9. Iris, ici et maintenant

Start from the beginning
                                    

Non loin, entremêlés aux racines et aux branches, des murs et amas de pierres, des parpaings, de l'acier plié, dessinent les vestiges d'un ancien village.

— C'est ici, dit le commandant.

Des jumelles perchées sur le haut de son casque s'abattent comme une visière devant ses yeux. Il observe ainsi les lieux. Il ne repère aucune activité humaine. Pas récente en tout cas. Certaines maisons ont cependant l'air d'être réhabilitées. Des toits en bois ont été reconstruits. Mais personne en vue.

— Ced, tu passes en premier. Donne-moi ton arme, le but est d'établir un contact sans heurt. Antirium et moi on te suit sur les côtés droit et gauche à une trentaine de mètres en arrière. On est là à la moindre alerte.

Le capitaine Ced cache sa réprobation et se dirige vers les ruines. Malgré la végétation, on devine le tracé des rues. Il ne marche même pas une minute et se stoppe net.

À une cinquantaine de mètres, entre deux maisons, se tient une fille. Elle est debout, elle le regarde sans bouger. Ced a une étrange sensation. Il n'y a plus de bruit, comme si le temps s'était arrêté. Il s'éclaircie la gorge et tente de rentrer en contact :

— Bonjour ! Je suis le Capitaine Ced. Je viens de la Zone Protégée. Je ne suis pas armé, je désire juste parler à Iris et aux Clairvoyants.

Sa phrase à peine terminée, des branches descendent toutes seules des arbres les plus proches de lui, et s'enroulent autour de sa cuirasse au niveau des bras et des épaules. Puis elles s'étirent, le portent comme un vulgaire pantin jusqu'à la fille, et le maintiennent prisonnier devant elle. Les branches le serrent fortement et ses bras, malgré les protections, se font de plus en plus douloureux. Le militaire, pétrifié, reste suspendu en dévisageant la jeune femme. Celle-ci demande enfin :

— Que lui veux-tu à Iris ?

— Juste... Juste lui parler... Le général Aldrov aimerait aider les Clairvoyants...

Les branches se resserrent encore plus fortement. Les bras du militaire sont pliés en arrière, et celui-ci pousse un cri.

— C'est vrai, je vous le jure !

À cet instant, le commandant Scirpe et le capitaine Antirium surgissent de derrière les maisons de chaque côté de la fille, et la maintiennent en joue.

— Libérez cet homme, Madame, c'est un ordre.

Mais aussitôt les canons de leurs armes se tordent, les rendant complètement hors-service. Leurs casques s'envolent en arrière, laissant apparaître leurs visages ébahis.

— Alors il y a bien des humains là-dessous ! Je me suis toujours demandé si vous n'étiez pas des robots.

Les deux militaires reculent d'un pas, perturbés par la nonchalance de la jeune femme qui émet un léger sourire. Elle poursuit :

— Faites pas cette tête-là, je plaisante. Pourquoi Aldrov voudrait aider les Clairvoyants ?

— Je ne peux vous répondre. Le général a sûrement ses raisons, dit le commandant. Madame, nous devons ramener une certaine Iris. Ses parents, les Laroque, ont un message pour elle.

Les branches relâchent subitement le capitaine Ced qui s'écroule lourdement au sol.

— C'est moi Iris. Quel est ce message ?

— Nous ne savons pas. Nous devons simplement vous accompagner jusqu'à eux.

Instantanément, tout se bouscule dans la tête d'Iris. Elle s'est laissée avoir comme une débutante. Perdue dans ses pensées, elle n'a pas entendu les Flammes Vertes arriver. Pourquoi ne sont-ils que trois ? Pas d'escadrons, pas d'armes lourdes, ils n'ont pas l'air d'être là pour anéantir les Clairvoyants. Tout ça est étrange.

IRISWhere stories live. Discover now