CHAPITRE 5

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    Sa capuche rabattue sur ses cheveux verts, son masque bien remonté sur son nez, Yoongi déambulait dans les rues. Le soleil brillait fortement dans le ciel, et le jeune homme soulevait des regards interrogateurs quant à sa tenue. Après tout, il faisait chaud, et il était couvert des pieds à la tête. Pourtant, il ne souffrait pas de la chaleur. Son esprit froid suffisait à lui faire garder la bonne température.

    Aujourd'hui, il avait prévu de faire des repérages dans une petite boutique, très fréquentée. Cela faisait plusieurs jours qu'il venait à différentes heures, pour voir comment le public évoluait au fil des heures. Le jeune homme avait repéré toutes les caméras, et lorsqu'il s'était penché pour prendre une bouteille d'alcool, proche du comptoir, il avait vu qu'il n'y avait pas de bouton d'alarme. Donc, pas de possible arrivée des flics.

    Donc, pas de Hoseok.

    Cela faisait deux semaines qu'il ne s'était pas fait arrêté. Le vert en avait profité pour dealer un peu, et avait accepté le défi qu'un type lui proposait lors d'une course de voiture. Étant donné qu'il n'avait pas de voiture de course, contrairement à la majorité de ses adversaires, il s'était lié d'amitié avec un concessionnaire de luxe. Il était un client régulier, et avait percé à jour l'homme, qui arnaquait le gouvernement en détournant une partie des fonds. 

    Leur relation était basée sur l'amitié et les menaces, mais c'était ce dont Yoongi avait l'habitude. Il ne savait pas comment faire pour être totalement honnête avec des gens. Gens qui pouvaient potentiellement lui faire du mal. Il avait toujours besoin d'avoir au moins deux coups d'avance. Pour se protéger.

    Le vieil homme le regarda entrer, toujours sur ses gardes. Il était dans les alentours d'une heure de l'après-midi, et le magasin était bondé. Les clients achetaient de quoi faire un pique-nique, avec le beau temps dehors. 

    Comme à son habitude, il attrapa une bouteille de rhum, et se dirigea vers la caisse. Le jeune homme savait parfaitement que les autres clients le dévisageaient, le cataloguaient comme déchet de la société ou comme voyou et honnêtement, il s'en fichait totalement. Cela faisait bien longtemps qu'il avait cessé de se préoccuper du regard des gens. 

    Le vert allait prendre sa monnaie lorsque le mouvement des portes automatiques le fit se retourner. Son regard se figea lorsqu'il reconnut la démarche et la silhouette parfaite de Hoseok. Sa peau miel, ses cheveux noirs et ondulés, son grand sourire et ses yeux brillants... 

    D'accord, il était vraiment atteint.

    Le coloré se hâta donc de prendre le rhum et sa monnaie, qu'il fourra dans sa poche, avant de quitter la petite échoppe. Malheureusement pour lui, l'officier le reconnut également, et le héla :

    « Hé, Yoongi ! »

    Une main se posa sur son épaule et l'empêcha de sortir du magasin. Furieux, Yoongi ôta violemment la main du policier et le regarda sans état d'âme.

    « Ça fait deux semaines qu'on s'est pas vu. » reprit-il avec un sourire éclatant. « Tout va bien de ton côté ? »

    Non. Tout va mal. Parfois, quand je vais sur le toit pour boire comme un trou, j'ai envie de sauter. J'ai besoin de l'adrénaline dans mon sang pour savoir que je suis vivant. Je ne suis plus qu'une putain de loque qui se contente de survivre sans aucun but dans sa misérable et pathétique vie.

    « Ça va. » grogna-t-il en tournant les talons.

    Il sortit de la boutique et accéléra le pas quand il se rendit compte que Jung le suivait. Une nouvelle fois, il l'arrêta, et cette fois-ci, ôta sa capuche, l'air plus sérieux.

    « Qu'est-ce que tu comptes faire avec cette bouteille ? » s'inquiéta le bouclé.

    « Chasser les zèbres. » répondit nonchalamment le plus jeune. « Vous avez fini votre interrogatoire, je peux y aller ? »

    «  Excuse-moi de m'inquiéter pour toi. » souffla Hoseok en haussant les sourcils.

    « J'ai pas besoin qu'on s'inquiète pour moi. »

    Si au contraire, je t'en supplie, empêche-moi de partir, prend-moi dans tes bras et dis-moi que tout ira bien !

    « Oh. Et bien... on se reverra la prochaine fois alors, Yoongi. »

    Visiblement blessé, l'officier tourna les talons et entra dans la boutique, laissant le vert dans la rue, seul. Encore une fois. 

    Ses doigts se raffermirent sur la bouteille, et le coloré rabattit sa capuche sur sa tête. Peut-être qu'il n'avait plus peur du regard des gens, mais la foule continuait à l'angoisser, et il se sentait bizarrement à nu sans la protection de sa capuche.

    Désormais, son esprit était bouillant. Il aurait tant aimé que le bouclé le retienne, insiste, encore et encore, et l'aide. Pourtant, il n'avait pas su discerner ses appels à l'aide à travers son ton froid et distant. Mais c'était de sa faute, pas vrai ? Il avait toujours été comme ça.

    Yoongi quitta la rue. Et il ne vit pas le policier retourner sur ses pas pour le chercher.


    Le coloré était complètement ivre. Contrairement aux personnes normales lorsqu'elles étaient torchées, il n'avait pas un sourire niais sur les lèvres. Il n'avait ni l'alcool heureux, ni l'alcool triste. Mieux encore, l'alcool le rendait entièrement neutre. Il ne réagirait pas, si un meurtre se déroulerait devant ses yeux. Et c'est pour ça qu'il aimait autant boire : son subconscient le lâchait pendant quelques heures, et il se sentait tranquille, apaisé.

    Sans rien pour le juger.

    Ses doigts se crispèrent autour du volant, et le moteur de sa voiture de course rugit avec puissance. L'adrénaline coulait à flot dans ses veines, et il se sentait revivre pour l'une des premières fois depuis longtemps. Ses pupilles brillaient d'excitation. 

    À ses côtés, son adversaire avait le même mouvement du pied, et appuyait régulièrement sur l'une des pédales pour faire vrombir la voiture. Face à eux, une demoiselle en short très court agitait un drapeau devant eux, comme dans les films. Mais peut-être n'était-ce qu'une création de l'esprit de Yoongi. À l'instant où elle l'abaisserait, la course commencerait. 

    Yoongi avait une très bonne réputation pour les courses de voiture. Il avait ses propres fans, des nanas en chaleur qui lui montraient leurs seins, complètement stones, ou des mecs qui rêvaient d'une chose : le mettre dans leur lit. 

    Le public hurlait, levait le poing en l'air en encourageant les deux participants. 

    Et puis, en l'espace d'une demi-seconde, la jeune femme habillée très court en face des deux bolides abaissa le drapeau. La première voiture qui s'élança fut celle du vert, qui évita de peu la présence féminine. 

    Les deux véhicules étaient au coude à coude. Ils se cognaient régulièrement. Ils roulaient beaucoup trop vite dans les rues de la capitale, si bien qu'une dizaine de minutes après le départ de la course, ils eurent des voitures de police à leurs trousses. 

    Le vert accélérait encore et encore, jusqu'à ce qu'il arrive à un point où il ne pouvait pas aller plus vite. Il avait semé la voiture de son adversaire, qui semblait hors de lui, dans le rétroviseur. Lorsqu'il termina la boucle du circuit le premier, le public en chaleur hurla son prénom. Mais alors que tous pensaient que le conducteur allait ralentir, ce dernier, dans les nuages à cause de l'alcool, perdit le contrôle de sa voiture. Mais l'avait-il réellement perdu ou n'avait-il simplement pas eu l'envie de freiner ?

    Les lumières qui éclairaient le visage saignant du coloré n'étaient plus celles des véhicules de police, mais celles des ambulances.

shadow +sopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant