« Mais ferme ta gueule ! »

    Le coloré la foudroya du regard, hors de lui. Il bascula le sac sur son dos, et glissa l'arme dans son pantalon. La jeune femme le regardait toujours, l'air béat. Ses yeux s'étaient écarquillés lorsqu'elle avait vu les nombreux tatouages sur ses mains pâles et osseuses. De vraies mains de pianiste.

    Peut-être que Yoongi serait devenu un artiste si ses parents l'avaient poussé dans le droit chemin.

    « Vous allez vraiment partir... comme ça ? »

    Le voleur leva les yeux au ciel, les poings serrés. Si elle pensait vraiment qu'il allait réaliser ses fantasmes bizarres, elle se mettait le doigt dans l'œil jusqu'au coude.

    Un éclat de lumière bleue et rouge dehors attira son attention. Agacé, il lança un regard à sa montre et constata qu'il était resté sept minutes dans la boutique. Deux minutes de trop, visiblement, puisqu'une voiture de police venait de se garer devant la bijouterie.

    « Vous avez déclenché l'alarme ? » cracha-t-il, hors de lui.

    « Non, je vous le jure ! » se défendit la jeune femme en chouinant.

    « Salope. »

    Une silhouette qu'il connaissait bien poussa la porte à son tour, avant d'entrer dans le magasin. L'air las, il s'appuya contre la vitre et croisa les bras sur son torse. Il avait des cheveux ondulés qui retombaient devant ses yeux, des pommettes hautes et des yeux d'une jolie couleur écorce. Il faisait froid dehors et pourtant, l'officier portait un uniforme aux manches courtes, qui dévoilait ses larges biceps.

    « Encore toi, Yoongi ? » souffla le policier en penchant sa tête sur la droite. « Tu n'as pas encore retenu la leçon ? »

    « Il faut bien que je gagne ma vie, agent Jung. » ricana Yoongi en ôtant sa capuche.

    Ses doigts agrippèrent son masque noir et il le baissa sur son menton, dévoilant un petit nez et des lèvres roses. Il avait une peau très blanche, peut-être même trop blanche, en fait. C'était une pâleur maladive.

    « Dépose ce que tu avais l'intention de voler, et présente-moi tes poignets. Je t'embarque au poste. »

    Avec un long soupir, le jeune homme posa le sac au sol, avant de sortir son arme et de la poser également à ses pieds. Puis il tourna le dos à Jung, avant de lui montrer ses poignets. Ses pupilles noires montraient clairement son ennui et sa lassitude.

    Des mains chaudes enfermèrent ses poignets frêles dans des menottes en fer froid, avant que l'une d'entre elles ne se pose sur son épaule et le dirige vers la porte, sous le regard effaré de la jeune femme, qui n'avait pas bougé d'un pouce.

    « Au fait, madame, » reprit l'officier dans sa direction avec un léger sourire, « vous souhaitez porter plainte ? »

    « Euh... non, enfin, il ne m'a rien fait... »

    Elle semblait clairement déçue.

    « Très bien. Bonne fin de journée. »

    Puis Jung le fit sortir de la boutique. Il pleuvait toujours, et certaines gouttes étaient éclairées par les phares de la voiture. Contrairement au vert, le policier avait la peau miel, brillante. Il n'avait pas de tatouage, ni de piercings. Ils étaient tous les deux très différents.

    Yoongi se demandait même s'ils avaient quelque chose en commun.

    Avec douceur, le noiraud l'incita à grimper à l'arrière de la voiture, avant de fermer la portière. Son regard s'attarda sur le fessier bombé du deuxième, avant de laisser promener ses pupilles sur le paysage derrière la vitre. Bien qu'ils n'avaient pas encore bougé, le coloré avait besoin de regarder le monde extérieur.

    « Tu ne veux toujours pas m'expliquer pourquoi tu voles des gens honnêtes ? » soupira l'officier en le regardant par le rétroviseur.

    « Non. »

    « Alors je te mets en garde à vue. »

    « Ça n'est ni la première, ni la dernière fois. » ricana le voleur en agitant ses poignets menottés.

    Il avait pris l'habitude de sentir les menottes en fer autour de sa peau. Avec le temps, la froideur de l'objet ne lui faisait plus rien. C'était presque comme une partie de lui.

    Lorsqu'il était encore gamin, il s'imaginait artiste, ou alors écrivain, ou encore mieux, tatoueur. Il adorait dessiner, graver des souvenirs sur la peau. Sa gorge se serra quand il se rendit compte que le gamin qu'il avait été serait sûrement déçu en voyant comment il avait fini, aujourd'hui.

shadow +sopeWhere stories live. Discover now