36. Un de ses secrets

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— Merci, Émilie ! Bonne chance à vous !

De rien, et... euh... bonne chance à moi aussi. Je risque d'en avoir besoin. 

C'est ainsi que s'achève le dernier entretien d'une journée marathon qui me donne vaguement l'impression de mener plusieurs vies en simultané. 

Je n'ai même pas le temps de souffler que Megan me fait signe de monter me préparer pour le dîner, le dernier en compagnie des autres participants. Elle m'a demandé si je me sentais d'attaque pour suivre le programme prévu pour les lauréats, et je n'ai pas osé refuser, même si la fatigue commence sérieusement à se faire sentir. 

Mais suivre ce rythme infernal, c'est le meilleur moyen pour éviter de penser

Et là, tout de suite, maintenant, je ne veux pas penser, encore moins réfléchir. Je veux vivre l'instant présent et absorber le plus de bonnes ondes possibles pour hiberner tranquillement dans ma grotte, une fois la tempête passée. 

La tempête, c'est la WattySélection. 

L'ours maladroit qui se réfugie dans sa caverne, c'est moi. 

Le problème, c'est que monter prendre une douche signifie passer dans ma chambre, chambre dans laquelle je ne suis pas retournée depuis... Hugo.

Voilà pourquoi je veux tout faire pour éviter de penser... Si j'entre dans la pièce en laissant mon cerveau divaguer, je sais que je céderai au flot de panique qui menace de submerger mes digues. Laisser ce flot entrer, pourtant, c'est me noyer. 

Alors je compte. 

Une, deux... quarante secondes. Je pénètre dans la chambre, retire mes chaussures, mets mon portable à charger. 

Quarante-et-une, quarante-deux... cinq cent vingt secondes. J'allume la douche, laisse l'eau glisser sur mon corps, frotte ma peau avec du savon, lave mes cheveux, et sors. 

Je suis restée trop longtemps dans la salle de bain, et il me faut désormais contrôler ma respiration. Mon souffle s'accélère, je dois inspirer et expirer longuement pour ne pas manquer d'air. 

Six cent trente-et-une, six cent trente-deux... mille quatre-vingts secondes. Je m'empare du sèche-cheveux de l'hôtel et l'approche de mes pointes. Ça brûle. C'est bientôt fini. Je peux y arriver.

Moins d'un quart d'heure après y être entrée, je ressors de ma chambre, épuisée mais satisfaite. C'était dur, et ça l'est encore plus lorsque je réalise que, cette nuit encore, il faudra recommencer. 

Mais la nuit n'est pas encore tombée. Il n'est que vingt heures, et je compte bien profiter de cette soirée. 

Résignée, je traverse le couloir à grandes enjambées, impatiente de m'éloigner de cet endroit de malheur et de manger, enfin. Entre mon thé de ce matin et le rapide sandwich que j'ai avalé au déjeuner, mon estomac se sent délaissé, et il me le fait bien sentir. 

— Emy ! Wait ! 

Instinctivement, je pivote sur moi-même. L'avantage, avec Eliott Scott, c'est que son accent et sa joie de vivre sont tellement communicatifs qu'on ne peut pas le confondre avec quelqu'un d'autre, même lorsqu'on est une quiche. 

Je souris. Sa voix, si douce et réconfortante, suffit à dissiper mon angoisse. 

How are you doing ? 

Euh... pas trop mal ?

— Je ne vous ai pas encore remercié, pour hier et pour aujourd'hui, débuté-je en anglais. Vous ne me connaissez pas, et pourtant, vous m'avez aidée plus que n'importe qui l'aurait fait à votre place. 

Il m'adresse un clin d'œil, amusé.

— J'ai agi par pur opportunisme. Je n'aime pas commencer une histoire sans savoir comment elle se termine. 

Mon sourire s'élargit. Cette fichue petite culotte me suivra jusque dans ma tombe !

— Demain, c'est promis, lâché-je dans un souffle, priant pour que cette fois, rien ne m'empêche de raconter à Eliott ma plus grande honte. 

Alors que nous atteignons la dernière marche des escaliers, je le retiens d'un geste, profitant du calme ambiant pour lui poser la question qui m'a tourmentée toute l'après-midi : 

— Comment avez-vous su que j'étais... qu'on m'avait droguée ? 

Il soupire. Visiblement, il aurait préféré que j'évite le sujet. 

Je comprends pourquoi lorsqu'il explique en plantant ses yeux clairs dans les miens : 

— Mon frère est accro à la cocaïne. Il essaie de décrocher, mais... c'est compliqué. 

Je reste sans voix. Eliott Scott, si discret sur sa vie privée, vient tout juste de se confier à moi.

— Vous m'avez fait confiance, la nuit dernière, précise-t-il en m'entraînant dans la salle de gala. C'est mon tour, à présent. 

Eliott peut-il faire confiance à Emy ? 

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Eliott peut-il faire confiance à Emy ? 

J'ai cru comprendre que certain.e.s d'entre vous voulaient que notre reine des quiches lui raconte ENFIN l'histoire de la petite culotte... 😏 Elle peut encore trouver un moyen d'y échapper, vous croyez ? 

– Totalement !

– Jamais !

– Jamais !

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LES AMOURS ÉPONYMES 2Where stories live. Discover now