Chapitre 27.

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« Redis-moi pourquoi est-ce qu'Elämä ne vient pas ?

Bellérophon soupire avant de se tourner à nouveau vers moi. Sa voix couvre le bruit du moteur du bateau qui nous conduit droit en enfer.

- C'est une informatrice, pas une guerrière.

- N'empêche que sa présence aurait pu être utile. Je ne suis pas sûre qu'on fasse le poids à trois contre des dizaines.

- Ce n'est pas trois contre des dizaines, petite. Ce sont deux héros immortels et Mère Nature en personne contre une bande d'illuminés et un de tes méchants enfants que tu as du bercer trop près du mur...

Je lève les yeux au ciel. Mais le héros ne s'arrête pas et un sourire narquois étire ses lèvres lorsqu'il ricane :

- Je me demande qui est le père...

Je crois que je suis à deux doigts de mourir d'un infarctus. Derrière lui, Orphée a cessé ses mouvements pour dévisager son ami, une lueur assassine dans le regard.

- Les entités n'ont pas besoin d'être deux pour créer, imbécile ! marmonne-t-il.

- Les dieux le peuvent.

- Les dieux ne sont pas des entités. Tout juste de pâles copies.

- Eille, sois gentil un peu ! Mon père est un dieu. Et c'est grâce à eux que nous sommes immortels.

Cette discussion n'a plus aucune logique je crois. Mon compagnon se contente d'hausser les épaules avant de grogner :

- Je suis rancunier.

- Ça, on avait remarqué.

Je les dévisage un instant, tous les deux, avant d'interroger, suspicieux :

- Depuis combien de temps vous connaissez-vous ?

Un grand sourire étire les lèvres de Bel qui s'exclame :

- J'étais invité à vos premières noces ! J'espère l'être à vos secondes.

C'est trop pour moi. Un rire nerveux me secoue tandis qu'Orphée s'approche du brun pour lui donner une tape derrière le crâne avant de me rejoindre.

- J'étais poète. J'avais rencontré Bel dans le but de chanter ses aventures héroïques.

- Et au final, c'est toi qui es devenu un héros.

Il grimace et une ombre voile son regard.

- C'était il y a longtemps. N'en parlons plus.

Mon compagnon retourne aux commandes du bateau à moteur, une certaine tension l'habitant. Je pousse un soupir et me laisse tomber sur un des bancs. Le ballotement des vagues va finir par me donner la nausée. Mon « oncle » s'assoit à mes côtés et pose une main réconfortante sur mon bras avant de murmurer :

- Comment supportes-tu tout ça ?

- Pardon ?

Il soupire avant de plonger son regard ambré dans le mien.

- Yerine, je te connais. Tu as un véritable cœur d'or - quoiqu'à en croire ma chère Elämä, ton cœur soit plutôt vert - alors toute cette aventure et son lot de violence ne doivent pas te plaire. Orphée s'en inquiète. Il n'ose pas te le dire cependant.

Un instant, je réfléchis à ses paroles. C'est la première fois que j'y pense réellement en fait. Avec l'adrénaline et les courses folles, je crois que mon cerveau a préféré faire l'impasse dessus. Sauf cette fois, dans cette douche d'hôtel en Italie... Aussitôt, je sens mes yeux me piquer. Je secoue la tête en me mordant la langue pour ne pas me mettre à larmoyer. D'une voix étranglée, je réponds :

Yerine (Mélusine HS.1)Where stories live. Discover now