— Xantium ! s'écrit-il. Enfin, tu es revenu.

— Corylus ! Oui, me voici. Et voici Aloès, que tu connais, et Iris.

Le dénommé Corylus accueille Aloès et Iris d'un hochement de tête. Il sourit à Iris et lui dit :

— Te voici donc, Iris. Bienvenue chez nous. Nous ferons en sorte que tu te sentes bien durant ton séjour. Sache qu'ici, il n'y a pas de chefs, pas d'autorité, mais nos vies et les capacités de chacun sont mises en commun pour le bien de tous.

— Merci Corylus. Il y a-t-il quelqu'un qui aurait la capacité de me prêter une douche ?

Tout le monde sourit à la question d'Iris. Corylus répond :

— Nous n'avons pas de douche, mais tu vas pouvoir te laver dans un grand baquet rempli d'eau.

Xantium prend à part Corylus et lui demande :

— As-tu effectué de nouveaux sabotages ?

— Oui, sur la ligne de chemin de fer venant des mines de Sigü.

— Pas de blessé ?

— Non.

Corylus hésite.

— Mais j'ai... Je vieillis, Xantium. J'ai failli perdre mon Imagomak.

Xantium pose sa main sur l'épaule du Clairvoyant, comme pour le rassurer.

— Bon, nous en reparlerons ce soir.

Puis, Xantium inspire un grand coup et annonce :

— J'ai une mauvaise nouvelle : les Laroque ont été fait prisonniers. Heureusement ils ne connaissent pas l'emplacement de notre nouveau village, je ne leur ai jamais dit, et j'ai bien fait. Mais Aldrov a toujours des moyens très persuasifs pour obtenir les réponses qu'il veut. Il y a de fortes chances pour qu'ils révèlent l'ancien emplacement, qui n'est qu'à quelques kilomètres d'ici. Ils vont dangereusement se rapprocher de nous.

— Nous allons tous en parler ce soir, mais je pense qu'il va falloir effectuer des rondes vers notre ancien village, et nous camoufler le mieux possible ici.

— Oui, il faut que nous devenions invisibles. Avec Iris, nous pouvons peut-être faire en sorte qu'ils ne nous trouvent pas s'ils viennent dans le secteur, en créant des illusions faisant disparaître les bâtiments en ruine à l'entrée du village.

— Oui, si cela est possible.

Un quart d'heure plus tard, Iris se retrouve dans une grande salle construite sur les bases d'un vieux bâtiment. Seul le toit est fabriqué en bois, les murs porteurs laissent apparaître des parpaings derrière le plâtre défraîchi. Plusieurs baquets sont installés en parallèle, tous séparés par de hauts paravents. Deux autres femmes se lavent aussi un peu plus loin. Une femme d'âge mûr accompagne Iris et lui propose des vêtements propres. C'est chez elle qu'Iris et Aloès vont dormir. Iris se déshabille, se plonge dans l'eau fraiche et ferme les yeux. La voici donc chez les Clairvoyants. « Pas de chef ! Une communauté peut-elle réellement vivre sans chef ? » Elle regarde son hôtesse déposer les vêtements en tissu sur une table à côté du paravent. Il y a un large sarouel et une chemise avec des cordelettes pour resserrer les manches.

— Comment vous appelez-vous ? demande Iris.

— Rose, répond la femme en souriant.

— Vous n'avez vraiment pas de chef ici ? Quelqu'un doit bien diriger le village, non ?

— Non, personne. Nous ne voulons aucune contrainte, aucune loi nous dictant ce que nous devons faire. Les chefs finissent toujours par devenir des tyrans.

IRISWhere stories live. Discover now