11.

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Je descends du bus. La tête baissée. Je ne prends même pas le temps de saluer le chauffeur. Malgré que mes larmes soient passées, je ressens toujours la même douleur en moi. Je décide quand même de rentrer dans la résidence. Malgré la présence possible d'Oriana.

Je pousse la lourde porte où j'ai fait la connaissance d'Alexander. Avec le recul, peut-être que si je n'étais pas descendu chercher ces maudits sushis. Je n'en serais pas là aujourd'hui. Je monte les escaliers d'un pas mollassons et me dirige en direction de ma chambre.

Pour mon plus grand bonheur, Oriana doit sûrement être encore avec Tayler. Elle n'est pas ici. Je lance mon sac contre le mur et lâche mon bloc-notes au pied de mon lit. Je m'assois sur le tapis blanc et appuies mon dos conte celui-ci. Je prends ma tête dans mes mains et me masse le front. Je réfléchis à tout. Comment en suis-je arrivé là ? Moi qui étais censé être la fille forte...

Je reste là, planté au milieu de la pièce pendant bien une demi-heure, à remettre tout en question. Et si je ne l'avais pas provoqué à ce cours-ci ? Et si je lui avais tout simplement dit que je ne jouais plus ? Et si j'avais parlé de tout cela à Oriana ? Malgré toutes ces questions, j'en arrive toujours à la même conclusion. Qu'est-ce que ça aurait changé ? Rien.

Le bruit de grincement de la porte se fait entendre. Je me redresse et essaye de faire bonne figure. Oriana rentre dans la chambre. Son attitude est différente, elle porte dans ces mains un sac avec le logo de KFC.

— Tu veux en parler ? J'ai pris du poulet. Ça m'aide quand je ne vais pas bien... Me lance-t-elle avec un regard perdu et en se mordillant la lèvre.

Je ne réponds pas à sa question, mais à la place je baisse la tête.

— Écoute Nina, je ne suis pas doué question psychologie humaine. C'est ton rôle d'habitude ! Je fais quoi moi ?! dit-elle limite en commençant à pleurer.

Non, mais cette fille est magique. Même dans des situations comme celle-ci. Elle arrive à être comique.

— Mais pourquoi tu pleures ? lui demandé-je dans l'incompréhension en cachant un léger sourire.

— Parce qu'on t'a vu pleurer en sortant du bus avec Tayler. Puis, je suis une éponge à sentiments, moi ! Dit-elle avec une voix tremblante.

Je relève la tête et esquisse un sourire. Je tends mes bras, comme pour lui faire comprendre qu'elle peut venir me faire un câlin. Malgré que je sois légèrement frustré que l'on m'ait vu pleuré. Je suis quand même reconnaissante au fond. Qu'elle ne soit pas venue me harceler de question, de m'avoir laissé du temps seul..

— Arrête de pleurer ! Et avant que tu me poses la question, ce n'est pas à cause de Calvin. Lui lancé-je pendant qu'elle est dans mes bras.

Elle se recule et je vis ces yeux remplis d'incompréhension.

— Attends ! Quoi ? Ben, pourquoi tu me fais pleurer alors ? s'exclame-t-elle.

Attendez, pause. Elle a bien pourquoi TU me fais pleurer ? J'ai bien entendu ? J'adore cette fille me lance ma conscience comme pour répondre aux questions précédentes. Je balaye la réplique de la main.

— Écoute, je n'ai pas envie de faire des problèmes... Lui répondis-je.

— Tu n'as pas envie de faire des problèmes, parce que tu n'as pas envie d'en parler ? OU ! Parce que ça va vraiment faire des problèmes ? Me demande-t-elle.

— Un peu des deux.. Dis-je gêner.

— Balance ! me lance-t-elle en me fixant droit dans les yeux.

Je lui raconte tout. Malgré un début un peu hésitant. J'explique tout. Toutes les remarques. Les critiques. Les actions. Le jeu aussi. Puis, le moment où c'est allé trop loin. Où, j'ai craqué. Quand, il a dépassé la ligne invisible que l'ont c'était mentalement fixé.

— Je suis désolé Nina... répond-elle à tout ça.

Je m'attendais à une réaction spectaculaire. Où elle l'insulte de tous les noms. Mais non. Je ne sais pas si je suis déçue, où choquer. Peut-être un peu des deux d'ailleurs.

— T'inquiète, comment tu aurais pu le savoir.. Lui dis-je.

— Ah ! Mais je te dis pas désolé pour ça ! Je ne suis pas voyante.. Enfin, si je suis désolé. Mais je crois que j'ai fait une GROSSE boulette. Elle marque une légère pause. Je crois que je vais passer pour la connasse, qui comprend rien..

Je me disais aussi. C'était trop banale... Je mets mon cerveau en pause. J'essaye de n'avoir aucun désir de meurtre.

— Qu'est-ce que tu as fait ENCORE ??? lui demandé-je dans la plus grande sérénité non contrôlée.

— Mon trésor, tu sais que je t'adore... Tu promets, tu t'énerves pas ! dit-elle paniquer.

— OK, dis-je.

— OK, me répond-elle avec une tête déconfite.

— OK, lancé-je après quelques seconds.

— OK, maintenant ? Me demande-t-elle avec la même face.

— Oui, maintenant ! dis-je en commençant à m'énerver.

— J'ai dit à Tayler qu'on allait toutes les deux à la soirée de demain... Dit-elle paniquer. 

Malgré MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant