Chapitre 7.

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Je flâne dans l'immense manoir, jouant nonchalamment avec le pendentif autour de mon cou. Faire rouler l'espèce de rubis entre mes doigts m'apaise d'une certaine manière. Je me suis perdue jusqu'à trouver un escalier. Ma curiosité m'a poussée à l'emprunter. En chemin, j'ai croisé certaines femmes dont la beauté ne cessait de rivaliser. Toutes m'ont lancé des regards intrigués mais malgré le danger que dégageait leurs auras, aucune ne s'est réellement approchée de moi. À ma grande surprise. Au moins, je ne servirai pas de dessert à ces sirènes.

Poussée par mon instinct, je me dirige vers une petite pièce. J'y trouve Orphée assis par terre dans une chambre, un air si triste sur le visage que mon cœur s'en brise. Je suis là, ne t'en fais pas... Avec douceur, je m'approche de lui et m'assoit à ses côtés. Mon regard se pose sur ce qu'il tient dans ses mains. Une belle lyre, paraissant être faite de nacre et dont les cordes semblent être des fils d'or. Je lève mes yeux vers le héro dont les prunelles émeraude se sont fixées sur ma personne. Si cela ne me paraissait pas improbable, je pourrais croire qu'une larme y brille. Sans que je n'aie à poser ma question, il entreprend de m'expliquer d'une voix si basse qu'elle semble venir d'un autre temps :

« C'est ma lyre... Lorsque je suis venue m'occuper de toi, je l'ai confiée à Bel, qu'il la garde en sécurité. Il l'a ensuite envoyé à Mel. Je ne m'en étais pas séparé depuis... depuis qu'Apollon m'en a fait don. Bien avant que ce même dieu me tue dans une autre ligne de temps.

- Pourquoi t'en être séparé ? j'interroge, tentant de me focaliser sur les seules choses que je parviens à comprendre, abandonnant cette histoire de ligne de temps.

Mon ami avait tenté de m'expliquer plus en détail les récentes aventures de Mélusine mais je n'en avais pas compris un traître mot. Ses explications avaient rencontré un plus grand succès lorsqu'il avait s'agit de définir ce qu'étaient réellement les nymphes. J'avais ainsi appris que mes « semblables » se cachaient depuis des siècles et qu'il était d'une extrême rareté d'en croiser une. Créatures de la nature, elles pouvaient être affiliées à un élément particulier : les plantes, les eaux, la mer, les montagnes, le vent... et pléthore d'autres choses. Si elles pouvaient paraître fragiles au premier abord, Orphée m'a mise en garde : mes supposés pouvoirs sont d'autant plus puissants que je tirerais cette puissance de la nature elle-même. Mais en attendant, rien ne s'est montré jusque-là et je doute sincèrement d'être dotée de la moindre capacité.

- Je ne pouvais pas et prendre soin de toi tout en gardant un œil sur cet objet mythique.

- Je suis une grande fille, j'ai vingt ans Orphée. Je n'ai plus besoin que tu me chaperonnes comme lorsque j'avais seize ans. Tu aurais pu la récupérer depuis deux années déjà.

Il hausse des épaules. Son regard me fend réellement la poitrine. C'est comme si retrouver cet instrument, réellement célèbre dans la mythologie, revenait à retrouver une part de lui-même. Une part qu'il aimerait, qu'il souffrirait.

- Tu me joues quelque chose ?

Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Les mots m'ont échappé. Mais Orphée me sourit avec tendresse et s'exécute. Aussitôt, les premières notes d'une douce mélopée s'envolent de son instrument que ses doigts effleurent.

- Ce soir, Nix est tombée,
D'un coup fatal à sa beauté,
La lune s'est levée.

Sous ses pales rayons,
En reine, tu t'es avancée,
Guidée par ma chanson.

La douceur du chant m'emporte, les paroles m'envoûtent et j'ai l'impression d'être enfin en paix. Je crois qu'à cet instant, mon amour grandit jusqu'à m'en étouffer, tout comme ma fascination. La voix d'Orphée caresse mon âme et j'ai l'impression que celle-ci est enfin complète. Quelque chose dans ce chant m'est familier.

Yerine (Mélusine HS.1)حيث تعيش القصص. اكتشف الآن