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Le reste de la journée passa, rapidement. Cheikh l'avait déposée seule à l'hôtel et était parti avec Laporte pour tenter de retrouver le serveur. L'après-midi Fanny-Eve travailla un peu, fit une vidéo-conférence avec le cabinet pour faire le point sur le dossier. Elle appela ses parents, sa maman avait repris des forces. Elle mangea léger au diner et décida de bouquiner un peu avant d'aller se coucher. Son portable sonna, c'était son frère Ibrahima.
- Allo Iba.
- Hey frangine, comment vas-tu demanda-t-il.
- Ça va, et toi ? Tu es où là ?
- Je suis à Paris, je viens de quitter maman et elle va vraiment mieux.
- Super, c'est le sentiment que j'ai eu quand je lui ai parlé. Alors quelles sont les nouvelles ? tu pars quand, à Manille ?
- Justement je t'appelais pour ça, après le chantage affectif que j'ai subi de la part de maman, j'ai décidé n'annuler mon voyage.
Fanny-Eve pouffa de rire, sa maman arrivait toujours à ses fins.
- Mais à une seule condition, continua son frère.
- Ah oui laquelle demanda-t-elle.
- J'ai eu une autre proposition entretemps. Je dois mettre en place une association qui aura pour but d'aider les enfants malades du Sénégal. Une aide logistique, financière et même psychologique. Alors j'ai dit à maman Manille ou Dakar et la réponse fut sans équivoque.
- Super Iba, je suis trop fière de toi.
- Merci, là je suis en train de constituer une équipe. J'ai déjà parlé à Fatou Binetou du projet, elle est « in ». J'aurais besoin d'un juriste et je me demandais si cela pourrait t'intéresser ?
- Ou la, pas si vite. Tu sais que j'ai déjà un bon boulot que j'adore ?
- Oui je sais. C'est pour cela que je te propose de te payer 5% de plus que ton salaire actuel.
- C'est une offre alléchante. Mais au-delà de l'aspect financier, le cabinet m'offre une reconnaissance en me nommant associée et je ne peux pas cracher dessus.
- Ecoute Fa dit Iba, prends le temps d'y réfléchir. D'ailleurs je voulais aussi te dire que je viens demain à Dakar.
Fanny-Eve eut l'impression que son coeur allait exploser de joie, à l'idée de voir son frère.
- Waouh s'écria-t-elle, tu loges où ? Viens me rejoindre au Radisson s'il te plaît.
- Oh non, moi je n'ai pas les moyens de ton cabinet répondit-il. Je vais me prendre un petit studio meublé à Sacré-Cœur.
Elle savait qu'il avait les moyens de loger dans l'hôtel, mais il considérait certaines choses comme futiles.
- Oh dommage, mais bon ce n'est pas grave, je te verrai c'est l'essentiel.
- Bon je te laisse et s'il te plaît réfléchis bien avant de dire non, on peut faire de grandes choses ensemble. Je t'aime, bye.
- Je te promets, j'y penserai. Bye.
Elle raccrocha, et resta pensive un long moment. Travailler avec son frère et Fatou pourrait-être super. Elle viendrait à Dakar plus souvent, elle pourrait même s'installer ici. D'un autre côté, elle avait travaillé dur pour devenir associée, elle n'allait pas renoncer si près du but. Travailler pour aider des enfants malades sénégalais ou bien devenir associée, le rêve de toute une vie, pour défendre des gens comme Jean Bernard, le choix pourrait être très facile à faire.
Elle se coucha, mais le sommeil tarda à venir, elle n'arrêtait pas de penser à la proposition de son frère mais également à un jeune beau comme un dieu et qui sentait vachement bon.

Le lendemain Fanny-Eve se réveilla tôt comme d'habitude, elle avait entendu son réveil. Elle prit le petit-déjeuner au restaurant de l'hôtel. Laporte la rejoignit alors qu'elle avait presque fini.
- Bonjour Fanny-Eve dit-il. Hier je suis resté tard devant la maison de la jeune fille, enchaina-t-il, sans même lui laisser le temps de répondre à sa salutation. Et rien, absolument rien ni sur elle, ni sur le serveur. Je crois bien que je me suis fait avoir par le mec d'hier.
Fanny-Eve eut envie de lui dire « je t'avais prévenu », mais elle s'abstint.
- Peut-être que ce soir tu auras plus de chance dit-elle.
- Je déteste quand une enquête stagne ainsi.

Il avait l'air vraiment frustré, pensa Fanny-Eve. Elle posa sa main sur la sienne avec un sourire qui se voulait rassurant. Laporte lui rendit son sourire. Ils n'eurent pas besoin de parler, ils se comprenaient parfaitement à travers leurs gestes.
- Bon je vais aller récupérer les images de vidéosurveillance dit-il en se reprenant. Mon contact m'a fait une copie sur une clé USB. Dis-moi quand tu es disponible qu'on puisse les regarder ensemble.
- Je ne fais rien répondit-elle. Retrouve-moi dans ma chambre, disons d'ici 15 minutes.
- Ça marche à tout de suite, dit-il en se levant.
Elle le regarda s'éloigner, elle l'appréciait de plus en plus.

Entre deux feux!Where stories live. Discover now