4. Pierre, bouge !

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— Des Clairvoyants, dit-il d'une voix étouffée.

*

À Bioclimat, les jours se succèdent, et Iris s'enquiert plusieurs fois de Xantium auprès d'Aloès, mais le mystérieux Clairvoyant reste invisible. C'est lui qui contacte toujours Aloès, jamais l'inverse. Iris est obnubilée par son implant et ses prétendus pouvoirs. « Ailleurs. Toujours ailleurs. Pas une minute, je ne suis ici. Nulle part je ne suis maintenant. » Iris respire un grand coup. « Il faut que je sois ici et maintenant. » Elle décide d'en avoir le cœur net et de s'entrainer à contrôler ce pouvoir.

Un matin, avant les cours, elle choisit de se rendre dans les bois. Airelle, pas très réveillée, lui demande ce qu'elle fait. Iris hésite. Elle répond un peu à contrecœur qu'elle va courir. Elle aimerait parler de tout ça à sa nouvelle amie. « Surtout qu'elle pourrait m'être d'une aide précieuse », pense-t-elle. Mais elle songe aux réserves émises par Aloès. Peut-être a-t-il raison, peut-être est-ce plus prudent de ne rien dévoiler. Pour l'instant.

Dans le parc, Iris prend garde de bien vérifier que personne ne l'observe. Par où peut-elle pénétrer dans les bois sans trop se faire remarquer ? Au loin, les maisons des professeurs sont cachées par quelques arbres, malheureusement trop clairsemés pour se protéger suffisamment des regards indiscrets. Elle aperçoit un véhicule noir devant une des maisons. Une sorte de grosse voiture ressemblant étrangement à un van militaire avec d'énormes roues. Une porte s'ouvre. Iris voit apparaitre le professeur Oregana qui rentre chez elle. La jeune fille décide de s'écarter, et choisit un endroit plus couvert pour accéder à la pinède.

Une fois à l'abri des regards, dans les bois, Iris décide de faire bouger des pierres. Il faut bien commencer par quelque chose. Mais ses premières tentatives ne sont pas d'un grand succès. Elle ne sait pas comment s'y prendre. Elle tend le bras vers un rocher et dit :

— Pierre ! Bouge !

Rien ne se passe. Iris se sent un peu sotte. « Heureusement que personne ne me voit en ce moment. J'ai l'impression d'être débile... » Puis, elle pense à cette puce dans sa nuque. Son irradiation l'a surprise lors de montée d'adrénaline, ou bien lors de sensations fortes. Elle ferme les yeux et se concentre. Elle essaye de penser à des sensations fortes, ou à des souvenirs marquants qui déclencheraient peut-être cette maudite puce.

Elle ouvre les yeux, elle croit avoir entendu du bruit. Le rocher n'a pas bougé, mais elle a l'impression que quelqu'un n'est pas loin. Elle tend l'oreille. Ça lui picote dans la nuque.

Tout à coup, les branches d'un arbre se mettent à bouger. « C'est moi qui fait ça ? » Le tronc tremble et ses racines se tordent, sortent de terre et s'allongent en direction d'Iris. « Ah non, ce n'est pas moi qui fait ça... » Une racine atteint la cheville d'Iris avant qu'elle ne puisse s'enfuir. La racine s'emberlificote autour de son mollet et la fait tomber. Iris pousse un cri. L'arbre l'attire vers lui, en la trainant au sol. Son pantalon se déchire au niveau de la cuisse, et la jeune étudiante peste contre cet « abruti » d'arbre.

Tout à coup, Aloès arrive en courant, et tend le bras vers la racine. Celle-ci se casse alors, et laisse libre la cheville d'Iris. Mais les autres racines se soulèvent de plus belle et se dirigent maintenant vers Aloès. Le garçon les repousse alors d'un geste, sous le regard stupéfait d'Iris.

— Viens, il ne faut pas moisir ici !

Iris obtempère et se met à courir avec Aloès. Une fois arrivés au parc, ils s'assoient à même le sol et respirent un grand coup. Des étudiants faisant leur jogging matinal les croisent sans trop les remarquer, croyant avoir à faire à des coureurs tout comme eux, récupérant de leur course. Aucun ne semble d'ailleurs se formaliser de la tenue sale et déchirée d'Iris. Aloès parle en premier :

IRISWhere stories live. Discover now