Samuel

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        Je remarque une rougeur au niveau de ses joues au fur et à mesure que mon visage s'approche du sien. Je souris bêtement, comprenant parfaitement qu'elle se fait des illusions. Pour s'en rendre compte, il suffit d'entendre ses pensées s'affoler. Sa réaction est étrange, car je me suis approché un bon nombre de fois d'elle, mais jamais elles ne se sont autant agitées. Mes lèvres frôlent les siennes d'un centimètre et je me relève en douceur pour m'asseoir et tenir ma tête entre mes mains. Une vive douleur s'empare de mon crâne et malgré sa présence, je sens ma colère monter en moi à une allure fulgurante.

— Que s'est-il passé Samuel ? me demande Emma en se plaçant à mes côtés.

— J'ai reçu un objet en pleine tête, soupiré-je.

Du coin de l'œil, je la regarde baisser la tête, comme si elle se sentait fautive. Ce qui me déplais fortement. Elle n'a rien à se reprocher, ce n'est pas elle qui a jeté la pierre.

— J'aurais dû rester à côté de toi.

— Oublie. Je ne tiens pas à devoir te rassurer, réponds-je sèchement.

Elle écarquille les yeux et se lève. Je croyais qu'elle m'en voulait, mais non, la demoiselle me tend la main pour m'aider à me relever. Je l'observe quelques instants avant de souffler.

— Pas la peine ! Je sais me débrouiller seul, lui annoncé-je.

Je trouve appuie sur mes genoux pour me remettre debout. Une fois sur mes jambes, un vertige me saisit. Le sol tangue dangereusement sous mes pieds. Je clos les paupières tout en posant la main sur le tronc d'un arbre pour me soutenir. La douleur au niveau du crâne ne part pas et mon énervement commence à prendre le dessus. Ça sent mauvais, je me connais !

— Est-ce que tu as vu les étudiants qui m'ont fait ça ? demandé-je en connaissant la réponse.

Elle me fait un geste négatif de la tête, puis sa main vient fouiller dans la poche de son short. Elle y sort un mouchoir blanc et s'approche de moi. Avant même que le bout de tissu ne vienne essuyer mon sang, je saisis son poignet pour la stopper.

— Je sais me débrouiller seul et je ne me le répéterais pas, Emma.

— Je veux juste essuyer ton sang, calme-toi ! Je ne t'ai pas fait mal je te rappelle !

— Je sais, mais je n'ai pas besoin de ton aide. Alors ne vient pas entraver ma décision, terminé-je.

Elle baisse les yeux avant de scruter la dense forêt qui nous entoure.

— Débrouille-toi tout seul, moi je rentre ! m'annonce-t-elle hors d'elle.

— Je ne te retiens pas.

Mes sourcils se froncent, alors que les siens sont surpris. Comme déçue de mon comportement, Emma ferme les paupières et souffle discrètement avant de marcher.

À contrecœur, je la regarde s'éloigner de moi. La pensée qui s'échappe de son cerveau me fait grincer les dents : tu m'écœures. Ça ne me blesse pas, mais après tout ce qu'elle m'a dit lorsque j'étais inconscient, cela m'attriste. Je connais mes réactions, mais elle, non, et elle va devoir s'y faire. J'apprécie qu'elle veuille m'aider et m'épauler dans ce genre de moment, après tous les affronts que je lui fais subir, mais je ne peux pas. Je suis bien trop énervé contre moi-même. Je sais que ces étudiants me visaient particulièrement. Ce n'est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière. Mais pendant une seconde, j'ai envisagé la possibilité que la pierre soit un peu plus grosse et qu'elle frappe Emma. Même si je déteste sa mère, je m'en serais voulu, vu comment sa fille revient vers moi malgré ma méchanceté gratuite.

Les Irréguliers - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant