Chapitre 10 - Lila

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J'aime tout dans ma vie les oiseaux chantent, chient sur les voitures et quelques passants. Mais dans le fond rien de bien spectaculaire. Nous sommes vendredi, depuis mardi, entre Daniel et moi c'est un dialogue de sourd. On communique en Wifi la journée et le soir on parle sur Messenger et WhatsApp. A la fin des cours de mercredi, je lui ai quand même fait comprendre que je n'avais pas son numéro de GSM, son regard était tellement éloquent que je me suis demandée pourquoi, j'insistais à vouloir me faire frapper en premier. Un peu d'amour-propre, quoi merde. Promis la prochaine fois, je serais plus subtil. Mais en attendant j'ai obtenu le fameux sésame et depuis c'est échange... Non-stop. On ne communique plus que via les réseaux et messages.

Aujourd'hui c'est une petite journée, pour moi, j'ai rendez-vous cet après-midi pour mon contrôle annuel chez le dentiste, ensuite je pars pour le long weekend du 11 novembre chez ma mère dans le nord de la France, à Amiens plus précisément. Ça me permettra de lui remettre mon dossier d'entrée pour l'université de Picardie que je suis censée intégrer en octobre prochain.  Je souhaite me spécialiser dans le marketing.  A voir dans le pire des cas, mon diplôme de secondaire me permettra de me trouver un petit boulot de secrétaire ou assistante administrative, tant que j'ai une porte de secours tout va bien pour moi.

A l'instar de mes héroïnes, je quitte le bercail pour mon entrée à l'université, je vais vivre chez ma mère et mon beau-père. Jusqu'à présent c'était garde partagé, je me rendais dans le Nord durant les congés scolaires, ainsi qu'en juillet. Dès la rentrée prochaine, ça sera l'inverse. Même si j'ai hâte de rentrer à l'université, je crains un peu le dépaysement et la bonne compréhension entre mes futurs camarades et moi-même, je vais devoir oublier le mot nonante au profit de quatre-vingt-dix. Autant vous dire, que je ne vais pas faire long feu.

Je traîne ma grosse valise, que je laisse dans le bureau d'Eva pour plus de sécurité. Pas du tout une VIP, loin de moi cette pensée. Mais avant de rentrer en classe, j'espère voir Daniel et lui dire au revoir de vive-voix, la communication non verbale, ça va un moment mais là, j'ai besoin de parler, de lui parler.

- Hey, comment va ? je pense que je l'ai saisi car il fait un petit bon en avant.

- Salut, alors prête pour ton weekend chez ta mère ? il me répond mais je vois qu'il n'est pas présent. A croire que je le dérange.

- Oui, je pars directement après mon rendez-vous chez le dentiste en espérant qu'il ne soit pas trop en retard, j'ai un petit trajet de vingt minutes pour arriver à la gare du Midi et ne pas rater mon train.

- Tu décolles à quelle heure ?

- Mon train décolle à 16h50 et j'en ai pour 3h de trajet autant te dire que j'ai pris quelques romans avec. Je dis cela avec une petite moue, mais je jubile de dingue car je vais enfin lire la suite des aventures de Sacha et Daphné, ce gars lui a fait une telle crasse qu'il mérite la castration en espérant que Daphné ne lui pardonne pas directement, son passé n'excuse pas tout.

- Ce n'est pas que ta compagnie m'indispose mais je dois y aller. On se voit à la pause. Il part sans même me laisser le temps de lui répondre.

Je prends le chemin de ma classe et me prépare à une matinée de folie.

Les premiers cours sont passés assez vite, je n'ai même pas eu le temps de faire ouf que la pause de 10h15 arrive. Ça tombe bien, je dois pisser. Je me dirige vers les toilettes et tombe sur Maya.

- Hey, ma crotte de libellule, ça te dirait une pisse commune, je l'enlace et nous dirige vers les toilettes.

- Mais oui, bien-sûr que je vais t'accompagner. Après avoir prévenu David. Tu permets ? elle se détache de moi et retourne sur ses pas. Discute un peu avec David et revient vers moi. Je le dis parce que c'est vous, mais là je suis à deux doigts de me pisser dessus donc, Maya par pitié pour moi, mets la cinquième.

J'arrive à temps à la toilette et me soulage tout en poussant un cri d'ourang-outan. Seuls les gens qui se sont retenus durant des heures peuvent comprendre mon soulagement.

- Lila, je constate que la discrétion et toi, ça fait toujours deux ? me dit Maya derrière la porte. Elle doit être entrain de se cacher.

- Oui, j'ai oublié de payer mon abonnement ce trimestre. Promis je me mets à jour dès lundi. Je sors de la toilette et vais me laver les mains.

- T'es prête pour ce long weekend ? je sais que je n'ai pas été une grande copine ces derniers jours, mais je n'ai pas oublié que dimanche, Maya va rencontrer "officiellement" les parents de David. Non, pas qu'ils ne savent pas que Maya et David sont ensemble, mais Monsieur a tenu à présenter sa copine dans les formes. Quel homme.

- Oui, David en fait des tonnes, mais je me suis prise au jeu et je dois avouer que je suis tout autant excité et stressée.

Je prends Maya dans mes bras et lui fait un big câlin.

- Je ne m'inquiète pas pour cette soirée, surtout que je compte sur vous pour me faire de beaux enfants. Maya me repousse et me regarde comme si une deuxième tête me poussait derrière l'oreille droite.

- Tu vois, c'est pour ça que je suis sûr d'obtenir mon allocation te concernant. Tu es un cas désespéré et désespérant. Sortons d'ici.

Je n'ai plus revu Daniel. Je lui ai envoyé un message d'au revoir à croire que ça sera notre seul mode de communication. Je suis arrivée chez le dentiste et il ne m'a pas répondu. Ooohh comme ça faisait longtemps.

****

Ma bonne étoile veille sur moi, car j'arrive avec quinze minutes d'avance à la gare, ce qui me laisse le temps de prendre une crasse avant de monter à quai.

Je suis au quai et mon train vient d'être annoncé, je suis entrain d'envoyer un message à mon père pour l'informer que je vais prendre mon train quand je suis arrêtée dans mon élan par une présence à côté de moi. Et quelle présence, Daniel en chair et en os.

- Hey.

- Hey. Tu es venu nous faire un remake d'une vieille scène de film? Je vous assure que s'il ne réagit pas, consentement ou pas, je m'enroule sur lui.

- Je suis venue te souhaiter un bon weekend et pour ceci. Il me tend une feuille de papier. Lis ça dès que tu es dans le train pas avant. Il s'en va comme il est venu.

Ne vous inquiétez pas, je gère ... Ou pas !Where stories live. Discover now