IRIS

4. Pierre, bouge !

— C'est Airelle qui m'a dit que tu étais partie courir dans les bois.

— Et tu as eu une envie subite de faire du sport avec moi ?

— Iris, je sais que tu n'es pas partie courir... Je t'ai dit que c'était dangereux de faire fonctionner ton pouvoir.

— J'ai besoin de savoir comment ça marche, Aloès, répond Iris comme si elle expliquait quelque chose de très simple à quelqu'un qui ne veut pas comprendre. Et toi ? Comment as-tu fait ? Je t'ai vu faire ton numéro de magie...

Iris pointe du doigt le drôle de serre-tête que porte le jeune homme et demande :

— C'est quoi ça ?

— Un Imagomak.

Iris penche la tête et dévisage son camarade.

— Ça ne te va pas trop.

— C'est sérieux Iris. C'est un appareil que m'a remis Xantium. C'est ce truc qui me permet de faire mes numéros de magie.

— Ton spectacle est percutant. Pourquoi tu ne m'en as pas parlé avant ? Je croyais que tu m'avais tout dit...

Aloès sent le ton plein de reproche d'Iris, et s'en veut effectivement de ne pas lui avoir montré l'objet plus tôt. Il aimerait qu'Iris lui fasse pleinement confiance. L'espace d'un instant, il regarde son amie, ombrageuse, et la trouve très belle. Mais il sent aussi une telle force en elle qu'il se demande s'il n'est pas juste de passage dans la vie de la jeune femme. Un jour il ne sera plus indispensable à sa sécurité. Que fera Iris à ce moment là ? Qu'est-il aux yeux de la jeune étudiante ? Juste un protecteur, un lien vers son passé, ou un peu plus que ça ? Mettant de côté tous ses doutes, il dit simplement à propos de l'Imagomak :

— Disons que j'espérais ne pas en avoir besoin.

— Oui, mais peut-être que si j'agis comme toi avec ton imago-chose, j'arriverais moi aussi à faire partie du spectacle.

— Je te l'ai dit Iris : le but est que tu n'en fasses pas partie, c'est trop dangereux.

— Je ne suis pas d'accord. Si je suis si forte que ça, si Sigü me cherche, c'est peut-être parce que j'ai une chance de le battre justement.

— Tu n'es pas prête Iris. Laisse Xantium le trouver dans sa tanière. C'est là-bas qu'il faut aller le chercher.

— Alors il faut que je m'entraine, et j'accompagnerai Xantium. As-tu de ses nouvelles ?

Aloès considère un moment la jeune fille. Au fond, ses arguments sont valables. Mais il doit bien reconnaître qu'il s'inquiète pour elle.

— Non, pas de nouvelles. Tu es têtue Iris. Écoute, on peut aller s'entrainer ensemble tôt le matin. Moi aussi, il faut que je m'améliore. Mais il faut être extrêmement prudent.

*

Anthémis n'est pas tranquille. Il est assis à son bureau dans sa chambre du Bâtiment Est. Il regarde derrière lui le bureau vide de son colocataire. Celui-ci est parti vite ce matin. Anthémis a parfois envie de fouiller dans son placard.

Il balaye cette idée rapidement de son esprit, et pense à Iris. Il ne voit pas ce qu'elle a de si important aux yeux du gouvernement. Elle est plutôt secrète. Sauf avec Aloès évidemment, avec qui elle passe davantage de temps. Aloès, le beau sportif, toujours d'égale humeur, toujours sympathique. Anthémis aurait aimé avoir un peu plus d'attention de la part d'Iris plutôt qu'elle ne passe tout son temps avec Aloès ou Airelle... Mais que ferait-il si Iris et lui devenaient plus proches ? Dévoilerait-il les secrets de la jeune femme au Dr. Stram ? À son général de grand-père ? Non, jamais il ne ferait ça. Qu'ils se débrouillent entre eux avec leurs manigances et autres stratagèmes à la noix !