Chapitre 18.

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Je suis entourée d'arbres si grands que leurs branches dissimulent le ciel qui s'obscurcit au-dessus de moi. Au travers des ténèbres, je ne parviens presque pas à me guider, dans cette forêt si dense qu'elle en semble irréelle. Faite pour qu'on ne puisse pas s'échapper. Je suis à deux doigts de perdre espoir et mon cœur bat si violemment dans ma poitrine que j'ai l'impression de frôler la crise cardiaque.

Je suis perdue. Il me faut me rendre à l'évidence.

Pourtant, malgré mon souffle saccadé qui résonnent à mes oreilles, un léger murmure parvient à attirer mon attention.

« Ecoute-nous, suis-nous, et tu seras sauvée ! »

Surprise, je regarde autour de moi. Il n'y a rien. Rien hormis quelques cailloux, des buissons et ces arbres si hauts que regarde leur sommet me donne le vertige.

Les arbres...

Les arbres !

Le vent fait frémir leur branche, les écartant sur une ligne droite, suivant une voie étrange, traçant un chemin. Suspicieuse, j'hésite à suivre son sens.

« Fais-nous confiance, mère. Nous saurons te guider... »

Mon don frémit à cet appel que me fait la nature et je sens cette dernière, au fond de moi, autour de moi, m'inciter à emprunter la voie dégagée devant moi. Alors, je m'y engage, suivant les indications que me murmurent le vent, la nature, et tout ce qui m'entoure. Au moins, ne suis-je pas en train d'errer sans véritable direction...

Alors que l'espoir se fait à nouveau une petite place dans mon cœur, je me demande soudain comment je ferai pour quitter l'île. À moins de trouver une embarcation ou quoique-ce-soit, je suis fichue. Coincée ici !

« Attention ! » me hurlent les arbres.

Trop tard. J'entends déjà ce craquement qui m'annonce que je ne suis plus seule et mon sang ne fait qu'un tour. Un ricanement sinistre rompt le silence de la forêt.

« Tiens donc, mais ne serait-ce pas ma mignonne ?

Je me fige net en entendant ces paroles. Relevant le visage, je blêmis en apercevant la figure tuméfiée de l'Apogonos qui me fait face. Je le reconnais, c'est homme qui a tenté de m'enlever lors de la soirée d'Yvana. Celui à cause de qui tout a commencé. Son tatouage mange la moitié de son bras, un bras au bout duquel un coutelas scintille entre ses doigts. Son sourire mauvais s'agrandit lorsqu'il devine ma peur.

- Tu me reconnais n'est-ce pas ? Regarde ce que ton petit copain m'a fait, ma mignonne !

Je le dévisage avec horreur. Effectivement ça doit être douloureux si même quelques jours plus tard c'est tout aussi enflé. Je recule d'un pas tandis qu'il s'avance vers moi.

- Voyons, Flétrissure t'avait pourtant prévenue. Nous connaissons bien mieux cette forêt que toi. Ici, tu es notre proie et nous sommes les chasseurs.

- Foutez-moi la paix ! je m'écrie, à fleur de peau.

Son sourire s'accentue et il fait mine d'affuter la pointe de son arme nonchalamment, sans me quitter une seule fois du regard.

- C'est si gentiment demandé... Je suis sûr que si tu y mettais un peu plus de bonnes volontés, je pourrais disons... te laisser essayer de t'enfuir. Avec vingt seconde d'avance. C'est plus marrant lorsqu'il y a un peu de défi.

La lueur de cruauté dans son regard me terrifie. Mais il est hors de question que j'entre dans son petit jeu. Je ne suis pas une biche qu'on peut s'amuser à prendre en chasse. Et surtout, je ne lui fais aucunement confiance. Je secoue négativement la tête, tentant de maîtriser mes tremblements.

Yerine (Mélusine HS.1)Where stories live. Discover now