Alors qu'Emma a maintenant disparu de mon champ de vision, je me dirige vers le chalet. J'emprunte le même chemin qu'elle sans faire attention à ce qu'il se passe autour de moi. L'excursion ne m'intéresse plus, je souhaite simplement rentrer et me poser sur mon lit pour dormir. Enfin, si j'y arrive.

Je me repère grâce à la lampe torche et suis le chemin que nous avons pris à l'aller. J'ai toujours eu une bonne mémoire visuelle. Bizarrement, le temps de marche me paraît plus rapide quand je suis seul. Au bout d'un long moment, j'aperçois un feu de camp et m'y approche. Quelques étudiants et professeurs sont autour du brasier, mais ça ne m'intéresse pas. Je me dirige directement vers mon chalet. S'ils ont envie de faire la fête, moi j'ai plutôt des envies de meurtres. Quand j'aurai attrapé ceux qui m'ont fait ça, j'espère pour eux qu'ils ont une bonne assurance.

Juste avant de monter le petit escalier, une main m'attrape l'avant-bras, me stoppant net dans ma lancée. Quand je me tourne, je suis bouche bée de trouver en face de moi monsieur Morrow. Mes yeux se plissent, alors qu'il me dévisage de la tête aux pieds.

— Où est-elle ? me crie-t-il au visage.

— Qui ? Emma ? Sûrement en train de dormir ! réponds-je en haussant les épaules.

Nous sommes que tous les deux, vu que notre maison est la plus éloignée du centre de la plaine. Le silence autour de nous rend l'atmosphère étrange. La tension qui stagne dans l'air est à couper au couteau. Le corps du directeur est crispé. Il est sous pression, je la sens s'infiltrer dans chacun de ses muscles.

— Elle n'est pas rentrée ! Où est-elle, Sam ?

— Elle devrait être là, elle est partie avant moi, mais demandez à vos étudiants adorés, moi, je n'en sais rien ! soufflé-je exaspéré.

Avant que je puisse réagir, sa main vient s'abattre sur ma joue. Pour le peu que l'on s'est vu, il m'a souvent giflé, mais elles n'ont jamais été aussi souples. Se retient-il de me blesser ?

— Trouve-la. Je t'avais demandé de ne pas être son binôme, donc je te conseille d'obéir. À moins que tu souhaites en payer les conséquences ?

Ces coups en douce me répugnent. Il sait très bien que je ne vais pas la laisser crever dehors. Certes, j'adore l'effrayer ou lui faire franchir les limites, mais je ne souhaite pas encore sa mort, alors monsieur Morrow devrait être content. Je serre le poing et fais demi-tour en rabattant ma capuche sur mon crâne. Je la trouve, je lui fais la peau... Samuel retient-toi !

Une fois dans la forêt, les idées se mettent à fuser dans ma tête. Je me demande si elle s'est perdue ou si elle a fait demi-tour, mais aucune ne se concrétise. C'est seulement quand j'arrive à mi-chemin qu'une pensée me traverse l'esprit. J'espère sincèrement qu'elle n'a pas fait ce que je pense, car elle prend un risque pour rien.

Arrivé au bout du chemin, je reconnais l'endroit où on m'a lâchement jeté cette pierre pour me blesser. Je souris de satisfaction alors que le fuseau de la lampe éclaire l'entrée de la grotte. J'avais raison, encore une fois. Je fais attention à ce qui m'entoure, au bruit de feuilles, comme à la température qui commence à drôlement chuter.

C'est en m'engouffrant dans cette cavité que je ressens un pincement dans le creux de ma poitrine. C'est quoi cette étrange sensation ? Je secoue la tête et m'abaisse un peu pour éviter de toucher le plafond. Une odeur de renfermée s'échappe de la grotte, alors que j'évite tant bien que mal à ne pas marcher sur des insectes rampants au sol.

En remontant ma lumière, je remarque un visage familier face à moi. Toute joyeuse et souriante, Emma me tend directement un objet.

— Je l'ai trouvé... On a trouvé le parchemin ! m'annonce-t-elle avec gaieté.

Les Irréguliers - Tome 1Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora