Instants fugaces

XXV

Le souffle court, je ne m'arrête pas de courir. Tout est vide de monde. En même temps, ce n'est pas à sept heures trente qu'on va croiser des jeunes en vacances sur un terrain d'athlétisme.

Je regarde ma montre : trente minutes que je cavale. Je secoue la tête, inspire et me redresse. Ca fait bien une heure que je suis là. Je me suis réveillé en sursaut, sans aucune raison et je n'ai pas pu me rendormir. La première chose que j'ai faite : envoyer un message à Kris. Mais évidemment, pas de réponse. Alors j'ai pris une veste, mon portable et j'ai tracé jusqu'ici. Mis à la disposition par la mairie, ils ont laissé ouvert le complexe sportif de notre ville.

- Chad !

Je sursaute, une main sur le cœur avant de me retourner vers l'entrée. Kris est appuyé contre le mur en béton des gradins. Il me fait un signe, amusé en rejoignant les bancs. Je le rejoins et m'étire.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Il hausse un sourcil avant de sortir de son sac des viennoiseries et un thermos. Oh mon dieu.

- Bah je t'amène le petit déjeuner.
- Tu es le meilleur.

Je gémis de plaisir en croquant dans un croissant, sous son regard moqueur. J'ai vraiment trop faim. Ce mec est une bénédiction.

- Qu'est-ce que tu fous ici, aussi tôt ?

Je hausse les épaules en me servant une tasse de thé chaud. Qui mieux que lui me connaît aussi bien ?

- Chad, sérieux. Tu m'as envoyé un message à cinq heures.
- Pouvais pas dormir.
- Donc tu t'es pointé ici.

Je hoche la tête alors qu'il regarde la piste devant nous. Puis un sourire étire ses lèvres avant qu'il ne me prenne mon verre pour boire. Je grogne, et prends un autre croissant.

- Je préfère que tu sois là qu'ailleurs.
- Pourquoi ?

Je fronce les sourcils tandis qu'il me lance un coup d'œil mesquin. Je le sens pas.

- Parce qu'ici, on est seul.

J'écarquille les yeux lorsqu'il me pousse du banc et part en explosant de rire. Les fesses douloureuses, je me relève et hurle en le pourchassant. Il va me le payer !