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Je n'ai toujours pas reçu de messages de Calvin. Je dois vous avouer que j'ai regardé mon téléphone exactement toutes les minutes pour savoir s'il ne m'avait pas répondu. Je suis dégoûtée. Déçus que cela se soit passé comme cela. En réalité, je n'ai aucune idée de ce qui se passe dans sa tête. S'il comprend, s'il accepte la situation. Je n'en sais rien... Je suis juste remplie de supposition et cela m'affecte beaucoup. J'ai l'impression de plus ne rien contrôler. C'est peut-être ça la vie finalement ? Il suffit peut-être juste de ressentir les choses, de les vivre. Sans se poser de questions.  

Je suis là, à ma fameuse table du Starbucks. Je tourne ce maudit bâton en plastique dans ce qu'on pourrait qualifier de cappuccino mixé par l'anxiété. Le tourbillon mousseux que forme cette rotation m'hypnotise. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là. À me morfondre sur moi-même. À tout remettre en question. Cependant, parfois cela fait du bien d'être un peu seul. 

Je décide au bout d'un moment de sortir de mon sac la seule chose qui peut me redonner le sourire. La liste des règles. Celle que l'ont a faite ici, avec Alec. Oui, je l'ai toujours. Cela vous surprend ? Il fallait bien que je la garde comme preuve, ou plutôt comme protection. Si on joue avec le feu, il faut s'assurer d'avoir une combinaison.. Oui, je compare Alec à du feu. Étrange ? Pas tellement en faite.. 

— Vie de merde ? me lance une voix que je pense reconnaître. 

Je lève la tête en direction de l'inconnue. Je le dévisage aussitôt. Avec son ordinateur portable sous le bras et sa fameuse sacoche. Je secoue la tête et souffle. Il faut reconnaître qu'il est doué me lance ma conscience limite admirative par sa filature. Je lui ai mis un vent à la fin de cours... J'ai l'impression qu'il gère mal les refus. 

— Mr Meawill, en quoi puis-je vous aider ? Vous voulez un conseil pour choisir votre café ? Dis-je ironiquement en essayant de lui faire comprendre que ce n'est pas le bon moment.

— Non, je suis pour te demander si tout va bien. Tu n'avais pas l'air dans ton assiette. Puis regarder son téléphone toutes les minutes dans mon cours... Bof.. Dit-il en balayant de la main mes dernières questions.

Moi qui me pensais être discrète... Je pense que j'ai encore beaucoup à apprendre. Je n'ai pas vraiment envie de lui parler. Après tout, c'est mon prof. Je trouve ça un peu bizarre, qu'il intéresse autant à ma vie personnelle.

— Avant vous fassiez des films, je ne suis pas avec Alec. Lancé-je. 

Je sais comment sont les prof. J'ai les oreilles qui sifflent dès que passe devant leur salle commune. Pff. Des sacrées pipelettes. Sérieusement, des moments je me pose la question s'ils ne se sont pas trompés de carrière professionnelle.

— Oui, je sais.. Hum.. Je pense qu'on s'est mal compris... Je pensais.. Que c'était plus en rapport avec un souci familial. Vu votre contexte. Me répond-il avec un regard perdu. 

Il n'est pas si brillant que ça, répondis-je à ma conscience. 

— Ouais.. On ne choisit pas sa fam..

— Mr Meawill ? Qu'est-ce vous faites là ? Lance Alec me coupant dans mon début de mensonge. 

Je ne l'ai pas vu arrivé. Il était caché par l'imposante carrure, surtout du manteau, de notre espion. Cependant, je garde la face et souris à Alec. Dans ces moments, il est plutôt question de garder le peu de dignité qu'il me reste. 

— Ah..Oh.. Je m'en allais je voulais juste dire à Nina de ne pas oublier de rendre le rapport d'ici demain soir.. J'attends le vôtre par la même occasion Alexander. Ment-il.

Je dois vous avouer que c'est même frustrant qu'il mente aussi bien. Je voulais qu'il se fasse prendre la main dans le sac. L'histoire de me venger pour le groupe qu'il a formé trois semaines plutôt.  

Après un long moment gênant. Mr Meawill quitte la table. Je regarde Alec et un sourire se dessine sur mon visage. 

— Quoi ? lance Alec en s'asseyant en face de moi. 

Il a le même sourire que moi sur son visage. 

— Au fait, en parlant du projet. Je l'ai fini. Tu veux le lire ? Me demande-t-il. 

Il me tend la pochette bleue qui contient sans doute. Ces pensées les plus profondes sur moi. Je suis gêné de pouvoir connaître ça.

— Non, il faut bien garder une part de mystère dans chaque relation. J'ai confiance en toi. Je sais que tu n'as pas écrit des choses fausses qui ne me représentent pas.. Lui confié-je.

C'est surprenant. Dès que je suis avec lui. Je ne pense à rien d'autre. C'est un peu comme s'il me séparait du monde qui m'entoure. C'est agréable. 

— Je pense qu'il faudra que tu rajoutes quelques lignes à ton dossier. Je viens quitter Calvin.. Dis-je en levant la tête au ciel. 

Je ne sais pas pourquoi je lui raconte ça. Les choses avec lui sont fluides. Les mots sortent tous seuls. C'est comme si je ne réfléchissais plus.

— Oh.. Je suis désolé... Comment tu le vis ? Et.. Pourquoi ? Me dit-il d'une façon étrange. 

Je n'arrive pas vraiment savoir.. Enfin..  Son expression faciale est bizarre. J'analyse peut-être un peu trop. 

— Il le fallait. C'est tout.. C'est mieux comme ça. Enfin.. Il faut que j'arrête de me voiler la face et vivre ma vie à 100%. Et plus derrière un ordinateur...  

Malgré MoiWhere stories live. Discover now