I.

179 6 5
                                    

25 octobre 1920, Paris.

Une femme. La trentaine. Un mètre soixante-dix. Fine. Les cheveux courts, crantés, noirs. Talons aiguilles, bas noirs, jupe noire arrivant à mi-cuisses. Chemisier fluide, blanc, consciemment déboutonné, assez transparent pour laisser deviner des sous-vêtements en dentelle. Le tout sous un trench noir, ouvert. Elle porte un chapeau Fedora, noir également. Ses yeux bruns piqués de vert fixant tantôt le sol, tantôt le ciel. Grande, fière, exubérante, le pas assuré. Silencieusement belle. Sensuellement voyante. Discrètement provocatrice.

Elle se faufile, glisse, effleure. Elle se fond parmi les ombres des passants, furtivement démonstratrice.

Rue Le Tasse, dans le 16e. Un bâtiment, architecture classique française du XVIIe. Une arcade voussurée, un porche en bois orné d'or. Mais elle ne passera pas par là. Elle fait le tour de l'hôtel Errazu, jusqu'à trouver la porte qu'elle cherchait.

Elle avance dans le couloir, le tapis rouge étouffant le bruit de ses talons frappant le sol d'un rythme régulier, trahissant l'image d'une femme décidée. Chambre 107, elle frappe à la porte. Elle sent la lame du couteau dans sa poche.

L'Horreur est humaineWhere stories live. Discover now