Chapitre Sept.

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Dix-huit heures sept.

Mon cœur bat la chamade depuis que l’horloge accrochée au mur a sonné six coups et que le petit oiseau est sorti pour chanter sa mélodie. À partir de cet instant, chaque minute est devenue une torture, chaque seconde un supplice, et j’ai l’impression que le tintement joyeux de la cloche d’entrée n’arrivera jamais. Pourtant, techniquement, dans trois minutes, il va arriver ; Harry va arriver.

Eleanor à essayé de me remonter le moral hier soir en m’assurant qu’il était juste parti parce qu’il était tard et qu’il avait des choses à faire ; que c’était impossible qu’il ait fuit à cause de ce que j’ai dis.

Mais j’ai eu beau m’accrocher à ces paroles, à cette utopie qu’elle me peignait en couleur, je n’ai pas réussi à y croire, quand bien même ô combien j’ai essayé.

Dix-huit heures huit.

Pourquoi serait-il parti si ce n’est pas parce que je lui ai fait peur ?

Je sais que c’est lui qui m’a invité dimanche, je sais que c’est lui qui m’a proposé de m’asseoir à sa table, je sais aussi que c’est lui qui m’a posé la question. Seulement merde, pourquoi s’est-il barré dans ces cas-là ?

_Louis… murmure la voix douce et triste de ma meilleure amie derrière moi. J’aimerais que tu arrêtes de broyer du noir…

_Je ne broie rien du tout.

_Si. Tu broies du noir et tu n’en as pas le droit parce qu’aujourd’hui on est le vingt-quatre décembre et que c’est ton anniversaire Lou, bon sang !

Dix-huit heures neuf.

J’hausse simplement les épaules et me détourne d’elle, préférant attraper une tasse sur l’étagère derrière moi pour préparer un café à la jeune femme qui a levé la main tout à l’heure.

De toute façon, j’ai tout foiré, je n’aurais jamais du ouvrir la bouche en premier lieu. J’aurais du me contenter d’un basique : « J’étais toujours très occupé lorsque tu venais. » et tout serait resté comme avant. Chaque chose aurait été en ordre, à sa place, et je ne serais pas, actuellement, en train de faire tourner un deuxième café à blanc.

_Merde ! je jure violement en arrêtant la machine.

C’est la deuxième fois cette semaine que j’oublie de mettre des dosettes et c’est la deuxième fois cette semaine que je manque de faire court-circuité tout le café. Rien ne va plus.

_Louis, reprend Eleanor en posant sa main sur mon bras.

Dix-huit heures dix.

Mais je secoue la tête en jetant un coup d’œil à l’horloge qui ne me vaut rien d’autre qu’un soubresaut cardiaque et l’arrêt total des mouvements de mon corps.

Il est dix-huit heures dix.

C’est maintenant ; d’un instant à l’autre, la clochette de l’entrée va retentir et je vais voir ses bouclettes un peu trop longues passer le seuil de la porte sous un bonnet ou un bandana.

Seulement je ne suis pas prêt ; je ne suis pas prêt à le voir débarquer dans le café comme ça, alors j’abandonne lamentablement ma tâche infructueuse et dépasse la machine à café pour entrer dans les cuisines.

Un amour de Noël.حيث تعيش القصص. اكتشف الآن