Chapitre 34

Depuis le début
                                    

- Et toi, tu sais pas à qui tu as affaire ?

Le chef éclata de rire et cracha des propos plutôt insultants et misogynes. Des choses que ni la mère ni son enfant n’avaient à entendre. Je lâchai le poignet que je tenais, puis levai l’index et le pointai en direction du chef. Le bout de mon doigt prit une teinte bleue luminescente, et je fis un geste droit en visant sa gorge, comme si je voulais lui trancher la tête.

Silence. Tu nous casses les oreilles.

Il se tut immédiatement. Plus exactement, plus aucun son ne sortait de sa bouche même s’il s’évertuait à articuler.

Je baissai mon index tandis que les brigands reculaient, facialement effrayé. Je n’avais pas envie de perdre plus de temps avec eux et après un cri bien placé, ils se retrouvèrent tous encastré dans un mur.

Je me détournai d’eux et reportai mon attention sur le petit garçon. Mes traits s'adoucirent et ma colère s'envola dès que je croisai son regard. Il présentait quelques égratignures et ecchymoses, mais rien de trop grave. Il tremblait, il était effrayé et n'osait pas bouger.
Je sortis ma bourse et me détournai, puis je revins auprès de l'enfant avec un paquet de bonbons en main. Je m’accroupis et lui tendis le paquet.

- Prends, c’est pour toi... Ezra, c'est ça ?

Le petit Ezra papillonna des yeux en reniflant, puis prit les bonbons. Il en mangea un, puis eût un grand sourire heureux.

- Merci madame !

Je m’amusai à lui caresser les cheveux, puis je me relevai et me dirigeai vers sa mère. Elle s'inclina en signe de remerciement, je n'y prêtai pas attention et lui tendis quelques berrys.

- Tenez. Pour les soins du petit.
- Mais madame je n'oserai pas, vous avez déjà tant fait...
- J'insiste !

La femme prit l'argent et sans attendre qu'elle me remercie, je m’éloignai. J'avais fait ce qui me semblait juste et je ne voulais pas être remerciée pour cela.
Yasopp et Rockstar m’attendaient un peu plus loin. Le sniper lisait un journal et Rockstar applaudit en me voyant arriver.

- Attention la tigresse est dans la place !
- Oh arrête un peu !

J’éclatai de rire et tapai légèrement l’épaule de mon camarade. Rockstar avait toujours le don d’exagérer les choses, cela faisait son charme mais également nos rires.

- Je dis que la vérité "madame" !
- Ah ah. T'as fini ?
- Hm, Isis ?

Je répondis à l’appel de Yasopp en lui jetant un coup d’oeil interrogateur. Il fronçait les sourcils et arborait un air sérieux, à l’opposé de Rockstar et moi. Intriguée, je me tournai totalement vers lui et pris le journal qu’il me tendait. Il précisa :

- Ça risque de pas te plaire…

J’acquiesçai et penchai la tête vers l’article, mais même après cet avertissement, tout optimisme quitta mon visage et je sentis mon coeur se fendre en deux. Le journal glissa de mes mains pour tomber au sol. Je tournai les talons et partis en courant.

- Isis ! Attends !
- Eh, reviens !

J’ignorai totalement les voix de mes nakamas. Mon corps n’obéissait plus à mes sens mais au seul objectif que j’avais en tête. Je me sentais trembler et manquer d’air, mais je n’y accordais aucune importance. Je devais me dépêcher.

Après une course effrénée, j’atteignis les onsen au moment où le reste de l’équipage en sortait. Leurs visages étaient frais et joyeux. Certains m'interpellaient, mais je ne répondis pas à leurs salutations. Je m’arrêtai et cherchai Shanks du regard, avant de courir vers lui dès que je l’aperçus.

- Shanks !

Je me stoppai face à lui. Mon adrénaline était redescendue et c’est là que je remarquai ma respiration haletante. Je me penchai légèrement et repris mon souffle.

- Isis ? Tout va bien ?

Je relevai la tête. Il semblait surpris, et tous nos amis s’étaient stoppé autour de nous en m’ayant vu arriver aussi brusquement. Shanks leur fit signe de s’en aller. Ils obéirent et bientôt je me retrouvai seule avec mon capitaine. Il attendit patiemment. Je me redressai dès que j’eus retrouvé mon souffle. Je me forçai à calmer le choc que je ressentai pour prononcer des propos cohérents.

- Mon père… Il est en train de se battre contre Akainu depuis presque dix jours.

Le visage du Roux s’aggrava. Il resta un moment silencieux, à me regarder tandis que je tentai de me calmer, en vain. J'étais beaucoup trop inquiète et c'était à peine si je ne paniquais pas.
Voyant qu’il ne répondait pas, je continuai, assez hésitante sur ce que j’allais dire.

- J’ai un mauvais pressentiment… S’il te plaît…
- Tu aimerais que je te laisse y aller ?

Il m’avait coupé mais avait exprimé mes pensées. Soulagée qu’il ait compris où je voulais en venir, j’hochai la tête. Il soupira, non de tristesse, mais plutôt d’inquiétude.

- Je sais que ton père est important pour toi, mais je veux que tu me promettes quelque chose.
- Quoi donc ?
- Que je n’aurai pas à apprendre ta capture ou ton exécution dans le prochain journal.

Je restai sans voix face à ses paroles. Il passa sa main sur ma joue et déposa un baiser sur mon front, un geste qui se voulait protecteur. Lorsqu’il décala son visage du mien, il souriait légèrement. Il farfouilla dans sa poche et me donna un Trilog Pose.

- Tu sais naviguer, mais tu vas avoir besoin de ça. Je te laisse deux semaines. Rejoins-nous sur Yukiryu, en vie et indemne, d’accord ?
- À vos ordres, capitaine, et merci.
- Je te couvrirai auprès du grognard qui te sers d'entraîneur, allez file !

Mon visage avait retrouvé son sourire. Le soulagement et la joie étaient palpables, je pus même rire face à la petite taquinerie sur Beckmann. Je remerciai encore une fois chaleureusement le rouquin, puis après un au revoir, je m’éloignai et courus vers le port. Il fallait que je trouve un bateau et des petites bricoles rapidement, puis, direction Punk Hazard.
Pourvu qu'il ne lui arrive rien d'ici mon arrivée.

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant