14

221 22 6
                                    

L'atmosphère était vraiment pesante, Malick à moitié assis sur son bureau se tenait la bouche, tête baissée. Fanny-Eve était assise et fixait Elimane qui semblait être dans une détresse immense. Laporte fut le premier à réagir.

- Ecoutez-moi bien dit-il, si j'ai bien compris cela fait plus d'une dizaine d'années que vous vous torturez pour un crime que vous n'avez pas commis ?
- C'est moi qui l'ai tué reprit Elimane avec une voix méconnaissable.
- Mais non vous ne l'avez pas tué vu que ce n'est pas vous qui conduisiez la voiture.
- Je ne conduisais pas mais j'aurais pu forcer JB à arrêter la voiture. On n'aurait dû l'amener à l'hôpital.

Laporte le regarda, puis secoua la tête avant d'ajouter.

- Je n'entends que des « j'aurais dû » ou « j'aurais pu » et vous étiez jeune, il faut que vous arrêtiez de ruminer le passé, cela ne va pas faire revenir le monsieur.

Malick qui a gardé le silence depuis la révélation de son frère, reprit la parole.

- Comment tu as pu me cacher ça pendant tout ce temps dit-il d'une voix où perçaient de la rage, de la tristesse et de l'amertume. Elimane tu es mon frère, je t'aime plus que tu ne pourrais jamais l'imaginer. Je ferais tout pour toi, TOUT cria-t-il en balayant d'un revers de la main tous les dossiers qui étaient sur son bureau, faisant sursauter Fanny-Eve.
- Pardonne-moi dit Elimane à son frère. Tu ne peux pas imaginer le nombre de fois où j'ai voulu te le dire, mais je ne voulais en aucun cas te mêler à tout ça. Malick j'ai essayé de réparer mes erreurs du mieux que j'ai pu, contrairement à JB. La seule personne qui était au courant de ce que nous avions fait, c'était son père. Il nous avait dit à l'époque de la boucler, il ne voulait qu'une chose, c'était d'éviter la prison à son fils. Il l'avait envoyé à l'étranger à la fin de l'année scolaire. S'il y a une chose à laquelle on ne peut pas échapper, c'est son passé. JB n'a jamais pu être heureux, il s'est marié 3 fois et devenu alcoolique et accro à toutes sortes de drogues. La suite, tu la connais, il a eu une cirrhose au foie. Tout son argent et celui de son père n'ont pu le sauver de la mort.

Il se tut un moment et riva son regard à celui de Fanny-Eve. C'était comme s'ils étaient seuls dans la pièce. Il inspira profondément avant de reprendre.

- Cette nuit m'a profondément changé. Durant les jours qui ont suivi l'accident je me suis rendu tous les jours dans cette rue. J'ai commencé à fréquenter les jeunes du coin. Nous nous rendions chez la mère de Marie lui proposant de l'aide pour toutes sortes de choses, faire les courses, donner des cours de soutien à ses enfants. Un lien très fort s'est tissé entre cette famille et moi. Je considère Marie et ses frères comme des membres de ma famille.
- Je vais te dessaisir de l'affaire le coupa son frère toujours aussi énervé. Je vais demander l'indulgence au juge parce que tes conneries risquent de te faire perdre ta plaque.
- Ecoutez monsieur le procureur dit Laporte, vous n'êtes pas obligé d'en parler au juge, je comprends que vous soyez déçu par le comportement de votre frère mais essayez de vous mettre à sa place. La culpabilité peut nous mettre parfois dans des situations compliquées.
- Que savez-vous de l'histoire du viol demanda Fanny-Eve sortant de son long silence.
- Evidemment, il n'y a que cela qui vous intéresse dit Elimane, amer. Le soir où les faits se sont déroulés, je suis passé chez Marie, elle est arrivée au moment où je partais, dès que je l'ai vu, j'ai su qu'il y avait quelque chose qui clochait. Au début elle disait que tout allait bien, mais j'ai insisté et elle a fini par m'avouer le viol. J'étais dans une rage folle. Elle m'avait dit qu'elle ne souhaitait pas porter plainte, que sa mère ne le supporterait pas. Au début je m'étais dit que j'allais respecter son choix, mais plus les jours passaient, plus j'insistais auprès d'elle pour qu'elle porte plainte. Je lui ai finalement dit « soit tu portes plainte soit j'en parle à ta mère », elle a fini par capituler. Au début, c'est un collègue qui avait la charge de l'enquête, mais il n'allait pas assez vite à mon goût, j'ai demandé à reprendre l'affaire. La suite vous la connaissait.
- Es-tu sûr au moins que ta petite protégée dise la vérité dit alors Malick, caustique.
- Marie est quelqu'un de bien Malick répondit Elimane.
- Bon sang ce n'est pas ce je te demande aboya son frère.

Entre deux feux!Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz