AMOURS MYTHIQUES

Apollon et Daphné

I-

Daphné était une jeune femme à qui la vie avait réservé bien des épreuves. Les gens de son entourage la considérait comme une forte tête. Elle ne pouvait changer facilement d'avis et détestait ceux qui essaye de la contredire. Néanmoins, son autre trait de caractère (qui, ma foi, le rendait bien difficile à cerner) était sa douceur. « Douce, Daphné... »

Bien souvent elle allait contre les mise en garde de ses parents Creuse, sa mère et Pénée, son père. Elle adorait se rendre dans les prairies près de chez elle. Elle laissait l'herbe mouillée chatouiller ses pieds nus. Elle se languissait du soleil sur la peau froide de ses épaules. Et parfois, elle se plaisait à se baigner dans le ruisseau, à se laisser porter par le timide courant ou faire des vagues avec ses frêles petits bras.

Ses parents l'aimaient plus que tout. Leur Daphné chérie. Il faut dire qu'elle était très facile à vivre. Elle n'aimait pas les cris ou la violence, cela la rendait malade (littéralement). Elle aimait l'harmonie et le plaisir fugace des petites choses du quotidien. Elle se savait belle mais pour autant, ni portait pas grande importance. Elle aimait prendre exemple sur sa mère. Sa mère laissait le temps faire les choses et ne cherchait jamais à contrecarrer le destin. Malheureusement, Daphné n'était pas aussi calme que Creuse. Elle ne pouvait laisser une force invisible choisir pour elle. Elle ne croyait même pas au destin

Hélas, le Destin s'allia à la Vie. Tout deux décidèrent de changer la vie de Daphné.

Comme à son habitude, Daphné sortit de chez elle ce jour-là. Il faisait fort beau. Un soleil d'été comme il n'y avait pas eu depuis longtemps. Le ciel bleu n'était ennuyé par aucun nuages. Et les oiseaux virevoltaient sur le passage de la belle femme, ne se souciant guère de sa présence.

Daphné s'allongea au milieu des milles fleurs qui poussaient sous ses pieds. Elle se sentait bien aujourd'hui. Joyeuse. Elle n'échangerait sa vie contre rien au monde. Ce bout de terre était celui quelle préférait (bien quelle n'en ai pas connu énormément). Les yeux fermés, elle laissa libre court à son imagination, elle s'imaginait voler au dessus des nuages. Elle adorait ce rêve. Le vent contre son corps ne faisait que renforcer cette vision imaginaire. Elle se perdit dans ses pensées.

Pendant ce temps-là, Apollon, le plus bel homme qu'on puisse imaginer, avait vu son chemin se détourner par un petit ruisseau. Ses bottes, cadeau de sa sœur, ne devaient sous aucun prétexte être mouillées. Alors, il remonta le court d'eau, espérant y trouver un pont le plus vite possible.

Au lieu d'un pont, il trouva quelque chose de bien plus précieux. Il trouva ce qu'il recherchait depuis toujours. De quoi combler son cœur.

Devant lui, un magnifique champs de fleurs avec en son sein, la plus belle fleur de toute.

Une femme, couverte dune simple robe nacrée, allongée au milieu des fleurs lui faisait face. Au départ, ébahi, il la contempla bouche-bée. C'était la plus belle femme qu'il avait jamais vue. Son corps entier semblait luire de soleil. Tout les rayons du bel astre se voyait converger vers elle. Sa chevelure ébène ondulait autour de son doux visage. Tout en ce dernier était harmonieux.

Il ne remercierait jamais assez sa sur de lui avoir offert ses bottes. Sans elle, jamais il ne l'aurait vue.

Il se demanda comment il allait l'aborder. Mais décidant de n'écouter que son cœur, il s'avança vers la belle Daphné.

Celle-ci ne dormait pas, alors quand elle entendit les pas d'un homme, elle se redressa aussitôt, sur le qui-vive, apeurée. Daphné n'avait pas rencontré beaucoup de monde. Personne ne s'aventurait par-ci.

Lhomme qui se dressait face à elle n'était pas n'importe qui. Elle le sut tout de suite car de lui émanait cette aura que les mortels n'ont pas. Il n'était pas comme le commun des hommes. Elle le détailla attentivement. Il était grand, la dépassait dune dizaine de centimètres. Mais ce n'est pourtant pas sa taille qui la frappa. Non, ce fut sa beauté. Il était beau. Beau comme personne. Les cheveux blonds dorés semblait être des résidus de lumière. Sa peau claire mais pas terne le rendait gracieux. Sa mâchoire carrée et dessinée le rendait viril. Sa bouche, entrouverte et rosé, le rendait désirable. Ses yeux, presque noirs, inquiétants, le rendait attirant.

Elle regarda ensuite sa tenue. Un simple pantalon qui semblait en soie et venait épouser chaque muscles de ses jambes, de ses cuisses et du bas de son ventre. Visiblement, il ne portait qu'un pantalon. Et dans son dos, un arc en bois avec un carquois remplis de flèches argentées brillant de milles feux.

Pendant ce qui leur semblait à tout les deux des heures, ils se dévisagèrent. Ils doutaient presque de ce qu'ils voyaient.

Ce fut l'homme qui rompu en premier cet échange visuel. Apollon s'avança doucement vers elle, comme on s'approche d'un animal blessé pour lui venir en aide. Ce simple pas en avant, Daphné le vit comme un marteau. Un marteau qui venait de casser cette étrange rencontre. Daphné n'avait pas besoin d'un homme dans sa vie. Surtout pas d'un Dieu, peu importe qui il était.

Elle n'y avait pas réfléchi souvent mais assez pour savoir quelle ne souhaitait qu'une vie simple, solitaire et paisible.

Cet homme était tout sauf cela.

Alors, elle détala comme un lapin. Elle connaissait cette prairie mieux que personne. Elle dévala le champs, et courut à en perdre haleine. Quand elle vit le chalet de ses parents, il remercia Zeus intérieurement avant de se dire que c'était peut-être lui qui la poursuivait. Elle n'avait jamais vu aucun dieu, comment pourrait-elle savoir qui il était.

Son père savait déjà tout. Le ruisseau c'était lui. Il connaissait qui entrait et sortait de ce territoire délimité par ce petit ruisseau. Il lui demanda si elle était sûre de vouloir fuir mais n'eut même pas besoin de réponse. Ses yeux parlaient d'eux-mêmes. Sa fille, Daphné, avait choisi sa voie. Creuse se joignit à lui et tout deux l'embrassèrent fort.

Daphné essuyait une larme et s'éloigna de ses parents.

Elle courut encore et encore pendant de longues journées. Finalement, quand elle prit une pause, la première depuis des jours. Il était là. Il lavait déjà rattrapée.

Toujours aussi beau, il lui dit « Nymphe, fille de Pénée, je t'en prie, ne fuis pas, reste ; ce n'est pas un ennemi qui te poursuit. »

Daphné vit l'amour qu'il lui porta le dévorer de l'intérieur. Il l'aime et il est un dieu. Il ne laissera pas tomber.

Apollon pria pour qu'elle accepte. Il voudrait l'enlacer si fort. Son cœur ne bat plus que pour cette jolie nymphe. Comment se fait-il d'ailleurs qu'il soit tombé amoureux si vite ? Et pourquoi ne l'aime-t-elle pas ? Tout le monde l'aimait, l'adorait, l'admirait même.

Et si c'était un coup d'Eros ?

Apollon y réfléchirait plus tard. Il devait rester concentré, car la nymphe avait fait un pas en sa direction.

« Ne m'appelle pas nymphe, je suis Daphné. » lui dit-elle.

Pour la première fois, il entendit le son délicieux de sa voix. Il l'aimait encore plus. Daphné. Belle et douce Daphné. Tout en elle semblait avoir été créée pour lui. Il voulait lui dire tout ce qu'il ressentait, mais il n'en eut pas le temps.

Daphné était repartie.

La tristesse d'Apollon secoua le monde. Il s'apitoya sur son sort quelque temps puis se reprit. Il était Apollon, nom de Zeus ! Il était le dieu de la beauté, des arts et de la musique ! Alors, il reprit sa folle course poursuite après celle qu'il aimait.

Cette course poursuite dura pendant de longs mois. Daphné n'avait aucun repos et continuait de parcourir le monde, cherchant un endroit pour se cacher du Dieu. Mais Apollon était déterminé. Elle savait au fond d'elle-même qu'il n'abandonnerait jamais. Elle savait aussi que jamais elle ne se pardonnerais si elle s'avouait vaincue face à lui. Dans son cœur, elle savait qu'il n'y avait pas de trace d'amour à son encontre. Elle voulait se rester fidèle. C'est du moins comme ça qu'elle le voyait.

Apollon, lui, ne voyait pas la chose comme cela. Le monde lui tendait les bras, il était un Dieu, la poursuivre encore et encore ne le gênait pas plus que cela. Il avait le temps.