*Chapitre 8*

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C'est avec une certaine appréhension que je me rends en cours aujourd'hui, ce soir nous allons parler de notre projet à Laure et à la directrice de l'école de danse. J'ai mis tellement d'énergie dans ce projet que je ne supporterais pas de devoir y renoncer. En y réfléchissant, il n'y aucune raison pour qu'elles s'y opposent, mais ça me fait un peu peur quand-même, je dois l'avouer.

Pour essayer de me changer les idées, je focalise toute mon attention sur les cours, qui s'avèrent être plutôt intéressants aujourd'hui. En français notre professeur nous donne un sujet de rédaction et je prends un grand plaisir à façonner mon texte tout au long de l'heure, en EMC on fait un débat sur la liberté d'expression qui est très intéressant et en technologie on doit inventer la maison du futur en petit groupe, puis présenter notre projet à la classe. L'école a beau être souvent vu comme une corvée pour une majorité des élèves, j'avoue prendre un certain plaisir à aller en cours et étudier. Bien évidemment tous les sujets ne m'intéressent pas, mais la plupart du temps je trouve un intérêt à ce que j'apprends.

Lorsque la sonnerie de 17h30 retentit, je sens une vague de stress monter en moi. Myriam et Fanny voient mon air inquiet et me souhaitent bon courage en m'assurant que tout va bien se passer. Je dois avouer que ça me rassure de savoir que mes amies du collège sont au courant de tout ce qui me tracasse. Sans elles à mes côtés j'aurais plus de mal à me détendre. Il est maintenant temps pour moi d'aller à l'école de danse, après tout, c'est vrai qu'il n'y a aucune raison que ça se passe mal. Quand j'arrive dans les vestiaires, Elena, Lilou et Pauline sont déjà là et elles ont l'air aussi tout aussi stressé que moi ! Nous nous changeons en discutant de la façon dont nous allons présenter notre projet. Nous avons prévu de le faire après le cours, danser nous fera sûrement le plus grand bien et nous serons plus détendues le moment venu.

Nous entrons toute dans la salle de danse avec le même désir de danser du mieux possible avant de faire part de notre projet à Laure. Une fois que je commence à danser j'oublie tout ce qui me tracasse. Je ne pense qu'à la danse. Tendre mes pointes de pied, garder mon dos droit, baisser mes omoplates, suivre la musique, ne pas aller trop vite ni trop lentement. Tous ces détails qui font la différence quand l'on regarde une personne danser. Après la barre, nous travaillons les tours, et ça tombe bien c'est ce que je préfère ! Nous commençons par de simples promenades, puis des assemblés soutenus, des tours piqués et enfin des pirouettes. J'enchaîne les tours avec un plaisir grandissant. Cela peut paraître simple quand on ne s'y connaît pas, mais réussir à tourner correctement, tout en atterrissant de la bonne manière, n'est pas chose aisée, loin de là. Je pense que c'est une des raisons pour lesquelles j'aime tant les tours. Certains sont si compliqués au début que l'on ressent une immense satisfaction lorsqu'on y arrive enfin. Et puis, quand je tourne je me sens libre et forte. Je fouette l'air de mes bras et de mes jambes sans que rien ne puisse m'arrêter. Je suis maître de mes gestes et de mes déplacements. Voilà pourquoi j'aime danser.

Nous avons toutes un air surpris lorsque Laure nous annonce que le cours est terminé. Nous étions tellement absorbées par la danse que nous n'avons pas vu le temps passer. C'est alors que le stress refait son apparition. C'est le moment d'aller parler à notre professeure. Étant celle qui a initié le projet, c'est à moi de faire le premier pas.

- Laure ? dis-je d'un ton pas très rassuré

- Oui Maëva ? Qu'y a-t-il ?

- Nous aimerions vous parler d'un projet à toi et la directrice après nous être changées. Est-ce que tu crois que ce serait possible ?

- Bien sûr, sans problème. Changez-vous vite, j'ai hâte d'en savoir plus ! me dit-elle en me faisant un clin d'œil

- super merci !

Ça y'est, mon stress s'amenuise petit à petit. Laure a l'air enthousiaste, ce qui rendra la suite de notre tâche beaucoup plus facile. Nous retournons donc toutes dans le vestiaire pour nous changer. Personne ne dit rien, je pense que nous essayons toutes de réfléchir à la façon dont on va présenter notre projet dans quelques minutes. Une fois que tout le monde est prêt, Elena prend les devants et clame : « Allez les filles, c'est le moment ! » Nous sortons toutes en même temps et nous dirigeons vers le bureau de la directrice où elle nous attend avec Laure. Mme Encima est une femme assez âgée avec une allure de danseuse, elle dirige l'école depuis de nombreuses années, c'est sûrement même elle qui l'a fondée. Elle nous regarde d'un air bienveillant avant de nous dire : « Bonjour mesdemoiselles, entrez n'ayez pas peur. Alors, de quoi vouliez-vous nous parler à Laure et à moi ? » Dans un premier temps nous n'osons pas dire un mot, puis Elena se lance : « Alors voilà, quand on a appris que l'école allait fermer, ça nous a tout beaucoup affectées et on a décidé qu'on devait faire quelque-chose pour empêcher ça. Ou au moins essayer. On s'est donc réunies à plusieurs reprises pour trouver une idée qui pourrait nous permettre de sauver l'école et on en a trouvée une qui nous paraît intéressante. Mais on aurait besoin de vous pour la mettre en œuvre. » Je prends le relai pour expliquer notre projet : « En fait, on voudrait organiser un festival pour faire connaître l'école et prouver que la danse peut être quelque-chose d'amusant. Le but serait de donner envie aux gens de danser, à travers un moment convivial et plein de bonne humeur. Il ne faut pas que ça ressemble à un évènement publicitaire, mais vraiment à une fête où tout le monde est le bienvenu. » La directrice et Laure se regarde en souriant. Puis cette dernière prend la parole : « Je serais ravie d'organiser cet évènement avec vous, et je crois que Mme Encima est aussi de mon avis. N'est-ce pas ? » dit-elle en s'adressant à la directrice. Celle-ci confirme d'un signe de tête avant d'ajouter : « Je suis vraiment touchée par votre détermination à sauver l'école et je vous soutiendrai avec grand plaisir dans ce projet qui me paraît être une très bonne idée. Je vous propose de se retrouver les samedis après-midi pour organiser tout ça. » Nous acceptons toutes la proposition de la directrice et nous la remercions chaleureusement avant de partir. En sortant de l'école, nous avons toutes un sourire aux lèvres ? Nous sommes pleines d'espoir quant à la suite de notre projet. Maintenant que nous avons le soutient des deux personnes les mieux qualifiées pour nous aider, cela va forcément bien se passer. Je rentre chez moi avec une motivation que je n'avais pas ressentie depuis très longtemps, nourrie par l'espoir.

Danseuse un jour et pour toujoursWhere stories live. Discover now