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Fanny-Eve regardait le serveur déambuler entre les tables de la terrasse avec une telle dextérité et elle pensa à sa propre maladresse et au nombre de fois où elle avait cassé la vaisselle hors de prix de sa chère maman.

Elle quitta des yeux le serveur et regarda son téléphone, elle venait de recevoir un message de son collègue et ami François Neuville : « la pause est finie, reviens vite le boss veut voir tout le monde, je crois qu'il y a du lourd ». Elle soupira avant de tremper ses lèvres dans sa tasse de café. Elle adorait François mais il avait tendance à tout exagérer. Ils se sont rencontrés il y a 5 ans alors qu'elle venait d'arriver dans le cabinet d'avocats « Mercier, Lacour et Denmar », pour un stage de fin d'études. Elle était très intimidée de voir sa demande acceptée dans ce cabinet si prestigieux et François a été le premier à la mettre à l'aise, lui rappelant sans cesse qu'elle avait sa place dans la boite vu son cursus. Il a eu raison de croire en elle, puisqu'elle signa son CDI à la fin de son stage et avait réussi à négocier un bon salaire pour une avocate junior.

Cela faisait 5 ans qu'elle travaillait comme une forcenée, sacrifiant sa vie personnelle, enchainant les affaires, les audiences au tribunal, les voyages aux 4 coins du monde et les nuits blanches. Mais tous ses efforts allaient bientôt payer en devenant associée. A 28 ans, ce serait la consécration. La sonnerie du téléphone l'arracha de ses pensées, c'était sa maman.
- Allo maman, dit-elle.
- Ton frère va finir par me tuer, lança-t-elle dans un grand soupir.
Fanny-Eve se demanda qu'est-ce qu'avait encore fait son grand frère Ibrahima parce que contrairement à son autre frère Habib, lui seul était capable de mettre leur mère dans un état pareil.
- Tu es là, cria sa maman à l'autre bout du fil.
- Oui maman, qu'est-ce-qui se passe ?
- Imagine-toi, ce petit con a décidé de démissionner de son poste de chef de service de la clinique pour se rendre je ne sais où en Asie, pour aider je ne sais qui et tout ça pour une durée de 2 ans.
- Maman tu te rends compte qu'il a 39 ans et qu'il a le droit de faire ce qu'il veut de sa vie.
- Fanny-Eve Diop s'écria-t-elle, est-ce une façon de s'adresser à sa mère, ton frère devrait penser à se marier et à faire des enfants. Heureusement que Habib est là, grâce à lui ton père et moi connaissons le bonheur d'être grands-parents.
Fanny-Eve retint le soupir qui menaçait de franchir ses lèvres, sa mère en ferait toute une histoire.
- Très bien je lui parlerai, dit-elle tout en sachant qu'elle ne pourra jamais lui faire changer d'avis. Mais là il faut que je raccroche ma pause est finie et je suis attendue au bureau.
- D'accord dit-elle et merci de le raisonner. Je t'embrasse et n'oublie pas, on t'attend dimanche pour le déjeuner lança-t-elle avant de raccrocher.

Fanny-Eve héla le serveur lui faisant signe de ramener l'addition, ce qu'il fit presque immédiatement. Après avoir réglé la note, elle se faufila entre les tables et marcha d'un pas assuré vers le cabinet qui était à quelques rues de là, dans un de ces superbes immeubles du 8e arrondissement de Paris.

Au bout de quelques minutes, elle arriva devant le bâtiment et au moment où elle tapait le code, la porte s'ouvrit. C'était François, à croire qu'il guettait son arrivée.
- Mais où étais-tu dit-il avec une pointe d'exaspération.
- En pause, qui n'est d'ailleurs pas tout à fait finie répondit Fanny-Eve sur le même ton.
- Désolé, je suis un peu tendu répondit-il un peu plus posé, mais le big boss est là et il se murmure qu'un de nos plus gros clients est accusé de viol en Afrique. Il veut voir tout le monde dans la salle de réunion. Je t'avoue je veux qu'il me mette sur l'affaire.

Elle le devança tandis qu'il continuait à parler avec ce gestuel bien à lui et qui la faisait rire intérieurement tellement il était drôle. Estelle, la fille de l'accueil leva la tête au moment où ils franchissaient la porte du cabinet.
- Il ne manque plus que vous en salle de réunion leur dit-elle avec son sourire habituel.
- Merci Estelle répliqua Fanny-Eve, nous nous y rendons de ce pas.

Entre deux feux!Where stories live. Discover now