Quand Katniss finit par se réveiller, ce fut au son de la voix de Elvis Presley. La première chose qu'elle vit fut Camille assise à ses côtés, entrain de dévorer un sandwich.Elle resta à ses côtés pour toutes les étapes qui suivirent son réveil. Elle lui tint la main quand on lui annonça qu'elle était la seule à avoir survécu l'accident. Elle l'entoura de ses bras pendant des heures quand elle pleurait à s'en rendre malade. Elle la tenait par la taille quand elle fit ses premiers pas. Quand il fallut retourner au lycée, c'est Camille qui l'y conduisit. C'est Camille qu'elle appela quand elle reçut sa lettre d'acceptation pour l'université de New York et c'est elle qui l'aida à emménager dans son appartement. En ce qui la concernait, ce qui lui avait sauvé la vie c'était l'amour de Camille et la musique. En juin, cela allait faire trois ans depuis l'accident et Camille restait la seule personne avec qui elle avait pu construire un lien durable et sincère.

Katniss était tellement absorbée dans ses pensées qu'elle faillit manquer son arrêt. Elle se jeta hors du bus plus qu'elle n'en descendit. Une brise fraîche rafraîchit sa peau brûlante et emporta avec elle le stress de la journée. Elle se mit en route vers son appartement en rêvant du moment où sa tête toucherait l'oreiller. Le vent souleva le bord de sa robe et caressa sa peau nue. C'est en fin de soirée que Katniss appréciait le plus New York. Le ciel se colorait de délicates couleurs pastels ou du rouge le plus vif. Ou bien les deux à quelques secondes d'intervalle seulement. Les bruits de la ville devenaient moins dissonants dans la soirée. Katniss y trouvait plus facilement une mélodie à laquelle s'accrocher. Le pouls de la ville ralentissait imperceptiblement. Juste assez pour vous laisser le temps de reprendre votre souffle. C'est dans ces moments là qu'elle se félicitait d'avoir quitté Atlanta pour New York. Tout le monde avait trouvé son choix incongru quand elle en avait parlé. Comment une fille qui faisait des crises d'angoisse à répétition allait survivre dans la ville la plus anxiogène du monde ? Camille avait dû s'en mêler pour que son psychologue, sa famille d'accueil de l'époque et la conseillère d'orientation la laissent partir. « Cette petite a besoin de changer d'air ! » avait-elle argué. « Si elle reste, c'est sans danger bien sûr. Mais qu'est ce qu'elle va devenir ici où il ne lui reste que des fantômes ? ». Son départ avait été négocié à la condition de sessions téléphoniques avec son psychologue d'Atlanta.Quelques mois plus tard, Katniss recevait sa lettre d'acceptation. Fin août elle emménageait dans son appartement. L'idée d'une chambre universitaire avait été abordée mais Katniss en avait fait une telle crise d'angoisse que cette option avait été vite abandonnée.

Katniss poussa le grillage qui menait à son bâtiment. Elle releva le tête pour jeter un dernier regard au ciel rouge-orangé avant d'entrer dans le hall quand soudain elle se heurta à quelque chose. Ou plutôt quelque chose la heurta. L'impact l'envoya valser dans un parterre de fleurs fanés que Katniss finit d'achever. Elle eut juste le temps de se demander « Qu'est ce que c'était que ce truc ? »avant de voir apparaître à quelques centimètres de son visage des yeux d'un vert incroyable. Ses oreilles bourdonnaient sérieusement mais elle réussit à entendre plusieurs exclamations étouffées.

- Je suis affreusement désolé, dit le garçon penché au dessus d'elle avec un sourire qui rendait ses excuses peu crédibles. Tu n'as rien de cassé ?

Katniss remua faiblement la tête bien qu'elle sentait une douleur lancinante se propager dans tout son corps. Elle se redressa toute seule feignant de ne pas voir la main tendue du garçon. Cela lui accorda quelques secondes pour se redonner une contenance puis elle planta ses yeux dans ceux de la personne qui venait de la faire voltiger. Le cœur de Katniss rata un battement. C'était assurément l'homme le plus beau qu'elle avait jamais vu. Avec sa peau dorée et ses cheveux blonds de surfer,il semblait en décalage complet avec l'atmosphère de New York. Et pourtant une aisance palpable se dégageait de lui qui laissait penser qu'il était complètement à sa place. Katniss pinça les lèvres très fort pour ne pas avoir l'air prise de court.

Le garçon, lui, fit voyager ses yeux sur le corps de Katniss sans la moindre gêne. Elle se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux et le trouva tout de suite moins attirant. Elle croisa les bras sur sa poitrine et recula d'un pas pour mettre de la distance entre elle et le mannequin abercrombie. Derrière lui, se tenait un petit groupe de personnes qui la regardait avec inquiétude. Katniss les passa en revue rapidement. Deux filles et quatre garçons. Un des garçons fit un pas en avant et tendit son bras vers elle comme pour s'assurer qu'elle n'allait pas tomber dans les pommes.

- Tu es sûre que ça va ? Tu es toute pâle. S'enquit-il avec sollicitude.

Il était blond lui aussi mais ses cheveux étaient d'un blond pâle.Ses yeux bleus l'observaient avec appréhension. Quand elle ne répondit pas de suite, il continua :

- Tu as besoin qu'on te raccompagne chez toi ? Histoire que tu ne t'évanouisses pas en chemin ? Tu as pris un sacré choc, peut être que tu es commotionnée.

Katniss répondit « Non merci, j'habite juste là » en même temps qu'une des filles disait « On a pas le temps pour ça ».Quelques secondes de silence passèrent où personne ne dit rien. Katniss regarda la fille qui avait parlé du coin de l'œil. Elle avait un peau ambrée et des cheveux roses qui lui tombaient en cascade jusqu'à la taille. Elle observait Katniss d'un œil froid. Elle haussa les épaules d'un air différent et rejeta sa chevelure en arrière.

- On est déjà en retard, précisa-t-elle.

L'autre fille, qui elle avait les yeux chargés de khôl et des cheveux coupés à la sauvage, roula des yeux et s'exclama :

- Sérieusement ? Finnick a failli casser en deux ma nouvelle voisine, on peut attendre cinq minutes je pense.

Un éclair de compréhension traversa le cerveau de Katniss. Finnick. Son regard se tourna automatiquement vers lui. Il lui offrit un petit sourire en coin.

- N'exagérons rien. Elle m'a l'air en pleine forme cette jeune fille.

Maintenant elle reconnaissait sa voix grave. Et si c'était Finnick, alors cette fille était...

- Joahanna, dit-elle simplement en tendant sa main vers elle.

Elle lui serra la main machinalement.

- Katniss, marmonna-t-elle entre ses dents.

Elle sentait qu'une bosse était entrain de se former à l'arrière de sa tête et la menaçait d'une méchante migraine. Il devenait urgent pour elle de s'allonger sinon elle allait leur donner raison et tomber dans les pommes. Et elle ne pourrait pas supporter une autre humiliation de ce genre.

- Vous feriez mieux d'y aller si vous êtes en retard, dit-elle simplement avant de faire volte face brusquement et de s'éloigner d'une démarche qu'elle espérait digne.

Katniss était déjà loin mais elle entendit quand même un des garçons dire en riant :

- Elle s'est envolée comme une poupée de chiffon

Un picotement désagréable dans la nuque lui indiqua qu'ils étaient entrain de la regarder partir. Katniss tapa le code de de sécurité de l'immeuble à toute vitesse et se réfugia à l'intérieur pour se protéger de leur regards. Une fois à l'abri, elle inspira à pleins poumons l'air humide du hall. Elle ne s'était pas rendue compte qu'elle avait retenue son souffle tout ce temps. Une bouffée de panique menaça de la submerger. Katniss ne se sentait pas prête à affronter tous les amis de Johanna quotidiennement. Parce que de toute évidence, ils étaient inséparables. Ils avaient cette façon d'exister ensemble. Une sorte d'entente absolue. Du peu de ce qu'elle avait vu d'eux, ils lui avaient donné l'impression d'être une famille. Bien plus que des amis. Avec un pincement au cœur, elle réalisa que vivre à côté d'eux n'allait rien arranger à sa solitude. Elle tenta de ravaler sa rancœur, de ne pas la laisser prendre le dessus mais même une heure après quand elle se coucha enfin, elle sentait encore son goût désagréable dans sa bouche.

The upside of falling (Fanfiction Hunger Games)Where stories live. Discover now