XXXIV

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23h 47, nouveau message :

Je suis pas sur que ce message soit une bonne idée. Je pense même que c'est le contraire. Mais y'a des fois où on ne peut pas faire autrement. Je sais ce que j'ai à écrire, mais je ne sais pas comment le faire. Comment te le dire.

J'étais complètement déchiré, quand je t'ai envoyé tous ces messages te disant que je te haïssais d'être aussi naïf, de ne pas voir ce que tu as juste sous les yeux. Mais j'étais quand-même assez conscient pour savoir ce que je te disais, ce que je te livrais. T'as fait comme si de rien n'était, t'es passé au-dessus et même si je t'en remercie de ne pas avoir tenu compte de tout ce bordel, je t'en veux. J'aurai préféré que tu m'en parles, que tu me demandes de t'expliquer pour si soudainement, pourquoi ces mots, pourquoi ces messages. Sauf que tu n'en as rien fait.

Et aujourd'hui, je me retrouve avec l'impression d'être passé à côté de quelque chose. Surtout depuis cet incident à ta fac. J'ai eu la peur de ma vie, vraiment. Pendant un instant, j'ai cru ne jamais te revoir. Et j'ai réalisé que je ne pouvais pas l'imaginer. Ma vie sans toi est impensable. Pourtant, j'ai beau m'efforcer de tout repousser, d'enfouir en moi ce que je ressens pour maintenir notre amitié, j'y arrive plus.

Je sais pas faire semblant, Chad. Je peux pas m'empêcher de te lancer ces regards qui en disent longs, de te taquiner jusqu'au point de non-retour, de te dire ces phrases à double-sens, de te montrer mes sentiments. J'ai besoin que tu le vois, que tu le saches. Je dois partager ce que ressent mon cœur avec toi.

J'aurai voulu te dire tout ça en face. Même si je sais que tu rentres dans quelques jours, ce soir, ça cogne trop dans ma tête pour le retenir. Je me souviens que tu m'as dit que tu voulais nous préserver, ne rien détruire. J'ai pas réussi à le faire, j'en suis désolé. Je n'ai pas ta force d'esprit. Je suis faible, avec toi, pour toi.

Je peux pas continuer à ne voir qu'en toi un meilleur ami. Tu as toujours été plus important.

Aujourd'hui, tu le sais. A toi de choisir ce que tu nous réserves.

Instants fugacesWhere stories live. Discover now