Chapitre Quatre.

5.6K 450 128
                                    

Le minuteur, posé en évidence sur le haut du micro-onde, sonne soudainement en me sortant de ma rêverie passagère. L'odeur délicieuse des pancakes qui s'échappe des poêles à déjà commencé à emplir l'atmosphère chaude des cuisines et ça me donne grandement envie d'abandonner la vaisselle que je suis en train de laver.

On est le samedi vingt décembre et, comme chaque années depuis huit ans, c'est le jour des pancakes de Noël. L'odeur a empli l'air toute la journée dû aux nombreuses fournées que James a déjà cuisiné, et à raison d'une fournée par heure depuis dix heures ce matin, c'est actuellement la huitième qui est sur le feu.

C'est Eleanor qui a eut l'idée de créer cette journée lorsque nous avions quinze ans, et c'est moi qui ai proposé de poursuivre la tradition après l'ouverture de notre café.

Et il faut avouer que ça marche plutôt bien puisqu'on a toujours une recette élevée de vingt pourcent les vingt décembres.

_Louis ? appelle justement Eleanor en entrant dans la pièce.

C'est elle qui s'est occupé du service en salle aujourd'hui puisque James avait besoin d'aide aux fourneaux et que dans cette histoire, pour une fois, je ne suis pas mauvais cuisinier. Ses cheveux sont, comme d'habitude, relevés en une queue de cheval lâche, et à en voir le sucre glace qui est collé à sa joue droite, elle a eu des difficultés à attraper une ou deux gaufres garnies.

_J'ai besoin de toi en salle pour cinq minutes s'il te plait, elle demande.

Son ton est joueur mais je suis trop heureux de pouvoir échapper à la plonge pour m'en méfier. J'attrape donc un torchon propre, je m'essuie les mains et lance un salut militaire à James qui lève gentiment les yeux au ciel.

*

Mon regard parcoure rapidement la pièce chaude mais il y a moins de clients que tout à l'heure et je fronce les sourcils.

_Pourquoi tu m'as -

_Il est dix-huit heures dix et je me suis dis que tu aimerais surement aller prendre la commande habituelle du garçon qui vient d'entrer, elle sourit gentiment.

Je n'ai pas besoin de tourner la tête pour comprendre à qui elle fait allusion et un léger rire m'échappe tandis que je lève les yeux au ciel.

_Harry est arrivé c'est ça ?

_Et je me suis dis que tu aimerais aller prendre sa commande que tu connais déjà par cœur, elle répète avec un clin d'œil.

Je me détourne d'elle et le repère aisément : il est, une fois de plus, à la table dix-sept. Il n'a ni manuel, ni ordinateur, mais le samedi est le seul jour où il vient sans rien alors ça ne m'alarme pas.

Le cheminement inconscient de ma pensée me fait soudainement prendre conscience d'un détail non sans importance : je l'ai regarder tellement de fois au cours des cinq derniers mois que je suis désormais capable de parler d'éléments complètement anodins et futiles que personne d'autre n'a du remarquer. Et ça m'effraie un peu parce que je ne me suis jamais pleinement rendu compte que je l'observais autant.

Pourtant les faits sont là. Et ça fait rire Eleanor.

_Tu comptes le mater comme ça jusqu'à ce qu'il tourne la tête vers toi et que tu te transformes en tomate vivante ?

Je la fusille gentiment du regard et elle rit un peu plus fort, attirant vraiment l'attention d'Harry.

Il regardait distraitement l'obscurité de la nuit d'hiver par la baie vitrée sur sa droite mais maintenant, ses iris sont rivés sur nous et il sourit timidement. Aussitôt, ma meilleure amie lui répond d'un petit signe de main tout en me poussant discrètement dans sa direction d'un coup de pied sur les fesses.

Un amour de Noël.Where stories live. Discover now