Chapitre 17 - Mariette au pays des merveilles

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Il sentit le parfum d’une femme avant même d’en prendre conscience. Cela le berça doucement jusqu’à ce qu’il se retrouve dans la réalité. Il ne rêvait pas. C’était plutôt une image fixe de sa mère qui le regardait dans une aura de lumière. Puis, ce visage se métamorphosa en celui d’Élaine et il eut envie de pleurer. Quelqu’un le berçait pour vrai. Il ouvrit les yeux. L’image d’Élaine fut remplacée par celle de Mariette qui pleurait elle aussi.

 Il ne pouvait pas bouger. Son corps ne répondait plus à ses commandements. Il se trouvait dans une baignoire, chez lui. L’eau chaude était rosée avec des îlots de mousse savonneuse. Mariette lui tenait la tête et épongeait son corps. Il voulut parler mais aucun mot ne pouvait sortir de sa bouche.

Il ressentait des douleurs partout dans son corps, en dedans, comme en dehors, comme s’il venait d’un long voyage dans un univers différent où la douleur lui avait été étrangère. Et pourtant, il lui revint les moments de ses visions et celui, plus récent, de la nuit d’avant, où il avait été attaqué par Élaine et par cet étrange dédoublement de lui-même.

« Ne parle pas, Quentin. Je m’occupe de tout, dit Mariette dont les yeux brillaient. »

Elle savonnait le corps et prenait son temps. Il y avait mille questions qui se bousculaient dans l’esprit de Quentin et qui demandaient des réponses. Il se sentit frustré de ne pouvoir ni bouger ni parler pendant qu’elle avait vraisemblablement une maîtrise totale sur lui. Elle parlait d’une voix douceureuse, calmante, comme une mère le ferait.

Quelque part plus bas résonnait la sonnerie de son cellulaire. Ses amis du manoir devaient s’inquiéter. Ils savaient où il demeurait et ne tarderait pas à venir se mettre le nez dans ses affaires et constater que toute cette folie venait de prendre fin. De moins le croyait-il, selon ce qu’il avait vu.

Il repassa dans sa tête les minutes de cette agression et en vint à la conclusion que le Quentin rempli de cette vengeance mortelle imprégnée de la mission que lui avait injecté la Mort avait tout simplement voulu tuer l’ancien Quentin, cette boule d’émotions qui menaçait de faire échouer ce pourquoi il avait été désigné. Probablement que la Mort, en constatant ce déséquilibre, avait décidé de tuer cet être vil avant qu’il ne s’automutile et meurt en même temps que Quentin. Ce qui pouvait vouloir dire qu’il était libre, à moins que ne s’acharnent Matheus et sa clique. Il préférait de loin s’en détacher et les oublier une fois pour toute.

Il toussa, sentant que sa voix revenait peu à peu. L’eau tiédissait et il eut un frisson, signe que ses membres reprenaient vie.

« Tu te sens mieux, maintenant? demanda sa belle-sœur. »

Il bougea un peu la tête de haut en bas et elle lui fit un large sourire.

« En tout cas, je ne sais pas ce qui s’est passé ici mais c’est une chance que je sois arrivé avant que tu te blesses davantage. J’ai nettoyé un peu pendant que tu dormais. Ne t’inquiète pas, j’ai mis une couverture sur le lit pour ne pas tacher ta douillette blanche. Tu as dormi au moins trois heures. Après, tu t’es levé… »

Il fronça les sourcils. Il ne se rappela pas s’être réveillé et encore moins s’être levé.

« Tu as marché vers la fenêtre et tu as parlé tout seul. Je n’ai pas trop compris mais tu as parlé de clé et de Margolain, je pense. Tu es resté figé devant la fenêtre à fixer le vide. Je pense que tu ne savais même pas que j’étais là, même si je te parlais. Je t’ai ensuite amené ici, dans le bain parce que, pour te le dire franchement, tu ne sentais pas très bon quand je suis arrivé. »

« J’ai froid, dit-il enfin pour la faire taire un peu. »

Il avait un léger mal de tête mais ce n’était rien en comparaison des frissons qui le parcouraient. Il se leva, un peu gêné d’être nu devant cette femme qu’il ne connaissait presque pas.

Tout ce que tu feras (tu le feras pour moi)Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz