— Oui, admet la jeune femme. Enfin, je crois qu'elle plait aux garçons. La nature décide bien arbitrairement de qui est beau ou ne l'est pas.

— Ne me dis pas que tu as des complexes Gentiane. Tu es aussi très belle.

— Je fais ce que je peux. Mais merci, Anthémis, pour le compliment.

Ce disant, la jeune étudiante lève son verre en direction d'Anthémis, puis le vide d'un trait. En réalité, Gentiane a l'impression de devoir se servir d'artifices là où certaines n'en ont pas besoin. Y compris dans ses efforts pour se rendre hyper sociable. À ce moment, Aloès s'exclame :

— Anthémis, Gentiane ! On aimerait connaître vos talents de danseurs, allez, venez !

Gentiane ne se fait pas prier davantage, elle donne son verre vide à Anthémis, qui, lui, reste en retrait avec les deux verres à la main. Il regarde Iris. Demain soir il retourne chez ses parents. Il verra certainement aussi son grand-père. Que faut-il qu'il fasse ? Il ne veut absolument pas trahir celle dont il est secrètement amoureux.

Vers une heure du matin, alors que certains fêtards continuent de boire et de se tortiller au son de la musique, Airelle propose :

— Si on faisait un tour dans le parc pour prendre l'air. Il n'y a pas trop de vent ce soir, c'est agréable.

— Moi, ça me dit bien aussi, s'enthousiasme Juncus.

— Et si on allait plutôt du côté de la mer ? demande Iris.

— Mouais, elle n'est pas très engageante la nuit, dit Anthémis. Surtout avec cette brume.

— Allez, les gars, venez sentir l'air marin vous fouetter le visage ! insiste Iris avec son plus beau sourire.

— Mais puisqu'on te dit qu'il n'y a pas de vent !

— Moi, je suis d'accord avec Iris, dit Gentiane. Allons-y !

Un peu à contrecœur, Anthémis concède à venir quand même. Il n'a pas envie de quitter ceux qu'il considère comme ses premiers vrais amis. Les six jeunes gens quittent la grande place et se dirigent vers l'océan. Ils marchent dans les dunes pendant un bon bout de temps. La mer est plus loin qu'il n'y parait au premier abord. Il fait sombre et l'inhabituelle absence de vent donne un côté étrange à la balade. Au bout d'un moment, le bruit du ressac se fait plus proche, et derrière les derniers oyats, la plage se découvre, grandiose. À droite et à gauche, elle semble s'étendre à perte de vue. La brume et la nuit empêchent de voir l'horizon. Airelle descend sur la plage et s'approche de la mer, comme pour y voir plus clair. Elle se retourne et crie aux autres restés plus en amont sur les dunes :

— Il y a des éoliennes en off-shore par-là me semble-t-il.

Aloès fronce les sourcils et jette un regard d'incompréhension à la fine silhouette qui se tient face à l'océan.

— Il est une heure et demi du matin, les partiels sont terminés, on fait la fête, et la seule chose qui lui vient à l'esprit, c'est qu'il y a des satanées éoliennes à des kilomètres de là sur la mer !

— Sans ces éoliennes, on ne serait peut-être pas là, remarque timidement Juncus. Elles nous fournit l'énergie dont nous...

Aloès se retourne vers lui.

— Je... Je ne dis pas le contraire ! C'est juste que... On ne pourrait pas penser à autre chose que tous ces trucs et admirer seulement le paysage ?

Iris intervient en souriant :

— Aloès et Airelle sont deux grands contemplateurs... Juste, ils ne contemplent pas la même chose...

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