Chapitre Cinq.

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Lorsque j'arrive au parc St James, j'ai l'estomac tellement noué que je m'étonne moi-même d'avoir réussi à manger le plat de pâtes qu'Eleanor m'a forcé à avaler avant de partir. J'ai mal au ventre maintenant ; j'ai l'impression que des milliers d'insectes sont en train de bourdonner à l'intérieur de moi. Et ce ne sont pas les habituels papillons du stress, non. Là, se sont les abeilles butineuses de l'anxiété.

Et il y a une différence entre le stress et l'anxiété. Une différence que le paysage blanc de neige du parc n'arrive pas à combler. Pourtant j'essaye de me raisonner : c'est lui qui à proposé la sorti bon sang, bien sûr que tout va bien se passer.

Seulement les questions sont là malgré la magie de noël. J'ai peur qu'il ne vienne pas. J'ai peur de faire ou de dire une connerie. J'ai peur que... je ne sais pas. Je ne sais pas ce qu'il pourrait se passer, et je crois que c'est de ça que j'ai peur : j'ai peur de l'inconnu.

Il est treize heures quarante-deux et je me rends compte seulement maintenant que j'aurais du, une fois de plus, écouter Eleanor qui m'a répété sept fois que je partais beaucoup trop tôt.

J'ai environ vingt minutes d'avance et j'ai froid parce que je n'ai pas pris de gros manteau : j'ai juste enfilé ma veste en jeans ; et même si elle est doublée de laine blanche et chaude, je ne suis pas vraiment à l'abri des courants d'air frais et hivernaux.

Les minutes défilent lentement ; vraiment lentement. Trop lentement à mon goût.

J'essaye pourtant tant bien que mal de me concentrer sur les traces fines et régulières des empreintes d'oiseaux près de moi, j'essaye de me concentrer sur l'écho des grelots au loin, qui résonnent jusqu'à moi comme si le traineau du père noël était juste au bout de la pelouse où je suis assis sur un banc de bois froid.

Et soudain, alors que j'aurais encore du patienter douze minutes, je vois une silhouette masculine se diriger dans ma direction.

Elle est encore trop loin pour que je puisse distinguer les traits de l'inconnu pourtant, je sais que c'est lui. C'est Harry. Je le sais comme je sais les jours de semaines qu'à dix-huit heures dix, la clochette de la porte du café sonne joyeusement pour annoncer son arrivée.

Petit à petit et un à un, mes muscles se détendent doucement tandis que sa démarche se fait plus rapide au fur et à mesure qu'il s'approche.

Il a un jean noir, mais ça ne change pas vraiment de d'habitude parce qu'aussi loin que je me souvienne, je ne l'ai jamais vu porté une autre couleur niveau pantalon. Par contre, il porte une veste que je n'avais jamais vue auparavant : un blouson en daim marron clair. Et je dois avouer qu'à le voir sur une toute autre personne, j'aurais surement ris.

Mais pas sur lui.

Parce que bon sang, il lui va drôlement bien. Si bien même qu'il n'a eut besoin de rien mettre d'autre : ses boucles volent avec le vent qui souffle et il ne porte ni écharpe, ni bonnet, ni bandana.

Je ne sais pas vraiment à quel moment j'ai perdu le contact avec la réalité, mais je sais exactement à quel moment je l'ai repris : quand il est arrivé assez prêt de moi pour que je puisse l'entendre et qu'il a prononcé mon prénom en entier.

_Hey, je réponds aussitôt en essayant tant bien que mal de retenir le sourire d'imbécile heureux qui joue sur mes lèvres.

_Hey.

Ses yeux prennent l'éclat du soleil à demi caché par les nuages blancs qui couvrent le ciel et j'y vois aussitôt briller les milliers d'étincelles que j'attendais depuis que ses iris émeraude se sont plantés dans les miens, il y a moins de cinq secondes.

Il est beau.

Une bourrasque de vent fait alors voler ses cheveux et il secoue la tête pour les empêcher de l'aveugler tandis qu'on commence lentement à marcher sur le chemin de gravier.

Un amour de Noël.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant