Hadès et Perséphone

308 18 0
                                    

-On emprisonne pas Perséphone aussi facilement, bougonna la jeune déesse en faisant les cents pas dans un des splendides jardins de l'Enfer.

La jeune femme fouillait sa mémoire pour essayer de se remémorer tout ce qu'on avait pu lui dire sur les Enfers. Elle savait qu'Hadès était craint mais elle avait toujours sous estimé son manque de valeurs mettant la crainte d'Hadès sur son statut de roi des Enfers. Maintenant elle savait que c'était un véritable abruti. On ne prive pas quelqu'un de sa liberté comme si c'était monnaie courante. Plus elle pensait à lui, plus cela la révoltait. Quel idiot. Mais il s'en était pris à la mauvaise personne. Ce ne sera pas si simple. Perséphone n'était pas la douce fille qui restait prisonnière d'un goujat prétentieux et égocentrique. Elle savait déjà que sa mère devait tout tenter pour la sauver. Mais si Hadès pensait que seule Déméter lui poserait problème, il se trompait lourdement.

Perséphone se figea et un éclair sombre passa dans son regard. Le roi des Enfers voulait jouer ? Elle allait le détruire.

Si elle avait hérité de la détermination de Déméter, elle avait aussi hérité de la colère destructrice de Zeus.

Reprenant une expression neutre, elle alla trouver Charon. Elle lui demanda une visite complète et le pauvre vieux n'eut pas vraiment d'autre choix que de lui montrer chaque recoin des Enfers. Quand enfin, elle le libéra de cette demande, elle se rendit au seul endroit où elle pourrait mettre son plan à exécution.

Quand elle arriva aux fameux Champs-Elyséens, elle chercha qui pourrait bien l'aider dans sa tâche. Nonchalamment, et essayant au mieux de se fondre dans les cercles déjà formés, elle récolta le maximum d'informations sans éveiller les soupçons. Après plusieurs questions bien précises, elle apprit ce qu'elle voulait savoir.

Elle s'en doutait. Quel dieu de l'Olympe n'a pas de maîtresse ?

-A ce que j'ai entendu dire, Hadès se désintéresse complétement de toi Mintha ? Je me trompe ? s'amusa un gentilhomme à la grosse barbe.

Perséphone écouta plus attentivement. De ce qu'elle avait compris, Mintha était une amante d'Hadès. Ce serait une nymphe qui avait le droit de séjourner aux Champs-Élyséens. Pourquoi ? Perséphone ne le savait pas et à vrai dire, elle s'en désintéressait complétement. Cette Mintha était insignifiante et n'était qu'un moyen d'arriver à ses fins. Perséphone dut reconnaitre qu'elle était assez jolie quoique parfaitement fade. Comme si sa beauté n'était que reflet. Perséphone nota aussi qu'elle avait une odeur qui lui était bien propre. Parfois elle dégageait une odeur forte et froide, puis d'autre fois c'était plus suave, plus doux. A part ce point là, elle était parfaitement ordinaire et ne semblait pas particulièrement intelligente.

Perséphone se demanda si Hadès, en jetant son dévolu sur elle, ne l'insultait pas. Elle n'était en rien comparable à cette nymphe.

-Tu as raison, Hadès m'ignore complétement depuis quelques temps, se désola la jeune nymphe.

-Tu sais Mintha, je sais comment tu pourrais faire pour récupérer ton bien aimé ! S'exclama Perséphone, sautant sur l'occasion.

La jeune Mintha sauta littéralement sur Perséphone, la suppliant du regard. Perséphone la trouva ridicule et lamentable mais se retint bien de lui dire.

-On m'a dit que Hadès prévoyait un grand repas dans peu de temps, marmonna Perséphone faussement pensive.

-Oui, exact ! J'en ai entendu parler ! Renchérit une vieille dame.

-C'est dans deux jours ! A chaque fois qu'Hermès vient rendre visite au roi ! Expliqua le vieil homme de tout à l'heure.

-Où tu veux en venir ? Questionna Mintha.

-Le soir du bal, éclipse-toi dès le début et rejoint la chambre d'Hadès ! Quand il sera dans cette chambre, il n'aura d'yeux que pour toi!

-Comment tu peux en être aussi certaine ?

Perséphone lui fit un clin d'il assuré. Mintha comprit que la femme en face d'elle n'était pas une simple mortelle. La nymphe lui offrit un grand sourire et la remercia avant de repartir à ses occupations.

Perséphone soupira. Ce fut bien trop facile. Elle eut presque pitié d'utiliser cette pauvre fille mais c'était nécessaire. Perséphone retourna dans le palais, pensive.

Elle déambula dans les différents couloirs du palais. Qu'ils étaient longs ces couloirs! Perséphone s'imagina chez elle, elle pensa à ce qu'elle aurait fait à ce moment-là, à combien elle aurait donné pour être de nouveau libre. Elle devait réussir à s'en aller.

Mais le plus dur était à venir. Car si Perséphone venait de s'assurer une porte de sortie, elle n'avait en revanche rien fait pour pourrir la vie du roi des Enfers. Elle se demandait bien comment elle allait faire. De plus, elle refusait de mettre en danger les humains pour son plan. Car, elle avait bien eu l'idée de le rendre jaloux ou de pousser les humains à s'entre-tuer mais c'était contre ses principes. Elle allait devoir trouver autre chose.

Mais avant qu'elle ait pu réfléchir à quoi que ce soit, son champ de vision fut soudainement entravé par un torse lisse et plutôt musclé. Elle recula d'un pas pour avoir une vision plus globale de celui qu'elle avait en face d'elle. Hadès se dressait majestueusement devant elle. Un pantalon large et un long manteau noir qui laissait apercevoir tout son torse, comme seuls habits. Perséphone tilta un peu trop longtemps sur le bas de son ventre, et se demanda depuis combien de temps elle n'avait pas vu un homme de son cran de si près. Il émanait de lui, cette beauté sombre que seul un Dieu pouvait avoir. Ses longs cheveux s'étalait de chaque côté de ses épaules. Et ses yeux ne s'était pas détourné de la jeune femme.

-C'est fréquent de se balader aussi peu vêtu chez vous ? Questionna sèchement Perséphone.

La moue sarcastique du roi des Enfers ne plu pas du tout à Perséphone.

-Il fait rudement chaud ici, ne trouves-tu pas ? S'amusa Hadès.

Si il pensait l'intimider, il se trompait. Bien décidée à ne pas se laisser faire, Perséphone retira délicatement sa longue robe, s'étira et s'avança face à Hadès comme une lionne face à sa proie. Complétement hypnotisé, Hadès, lui, ne savait plus comment réagir. Paralysé, il l'observa s'avancer, comme si il avait oublié de respirer. Elle colla son corps nu contre celui d'Hadès et laissa son majeur courir sur le corps du Dieu. Sur la pointe des pieds, elle lui susurra un "rudement chaud, oui", avant de le contourner et très rapidement de retourner à sa chambre.

Hadès, comme sorti de transe, ramassa la douce robe de soie à ses pieds, seul élément prouvant qu'il n'avait pas imaginé cette scène. Il grimaça, constatant qu'il avait été fort déstabilise. Et que cela ne lui était pas arrivé depuis... Depuis toujours. Elle était la première à l'avoir autant retourné. Et ce, en quelque secondes. Il souffla bruyamment et ses yeux se noircirent un peu plus.

Elle n'était pas aussi démunie que ce qu'il avait imaginé. En revanche, il ne s'était pas trompé, elle était pour lui. Comme faite sur-mesure.

Il grogna, mis la robe dans sa poche et ne sachant trop pourquoi, ressentit une colère profonde.

Perséphone quant à elle dormait paisiblement. Le roi des Enfers avait voulu jouer avec le feu ? Elle allait le bruler.

AMOURS MYTHIQUESWhere stories live. Discover now