23. CELUI QUI PARLAIT A SACHA

373 52 23
                                    

                 Plus que trois jours avant la soirée maudite. Pardon, la super soirée du lycée que mon ex petite amie et mon petit ami actuel organisaient ensemble. Rien n'allait dans cette phrase. Ma vie, c'était donc ça . Une succession d'événements sans queues ni têtes, qui me baladaient à droite, à gauche, sans que je ne puisse rien y faire ? Parce que j'étais certain d'une chose, cette année, je pouvais largement prétendre au titre « pire ex du monde » et « pire petit ami du monde » ainsi que « meilleur ami en carton ». Cela faisait beaucoup trop de titres (nuls) pour une seule personne.

Parce que oui, Inès m'en voulait toujours. Eden – bien que je dusse passer la soirée chez lui ce soir – était toujours un peu froid après notre discussion dans le foyer l'autre jour. Et Maya... J'avais l'impression de rater un tas de choses avec elle. Il me tardait qu'elle revienne en Aquitaine pour que je puisse tout lui dire, de vive voix, passer des soirées à manger des conneries trop sucrées devant un film bidon que l'on écouterait que d'une oreille, bien trop occupé à raconter nos pires échecs de l'année, mais aussi nous meilleurs coups. J'en étais là de ma réflexion, à tripoter une gomme du bout des doigts qui traînait sur mon bureau quand ma petite sœur entra à pas de Loup, ferma la porte, et posa ses fesses sur mon lit. Elle avait un drôle d'air sur le visage Sacha. Un air sérieux. Le genre d'air qu'elle n'avait jamais, en temps normal. 

– On parle ?

Ça, c'était de l'entrée en matière. Je fis pivoter ma chaise et me retrouvai face à elle, les bras croisés, un air amusé sur la figure.

– Si tu veux, quelque chose ne va pas ?

Mon instinct de grand frère me poussait à penser que quelque chose clochait. Que Sacha voulait me faire part de quelque chose d'hyper important. Que ma petite sœur allait me confier un secret si gros que je ne pouvais le répéter à papa et maman. J'étais si loin du compte.

– Eden et toi.

– Eden et moi ?

Je répétais bêtement ce qu'elle venait de me dire. Mais à l'intérieur, tout était en train de s'effondrer. Quoi Eden et moi ? Que voulait-elle dire ? Qu'était-elle en train d'imaginer ? La vérité ? Elle leva un sourcil, et croisa les jambes. Cette posture la rendait encore plus menaçante. Surtout quand elle pointa un doigt vers moi, ses sourcils fins froncés. 

– Il se passe quelque chose, hein ? J'ai capté ça l'autre jour. Je ne suis pas aveugle Louis. Et je n'ai plus cinq ans. J'en ai quinze. Il y a des choses que je comprends mieux. Surtout quand elles sont évidentes.

Je me sentis rougir, mais restais droit comme un « i » sur ma chaise de bureau. Je ne pouvais pas me démolir devant elle. Je ne disais toujours rien qu'elle reprit :

– Je ne suis pas là pour te juger bon sang ! Louis !

– Baisse d'un ton... murmurais-je.

– Ils ne vont rien entendre. Papa est partit faire les courses, et maman est dans le jardin.

– Ça ne te regarde pas...

– Louis. Écoute. Je... je ne sais pas comment te le dire, mais je me sens triste que tu me tiennes à l'écart. On n'est pas obligé de tout se dire, mais ça... Je sais que tu aimes les garçons. On en a déjà parlé. Ce n'est plus un secret entre nous.

Je la fuyais du regard. C'était le sujet que je ne voulais pas aborder devant elle. J'avais toujours cette sensation qu'elle me jugeait, qu'elle me prenait presque en pitié... Alors qu'il n'en était rien, je le savais.

– Je suis ta sœur, tu peux me le dire, vraiment ! Ça me rendrait vraiment heureuse de savoir que tu l'es. Ça fait des années que ça te pèse, quand tu es sortis avec Inès, ça a dû être horrible et...

ÉCLIPSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant