respirait à peine. Il ne s'en sortira pas. Il faut que je sauve Rosa en priorité.

Je reviens vers Rosa et après plusieurs minutes, elle accepta de me suivre.

On arrive au port. Je retrouve avec bonheur ma famille au complet. Je suis tellement contente que je pleure de joie. Ils étaient tous si inquiets de ne pas me voir. Ils voulaient me  chercher mais n'avaient aucune idée de l'endroit où je pouvais me trouver. Kenzo avait bien une petite idée mais il savait que je serais déjà partie le temps qu'il arrive à la colline. Il avait trouvé préférable qu'on m'attende au port. Il était certain que j'y penserais. Maman, elle, avait été menée par les soldats jusqu'au port. On lui avait proposé de rentrer sur un bateau mais elle avait déclaré qu'elle ne monterait pas tant que toute sa famille ne serait pas au complet. Au complet, on prit le bateau en direction du mur Rose où nous serons tous en sécurité.  

Le pouvoir des souvenirs (Attaque des titans fanfiction)Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα