*Chapitre 2*

26 7 5
                                    


Je me réveille de bonne humeur ce matin, malgré la faim qui me tiraille l'estomac. Je descends à la cuisine et me prépare mon petit déjeuner habituel : lait à la vanille et banane écrasée avec du muesli. Un régal! Après m'être rassasiée, je m'habille puis passe mon cartable au détecteur de cahier pour ainsi vérifier que je n'ai rien oublié. Cette invention est très pratique. Surtout pour les têtes en l'air comme moi! Je me dirige ensuite vers la porte et place mes deux mains dans le lecteur d'empreintes digitales pour la verrouiller, le lecteur ne reconnaît que les empreintes des personnes autorisées à rentrer chez moi et si je n'ai pas les mains libre je peux la verrouiller ou déverrouiller oralement, en répondant à des questions personnelles dont je suis la seule à connaître la réponse, comme par exemple « Quelle est ma plus grande peur, ma plus grande manie, mon livre préféré... ». Je rentre ensuite dans le téléporteur, programme ma destination et me retrouve aspirée dans un réseau de tuyaux souterrains qui me conduisent en moins de trois secondes au collège, sans la moindre impression d'avoir bougé d'un centimètre. Mon arrière grand-mère me dit souvent que quand elle était jeune, son rêve était de pouvoir se téléporter. Et maintenant que les téléporteurs existent, elle est trop âgée pour les emprunter. Allant à plus de 1000km/h, les personnes plus fragiles comme les femmes enceintes, les nourrissons ou les personnes de plus de cent ans, ne peuvent emprunter ces engins par mesure de précaution. La vitesse et la fragilité ne font jamais bon ménage.



Arrivée au collège, je passe ma carte dans le lecteur afin que la porte s'ouvre et je m'engouffre dans la cour remplie d'élèves bruyants. Parmi la foule j'aperçois Fanny et Myriam, deux amies qui sont dans ma classe: La 6°3. Nous discutons de tout et de rien en profitant du soleil d'Octobre. A la sonnerie nous nous rangeons par deux, devant l'entrée de la salle de M. Neuvart, notre prof d'histoire. C'est quelqu'un de plutôt gentil, mais il est parfois capable de se mettre en colère si on l'énerve. Nous entrons dans la classe plus ou moins en silence et nous installons à nos places attitrées. M.Neuvart nous demande de sortir nos cahier et nous annonce que nous allons commencer un nouveau chapitre très important: "La troisième Guerre Mondiale".

Il commence alors à nous expliquer que cette guerre fût vraiment spéciale et particulièrement meurtrière.

-« Vos grands-parents ou arrières grands-parents ont sûrement dû vous en parler. Cette période de l'existence humaine est certainement la pire de toutes. Alors que la société avait trouvé un certain équilibre et que les citoyens étaient quasiment tous égaux en tout point, la guerre dans les pays comme l'Irak (entre autres) commença. Malgré le fait qu'elle fût cruelle et que les habitants de ces pays étaient tous voués à mourir un jour ou l'autre de n'importe quelle façon, les occidentaux ne s'en souciaient pas plus que ça. Je ne dis pas que qu'ils y étaient totalement indifférents, bien évidemment on en parlait beaucoup à travers les médias et nos troupes militaires prenaient part à cette bataille, mais jamais nous ne nous serions douté que la guerre allait continuer sur nos terres. »

Il s'arrête un moment pour rependre son souffle et nous laisser digérer les informations. Il reprend : « Lors du premier attentat, le 7 Janvier 2014, jamais nous n'aurions cru que cela prendrait autant d'ampleur et encore moins que cela deviendrait une guerre mondiale, la troisième guerre mondiale, la guerre terroriste. »

Après ce long monologue, tout du moins captivant, nous commençons à copier un peu le cours et à remplir une frise chronologique sur nos tablettes tactiles. Nous n'utilisons plus de stylos, à la différence de nos grands parents qui en usaient beaucoup à leur époque. Cependant, pour que l'art d'écrire ne disparaisse pas complètement, nous avons des cours de calligraphie deux fois par semaine. J'adore ça ! Je trouve que former des lettres revient à faire danser le stylo sur le papier et je trouve cela sublime. Ce sont mes cours préférés avec l'art plastique et le français. J'aime aussi beaucoup la musique mais je préfère tout de même inventer des choses. La dernière réforme de l'éducation nationale (ça par contre ça n'a pas changé. Il y en a toujours autant qu'au siècle dernier) nous permet de choisir plusieurs options au début de chaque année scolaire. On peut en prendre quatre maximums. Cette année j'ai choisi escalade, trampoline, langue des signes (Elena aussi en fait, elle qui est très bavarde l'utilise beaucoup pour discuter en classe) ainsi que enquêtes et jeux d'orientation. C'est Elena qui m'a convaincu d'en faire. Il paraît que ça nous serait utile pour nos futures ballades à vélo. C'est vrai que je n'ai jamais vraiment eu le sens de l'orientation, ce qui nous a valu de nous perdre un bon nombre de fois en forêt. Mais comme Elena n'est pas mieux, on a toutes les deux pris cette option. Il faut avouer que c'est vraiment amusant, ça consiste à résoudre des énigmes en cherchant et décodant des indices. Parfois nous participons à des concours d'escape games. On a une heure pour trouver un moyen de sortir d'une pièce truffée d'indices pour nous aider. Il arrive aussi que nous en fassions avec nos amies de la danse. On s'amuse énormément !

Après la fin des cours je décide de me rendre chez mon arrière grand-mère. Repenser à la guerre m'a donné envie de discuter avec elle. Elle habite dans une petite maison de campagne en plein cœur d'un petit village animé. Elle a beau être très calme, Mémélie (c'est ainsi que je l'appelle car elle se prénomme Amélie) n'aime pas les endroits où il ne se passe rien. Elle préfère qu'il y ai de la vie autour d'elle. Comme je la comprends ! Cependant elle ne s'est jamais imaginée vivre en ville. Et moi non plus d'ailleurs ! La ville c'est bien mais la campagne est beaucoup plus agréable si l'on veut vivre paisiblement. Et puis de nos jours on peut se rendre facilement en centre-ville. J'arrive devant chez Mémélie et la trouve dans le jardin entrain de lire sur une chaise longue. Je m'approche :

- Bonjour Mémélie !

- Ho bonjour ma puce ! Quelle surprise ! Comment va tu ?

- Très bien et toi ?

- Hé bien moi tu vois, je profite des derniers rayons du soleil pour lire tranquillement. Dis-moi, tu aimes toujours lire ?

- Évidemment ! J'adore ça !!

- Tans mieux ! Il n'y a rien de tel pour se détendre ! Veux tu un lait à la vanille ? J'ai aussi fait des cookies, ça te dit ?

- Miaaam ! Volontiers !

Elle s'éloigne à l'intérieur et reviens avec deux grands verres et une assiette de cookies.

- Qu'as-tu appris de beau aujourd'hui ?

- On a parlé de la guerre des attentats en histoire. C'est pour ça que j'ai eu envie de venir te voir. J'aimerais que tu m'en parles. Enfin si tu veux bien ?

- Bien sûr ! Cette guerre était vraiment spéciale et difficile à vivre. Notre devise était de ne pas avoir peur et de continuer à vivre normalement, mais parfois, c'était impossible. Il y avait de plus en plus d'attentats et la société de cette époque ne s'était pas préparée à ce que cela prenne autant d'ampleur. Nous vivions dans un monde plutôt idéalisé et avions l'impression qu'internet était quelque chose de fantastique et que nous pouvions tout faire avec. Mais on ne s'était pas assez méfié de cet outil. C'est vrai que c'est une véritable mine d'or en terme d'informations et de divertissements, mais il pouvait aussi devenir une arme. Et c'est de cette arme qu'est née la guerre que nous avons vécu. Aujourd'hui nous avons appris à nous méfier d'internet et nous pouvons l'utiliser sans crainte, mais à mon époque, beaucoup de gens étaient harcelés sur internet ou se convertissaient au djiadhisme de cette façon. C'était horrible. » Elle fait une pause. Elle a l'air d'avoir du mal à se souvenir de cette époque. Ce ne doit pas être facile de se rappeler ces douloureux moments. J'aimerais faire n'importe quoi pour qu'elle n'ai pas eu à subir cela. Mais c'est trop tard.

- Tu sais Maëva. Reprend-elle

C'était une période horrible de ma vie mais j'y ai survécu. Et aujourd'hui je suis la plus heureuse des vieilles mémés. J'ai à mes côtés les personnes qui me sont les plus chères. Et tu en fais partie Maëva. Tu es très importante pour moi. Saches le. Il faut que tu prennes soin de toi et que tu profite de ce que la vie a à t'offrir.

- Promis Mémélie. Je t'aime !

- Moi aussi ma puce, moi aussi.

On s'enlace et au moment où je m'apprête à attraper un cookie (le 5ème au moins) ma montre émet un « Ding ». Intriguée, je regarde qui a bien pu m'envoyer un message étant donné que j'ai prévenu ma mère de ma sortie te que mon père est au travail. C'est Elena qui me dit : « slt maë, g pa pu t'en parler plus tôt mais hier g vu Laure pleurer. Suis inquiète. RDV à 18h00 chez moi. A+. Elen »

Stupéfaite, j'en lâche mon cookie. Mémélie me demande ce qu'il se passe. Je lui réponds qu'une amie a besoin d'aide et que je dois y aller.

- Vas-y vite ! Me répond elle.

Les amis c'est très important ! Et emporte le reste des cookies.

- Au revoir Mémélie ! Et encore merci pour les cookies !

- Au revoir ma puce et à bientôt !

Je m'engouffre dans le téléporteur avec appréhension. J'ai hâte d'en savoir plus.

Danseuse un jour et pour toujoursWhere stories live. Discover now