Chapitre Trois.

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Je suis en train de préparer un cappuccino au caramel quand Eleanor contourne le bar avec une mine grave. Ses sourcils bruns sont froncés et c’est ce qui m’a alarmé en premier parce que ça n’arrive quasiment jamais.

_Qu’est-ce qu’il se passe ? je demande aussitôt.

_On n’a plus de thé à la framboise Louis.

Elle a dit ça de manière très sérieuse pourtant, à cet instant, ça ne me semble pas plus important que la forme parfaite du nuage de lait que je viens de déposer dans la tasse alors j’hausse simplement les épaules.

Ce n’est que lorsque je relève le levier de la machine à café en jetant un coup d’œil à l’ensemble de la salle que je finis par comprendre l’allusion.

_Merde ! je m’exclame soudain en lâchant, par la même occasion, un sucre de trop dans le cappuccino. On en a plus dans la réserve non plus ?

_Non monsieur.

Et comme pour bien me narguer, c’est à ce moment-là que la clochette choisit de retentir et que je sais que je dois courir à l’épicerie. Un léger courant d’air frais et hivernal s’est immiscé dans la pièce en même temps que le nouvel arrivant et des frissons me parcourent tout entier.

Il est dix-huit heures dix.

Harry vient d’entrer dans le café et avant même qu’il n’ait pu m’apercevoir ou faire un mouvement, je me suis élancé dans la cuisine en annonçant à Eleanor que j’allais acheter du thé à la framboise au supermarché.

Je ne sais pas si elle m’a répondu, je n’ai rien entendu ; j’ai juste perçu mon prénom, prononcé par James, le pâtissier, à demi caché derrière deux plaques de cuissons, qui me demandais où j’allais à une allure pareille.

La porte de service de derrière mène directement sur Bakeham Lane et j’ai de la chance parce qu’il y a un Sainsbury juste à l’embranchement avec Prune Hill.

*

Lorsque je reviens au café, j’ai l’impression d’avoir battu le record mondial du cinq cent mètres tant je suis essoufflé : j’ai mis moins de neuf minutes et demi pour relier le point A au point B, acheter ce que je venais acheter et revenir au point A sans crise d’asthme.

C’est aussi un exploit en soi parce qu’en théorie, je déteste courir. Mais comme en théorie tout va bien et qu’il y a cinq minutes, on était à court de thé à la framboise, on peut considérer que la théorie est défaillante et qu’on est bien dans le monde réel.

Donc au moment où je débarque dans la salle chauffée par les flammes de la cheminée, j’ai attrapé ma suée et fais mon sport pour la journée.

_Mon dieu Lou ! s’exclame Eleanor qui ouvre des yeux ronds comme des ballons dès qu’elle m’aperçois. Tu as sérieusement un problème !

Je choisis volontairement de ne rien répliquer et préfère plutôt sortir un sachet de thé de la boite que j’ai ramené du Sainsbury. Je l’infuse directement dans une tasse d’eau chaude et dépose une cuillère sur le bord de la coupelle.

J’aimerais bien lui dire d’emmener la commande elle-même mais ma respiration est actuellement un désastre ambulant. Tellement d’ailleurs que je suis  incapable de parler et je préfère la supplier du regard.

_Tu es taré Louis Tomlinson, elle se contente de soupirer en secouant ses boucles de droite à gauche.

Mais elle attrape tout de même le plateau et s’éloigne tandis que je me cache derrière la machine à café. Mon pouls affolé se calme petit à petit et j’observe ma meilleure amie slalomer aisément entre les tables pour déposer la tasse et la chocolatine près du manuel d’Harry.

Un amour de Noël.Where stories live. Discover now