Chapitre 7

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Naeul était intervenue, installant par conséquent un certain froid à l'ambiance. Lucas haussa les épaules.

« Et ? Je peux bien essayer de lui parler, non ?

- Si tu veux perdre ton temps à parler dans le vide, eh bien oui, tu peux. Libre à toi. Bon allez, on bouge ? »

L'aîné se leva, et se posta devant sa camarade, cette fois-ci hésitant.

« Ecoute, euh... Je ne pense vraiment pas que ce soit une bonne idée.

- Quoi, attends tu es sérieux ? rétorqua-t-elle. Tu avais dit oui il y a deux secondes !

- Ouais, c'est vrai, mais vraiment : je reste persuadé que ce n'est pas prudent du tout.

- Non mais attends, tu as peur de quoi ? De te faire gronder ? De te prendre une fessée par sa daronne ? Mais elle n'en saura rien ! Je t'ai déjà dit à quelle heure elle rentrait !

- Oui certes, mais je te le dis et je te le répète : tu es responsable de ce gamin, tant que sa mère n'est pas là. Et ça, j'ai l'impression que tu ne veux pas le comprendre. Elle est quand même courageuse de laisser un ado aussi fragile et frêle à une inconnue diva, qui en plus ne prend pas son boulot au sérieux !

- « Inconnue diva ? » s'insurgea la Chinoise d'origine, presque piquée au vif. Mais va te faire foutre ! Sous prétexte que je veux sortir ce soir, ça fait de moi une diva ?

- Mais putain mais tu es vraiment têtue ma parole ! Ce que j'essaye de te faire comprendre tant bien que mal, c'est que tu as encore le temps pour ces choses-là, tu as encore le temps pour aller en soirée et finir torchée comme tu le fais à chaque fois ! Tu as encore quelques jours avant la rentrée, alors ce soir ou demain soir, qu'est-ce que ça change, tu m'expliques ?

- Eh bah tu vois, ça change tout ! Ça change que j'en ai ras-le-bol de rester cloîtrée ici, alors que tout le monde est en vacances ! J'ai l'impression que je vais péter un câble d'ici peu ! De plus, je tiens à te rappeler qu'une fois ces quelques jours passés, hop, ça y est, terminé, je devrai m'investir à fond pour mon année, je n'aurai même pas le temps de dormir convenablement ! Donc non justement : je ne l'ai pas, ce temps avec la rentrée et l'école en général ! »

Les deux étudiants vociféraient, il y avait clairement de l'orage dans l'air ; et Sehun entendait tous ces cris. Il savait que l'on parlait de lui. Toutes ces injures entendues, il n'en avait ouï que trop durant toute son existence, jusqu'à aujourd'hui. Toutes ces voix démoniaques, elles résonnaient tels des échos dans ses tympans. Tous ces dires acerbes et exécrables, ils le faisaient se sentir humilié, et il tremblait. Les mains plaquées sur ses oreilles, le marginal se balançait d'avant en arrière, ses billes blanches s'embuant de gouttes de sel. Plus que tout au monde, il désirait s'enraciner dans un sol boueux, et ne plus exister pour personne. Il ressentait un sentiment qu'il avait depuis toujours ressenti, et que l'on lui avait également fait depuis toujours ressentir : la honte. Il était, littéralement, mort de honte.

« Franchement, au lieu de te plaindre, tu devrais te rendre compte de la chance que tu as d'avoir des vacances. Je ne connais pas la vie d'Iseul, mais quelque chose me dit qu'elle au moins, elle serait légitime de vouloir se reposer, parce que ça ne doit vraiment pas être facile d'avoir à élever et s'occuper tous les jours d'un gamin autiste, que tu es la première à traiter comme une merde !

- Moi au moins, j'ai une jeunesse à vivre tu vois ! riposta la jeune fille, sur la défensive. Et ce n'est pas mon problème si elle, elle a décidé de laisser tomber la sienne pour son gosse !

Le « bizarre »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant