chapitre 19

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- Viens avec moi, on s'entend pas ici, me dit-il comme un ordre.

Il restait planté devant moi, probablement en train d'attendre que je le suive. Je n'étais pas persuadée que sa proposition soit une bonne idée. Les quelques verres que j'avais ingurgité ne m'aidaient pas à juger sa proposition avec discernement.

Il suffisait que je dise non, que je me contente de flirter avec le barman ; se serait plus simple ainsi, plus raisonnable. Malheureusement pour moi, Noam me rendait déraisonnable et imprudente.

Je me levai alors à mon tour et Noam emboîta le pas. Nous descendions les escaliers qui menaient au roof-top, traversions le bar sans un mot pour enfin sortir dans la rue.

C'était une nuit douce ; les températures étaient encore chaudes en cette période de l'année. Ainsi, la fraîcheur nocturne était tout à fait agréable. Je n'étais pas certaine de comprendre ce que nous faisions ici. Il m'avait pourtant dit qu'on ne s'entendait pas sur la terrasse mais il ne semblait pas avoir envie de parler pour autant. Pour la énième fois, je ne me sentais pas maître de mes émotions et ne savais pas à quoi à m'attendre.

Noam s'alluma une cigarette et je décidai d'entamer la conversation, bataillant contre ce silence accablant.

- Alors, cette Nyah, qui est-ce ?

- Une perte de temps, rétorqua t-il.

- Ça fait plusieurs fois que je te vois avec elle.

- Et alors ?

- Et bien je ne sais pas, je m'étais dis que c'était peut-être sérieux.

- Ça ne l'est pas, répondit-il rieur. Pourquoi est-ce qu'on parle d'elle déjà ?

À mesure que nous parlions, je tentais tant bien que mal de m'éloigner de lui. Je m'efforçais de maintenir une distance de sécurité entre nous, souhaitant garder mon self-contrôle. Malheureusement, je ne pus pas aller bien loin puisque je n'étais déjà qu'à quelques centimètres du mur.

- Tu es tellement bavard que nos sujets de conversations ont tendance à diverger, dis-je ironiquement.

Il se tourna maintenant afin d'être face à moi et mon rythme cardiaque ne put s'empêcher de s'accélérer. Il était plutôt proche de moi, trop pour que cela me laisse indifférente. Je pouvais déjà me sentir oppressée par sa proximité, j'étais coincée entre lui et le mur sans porte de sortie. J'essayais malgré moi de garder mon calme, me persuadant que l'alcool me jouait des tours. 

Il diminua encore un peu la distance qui nous séparait, grattant quelques centimètres chaque seconde. Je le regardais droit dans les yeux, priant intérieurement pour ne pas perdre ma raison et mon calme. Je pouvais percevoir cette petite flamme dans son regard. Il semblait sûr de lui, probablement conscient de l'effet qu'il me faisait.

Il posa une main à droite de ma tête, sur la paroi de béton à laquelle j'étais adossée.Ainsi, l'espace qui se trouvait entre nous étaient à présent trop faible et il était de plus en plus difficile pour moi de rester de marbre. Ses yeux m'envoutaient, les miens alternaient entre sa bouche et ses pupilles noires. Il semblait jouer avec mes nerfs, faisant de cette attente un supplice.

- Arrête de faire ça, soufflai-je comme une prière.

- Faire quoi ? répondit-il d'une voix rauque.

Il savait très bien ce que je voulais dire. Il jouait de son regard qui m'électrisait, de son odeur alléchante ; un mélange de whisky, de cigarette et de parfum pour homme. Mon visage entier me chauffait et je perdais petit à petit la notion de retenue. J'avais terriblement envie de l'embrasser, et je crois bien qu'il en avait envie également.

PassionnelWhere stories live. Discover now