59. CEUX QUI AIMAIENT L'OCÉAN

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– Maya... J'insiste, je crois que c'est bon là, je vais choper aucun coup de soleil...

Je ressemblais à un fantôme. Casper le fantôme. Je n'étais déjà pas très bronzé de base, mais là, j'allais battre des records. Ma meilleure amie s'était appliquée à me tartiner de la crème partout, sans oublier une seule parcelle de ma peau exposée au soleil. À côté de moi, tous les autres avaient encore une couleur de peau proche de leur couleur naturelle, et puis... Il y avait moi. Flora me jeta un regard désolé, et je fis une petite moue, louchant sur sa peau mate que je trouvais déjà belle au naturel. Elle avait tressé ses cheveux, en priant tous les dieux pour ne pas ressortir de la plage avec plein de sable, et je ne pouvais qu'imaginer l'horreur d'avoir du sable dans des cheveux pareils. Ses boucles allaient en prendre un sacré coup, elle nous l'avait suffisamment répété ce matin, avant de partir pour la grande plage.

Je me portais donc volontaire, le temps que la crème pénètre un peu plus ma peau, pour rester sur les serviettes tandis que les premiers iraient se baigner dans l'océan. Inès me colla un baiser sur la joue, me confia ses lunettes de soleil et son petit sac en tissu et fonça vers les vagues, accompagnée de Flora et Simon qui ressemblaient fortement à deux gosses que plus personne ne pouvait contenir. J'avais rarement vu Simon avec un sourire aussi grand, et surtout, avec un air aussi vivant sur le visage, et cela me fit étrangement plaisir. J'avais l'impression quelque part que cela était grâce à moi, et je me sentais un petit peu fier. 

– Tu vas faire concurrence aux surfeurs Eden !, lança Adel, à genoux sur sa serviette.
– Il me manque la longue de tignasse pour ça., rigola-t-il.

Il mima ses dires en passant une main dans ses cheveux courts, fraîchement rasé dans la nuque. J'avais connu Eden au lycée avec ses cheveux longs sur les oreilles, longs dans la nuque, mais toujours impeccablement bien coiffer, et sa coupe actuelle lui donnait un air beaucoup plus adulte et mature. J'aimais bien, et en un sens, il avait tourné une page capillaire.


Mes yeux se posèrent sur Adel, qui semblait vouloir couvrir le maximum de son corps, fuyant le soleil comme la peste.

– Mais... Tu ne meurs pas de chaud comme ça ?

Adel releva les yeux vers nous, et dévisagea Maya, qui venait de poser la question.

– Non, pas du tout. Je voudrais éviter les coups de soleil.
– Monsieur veut garder son teint de rêve surtout !, lança Eden qui avait entrepris de tartiner de crème le dos de son petit ami.
– C'est ça, moque toi...

Je haussais un sourcil, amusé. Au fond, cela ne m'étonnais pas tant que ça. Adel bronzait très vite, à son plus grand malheur, disait-il, et aimait conserver cette peau à peine bronzée, qu'il gagnait à chaque début d'été. Et sur ces mots, il s'appliqua une huile sur les avants-bras, faisant mine d'être vexé. À côté, j'avais l'air d'un plouc. Eden sortait d'un magasine de mode, comme tous les autres jours de sa vie, Isaac avait l'air normal, Maya était impeccable, avec son maillot de bain rouge foncé qui lui allait à merveille, Adel était... Juste Adel, je n'avais rien à redire et puis... Moi. Moi avec mes cheveux qui devenaient un peu trop longs, et qui avait décidé de boucler uniquement dans la nuque, moi et ma peau recouverte d'une crème trop épaisse, moi et mon maillot de bain qui datait de la saison 2018, que je n'avais pas changé depuis parce que je n'y avais jamais pensé. Le pire ? C'est que le maillot m'allait encore. 

– Louis ? Tu viens ? On va se baigner ?

Maya trépignait sur place, et je n'eus pas le cœur de lui dire non. Aussitôt nous nous élançâmes vers l'océan, et vers nos amis déjà présent dans l'eau.

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