Chapitre 8.

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Je ne suis pas croyante. Maman n'a pas jugé bon de m'enseigner la religion ou de m'inscrire à n'importe quel cours religieux que ce soit. Avec mon esprit « pragmatique » j'ai toujours cru qu'après la mort il n'y avait... rien. Les cellules se détérioraient, les électrons cessaient de s'entrechoquer et la vie disparaissait. Il n'y avait pas d'âme, rien qui ne subsistait. Fin de l'histoire. Pourtant, si je suis actuellement en train de réfléchir à tout cela, c'est qu'à l'évidence, je me suis trompée. Peut-être l'âme existe-t-elle finalement ?

« L'âme existe mais vraiment pas au sens où l'entendent les religions.

Je sursaute à l'entente de ces quelques mots qui résonnent d'une étrange manière autour de moi. Malgré tous mes efforts, je n'aperçois rien d'autre que les ténèbres qui m'entourent. Des ténèbres épaisses, qu'aucune lumière ne semble transpercer. Des ténèbres qui paraissent ne pas connaître de limites. Pourtant, j'ai bel et bien entendu cette voix...

- C'est ma voix.

Soudain face à moi, se matérialise la silhouette parfaite de Mélusine. Sa mèche blanche semble luire dans le noir, de même que ses prunelles océanes. Je recule d'un pas, me rappelant soudain de son coup de poignard, mais elle lève les mains en signe de paix, un air peiné sur le visage.

- Excuse-moi d'accord ? Je n'avais pas le choix, petite nymphe.

- Nous sommes mortes ?

- Moi non, je ne suis là que grâce à ma capacité à communiquer entre les mondes.

- Vous m'avez tuée.

Je déglutis. Elle semble sincèrement désolée, presque lasse. D'une voix atone, elle souffle :

- Et j'en suis désolée. Mais personne sur Terre n'a le droit de te révéler quoique ce soit sur ce que tu es.

- Sur Terre ? Où sommes-nous ?

- Les enfers, l'au-delà, le royaume de la Mort... Appelle-le comme tu veux, Elle n'est pas très exigeante.

Je fronce des sourcils et marque un temps d'hésitation.

- Elle ?

Mélusine esquisse un étrange sourire. Ses cheveux se mettent alors à blanchir drastiquement, ses yeux d'un bleu vif virent à l'argenté et sa voix se modifie lorsqu'elle lâche :

- La Mort.

La femme qui se tient désormais devant moi ne ressemble plus en rien à la sirène : ses yeux d'un gris perçant me dévisagent tandis qu'une immense et longue tresse à cinq mèches d'une blancheur lumineuse descend le long de son dos pour venir frôler le sol, contrastant avec la noirceur de sa tenue. Je me pétrifie tandis qu'un frisson glacé me parcourt. Je recule d'un pas, prise de tremblement. À n'en pas douter, j'ai bel et bien la Mort en face de moi. L'aura froide et mortelle qu'elle dégage ne peut tromper personne. Je m'attends presque à ce qu'elle m'emporte avec brutalité. Pourtant sa voix se fait douce lorsqu'elle murmure :

- Bonjour Yerine. Ou devrais-je t'appeler Eurydice ? Je ne sais jamais avec les réincarnations, c'est vraiment une roulette russe. Sauf qu'il n'y a pas de mort à la fin. Enfin si... parfois, mais c'est une exception.

J'ouvre la bouche et la referme aussitôt devant ce flot de paroles discontinu et lancé sur un ton badin. Je ne sais si cela me rassure ou me terrifie. La Mort serait-elle en train de... plaisanter ? Ses fines lèvres se fendent en un sourire ampli d'indulgence et elle soupire :

- Je me présente, je suis la Mort, entité créatrice de l'au-delà, sœur jumelle de la Vie, aînée du Temps et blablabla...

- La... Mort ?

Yerine (Mélusine HS.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant